Tanger a abrité la 1re édition africaine du Congrès de technologie des ports, de transport maritime et des terminaux (Terminal Operations Conference – TOC) les 20 et 21 septembre 2023. Un événement qui a connu la participation de 39 pays dont 20 africains, 22 autorités portuaires dont 16 africaines, 50 acteurs portuaires et logisticiens et plus de 40 speakers internationaux. Les initiateurs de ce rendez-vous annuel ont choisi la capitale du détroit pour organiser cette édition en partenariat avec Tanger Med, du fait du poids de ce complexe portuaire dans le commerce maritime mondial. Au-delà d’être la 1première plateforme portuaire, à la fois en Méditerranée et en Afrique, Tanger Med se positionne comme une plateforme industrialo-portuaire intégrée, au service de la compétitivité logistique du continent africain.

Annuellement organisées dans les centres névralgiques du commerce mondial (en Europe à Rotterdam, en Asie à Singapour et en Amérique au Panama), Terminal Operations Conference (TOC), considéré comme un événement mondial clé pour stimuler le secteur maritime et logistique, a choisi cette année Tanger pour organiser la première édition TOC Africa en partenariat avec Tanger Med. Un événement qui a connu la participation de 39 pays dont 20 africains, 22 autorités portuaires dont 16 africaines, 50 acteurs portuaires et logisticiens et plus de 40 speakers internationaux. Ce qui dénote tout simplement du poids de Tanger Med dans le commerce maritime mondial. Un positionnement dû à une bonne expertise acquise en plus d’une décennie d’activité.

Ce qui permet de dire aux experts et au management de Tanger Med, que ce dernier peut servir de modèle pour les autres ports africains. «Au-delà d’être la première plateforme portuaire, à la fois en Méditerranée et en Afrique, Tanger Med se positionne comme une plateforme industrialo-portuaire intégrée, au service de la compétitivité logistique de notre continent. Fruit de la Vision éclairée de S.M le Roi Mohammed VI, et en conformité avec la volonté de promouvoir la coopération Sud-Sud, Tanger Med s’inscrit pleinement dans cette vision en soutenant toutes les initiatives visant à encourager la coopération entre les autorités portuaires et les zones économiques spéciales africaines. En tant qu’acteur portuaire et logistique, Tanger Med, comme il l’a fait par le passé en impulsant des initiatives en faveur des autorités portuaires et des zones spéciales économiques africaines, s’engage à poursuivre la coopération, le partage d’expertise et le développement conjoint», assure Fouad Brini, président du Groupe Tanger Med.

L’expertise marocaine s’exporte

Aujourd’hui, au moins 10 pays, dont le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Cameroun, ont sollicité l’expertise marocaine. Cela montre que l’Afrique de l’Ouest commence à faire confiance à un pays africain pour son développement. «Tanger Med est un modèle pour les pays africains, mais il a fallu attendre les premières années d’ouverture, les premiers succès autour des années 2007, 2008, 2009 et 2010 pour que de nombreux pays africains s’intéressent à ce modèle. Il a fallu bâtir tout cela. Il a fallu une vision. On ne le répétera jamais assez, la Vision de Sa Majesté pour décider où implanter ce port, les prérogatives à lui donner, le type de puissance publique à lui accorder, le type de flexibilité, de signature de contrats avec de grands partenaires. Sans cette flexibilité, nous aurions rapidement abandonné. Mais c’est en réussissant rapidement que nous avons attiré la curiosité des autres, qu’ils soient Africains, Européens ou Sud-américains», note Rachid Houari, directeur général de la Zone logistique portuaire MedHub.

Une filiale de Tanger Med opère en Afrique depuis 8 ans

Depuis plus de 10 ans, la courbe du complexe portuaire est constamment ascendante en termes de volumes de conteneurs et de véhicules neufs traités. «Le Maroc exporte un grand nombre de camions vers l’Europe, ce qui a été remarqué par des instances importantes telles que la Banque mondiale. Nous sommes classés parmi les 4 premiers en termes de productivité par la Banque mondiale. Notre efficacité est essentielle. Beaucoup de pays africains viennent maintenant s’inspirer de notre modèle. Après leur visite, ils demandent souvent l’aide du Maroc, que ce soit directement où en sollicitant les autorités portuaires africaines. Nous avons même créé une filiale dédiée à l’ingénierie qui opère sur le continent depuis près de 8 ans dans les travaux portuaires, logistiques et industriels, ainsi que dans la formation de capitainerie et de pilotage», précise Houari. Pour ce dernier, les équipes de pilotage et de capitainerie sont hautement qualifiées et anticipent les contraintes maritimes.

Digitalisation et IA, les atouts compétitifs

Sur un autre registre, celui de la digitalisation, il faut rappeler que Tanger Med est précurseur, et ce depuis plus de 15 ans. L’entreprise de services a éliminé le papier dans ses opérations portuaires et de capitainerie. «Nous avons une plateforme informatique qui permet aux agents maritimes et aux commandants de port de gérer toutes les opérations de manière électronique. En ce qui concerne l’intelligence artificielle (IA), nous avons une filiale appelée “CIRES Technology”», note Houari. Ces équipes travaillent sur des processus améliorés grâce à l’IA, comme le repositionnement des conteneurs et des véhicules neufs, ainsi que sur la gestion des entrées et sorties des employés. L’autre mérite à mettre à l’actif de Tanger Med et qui fait de lui un modèle à suivre est sa résilience durant la crise sanitaire. En effet, durant la pandémie de la Covid-19, l’entreprise a enregistré une augmentation d’activité de 23%.

Évolution technologique, changement géopolitique, émergence de nouveaux acteurs… les défis

Cela étant, les ports quelle que soit leur position doivent suivre les évolutions technologies telles que les terminaux automatisés, les jumeaux numériques, la blockchain et l’analyse de données, qui peuvent leur fournir un immense potentiel à travers l’amélioration de l’efficacité, de la sécurité et des capacités de suivi tout en réduisant les coûts opérationnels. Bien entendu, avec la digitalisation de plus en plus sollicitée dans le transport maritime, le risque des cyberattaques est très présent. D’où la nécessité de s’en prémunir. Il faut aussi, comme le soulignent les experts, être très attentifs aux changements géopolitiques. Au niveau marocain, il faut rappeler que le détroit de Gibraltar est un point de connexion important entre l’Europe et l’Afrique. De ce fait, les éventuels changements dans les relations politiques et les accords commerciaux pourraient avoir un impact sur le commerce maritime.
Après la Covid, on a assisté à des changements dans les modèles commerciaux. Ce qui pourrait avoir un impact sur le transport maritime long-courrier transitant par les ports des deux rives de la Méditerranée, dont Tanger Med. Sur ce point, les experts prévoient une mutation vers le commerce régional. Ce qui est à même de modifier le flux et le volume des échanges et, de ce fait, pousser les ports à ajuster leurs opérations en conséquence.
L’autre défi pour les ports, dont Tanger Med, est l’apparition de nouvelles plateformes portuaires et de nouvelles routes maritimes. Ce qui pousse ce port marocain à maintenir la cadence des investissements dans les infrastructures.

L’Afrique maritime a un avenir prometteur

Lors du TOC Africa 2023, il a aussi été question de l’avenir maritime du continent. D’après les différents experts qui ont animé les conférences de l’évènement, ce dernier est prometteur, et ce au regard de plusieurs facteurs. Le premier concerne la croissance des populations africaines et des volumes de commerce. Selon la Banque africaine de développement, ces volumes devraient tripler, voire quadrupler, au cours des 20 prochaines années. Pour les experts, cela représente une opportunité considérable pour l’Afrique. Le deuxième facteur concerne les moteurs économiques puissants. La nouvelle Zone de libre-échange africaine (Zlecaf) offre une opportunité unique. Cette dernière bénéficie d’un soutien important des gouvernements et des organisations multilatérales pour exploiter ce potentiel. Au cours de la dernière décennie, plus de 50 milliards de dollars d’investissements dans l’infrastructure ont été enregistrés en Afrique, dont près de 8 milliards de dollars dédiés à l’expansion ou à la création de ports. Cependant, et aux dires des experts, «si le développement de l’infrastructure est essentiel, il doit être complété par des gains en compétitivité, productivité et la conformité aux normes mondiales». Autrement dit, il faut une approche globale.

Avec Le Matin