Tracer des pistes cyclables spéciales pour la circulation des motos, des bicyclettes et des trottinettes électriques est devenue une urgence à laquelle les autorités de la ville de Tanger devraient sérieusement penser.
Une allée réservée spécialement aux vehicules à deux roues améliorera davantage la circulation routière en réduisant certainement le nombre des accidents, notamment des motos, qui ne cesse d’augmenter.
Cela pourrait être même le cas pour les bus et les taxis, dans certaines avenues de la ville. C’est uniquement de cette façon là que la circulation s’organisera un peu dans une ville où l’irrespect du code la de route est total.
Si l’examen pour l’obtention du permis de conduire a connu une révision totale, la banque de questions étant passée de 600 à 1.000 questions avec l’introduction de volets relatifs aux changements apportés au Code de la route, notamment les nouvelles infractions routières, cela reste insuffisant et les statistiques relatives au nombre des accidents le prouvent.
«Ces changements visent à améliorer la qualité de la conduite en mettant l’accent sur les règles les plus récentes, avec pour objectif ultime la promotion d’une conduite plus sûre et responsable sur les routes marocaines», indique la NARSA. Mais cet objectif reste difficile à réaliser tant qu’une réorganisation de la circulation ne soit pas décidée.
A Tanger, l’année 2023 aurait enregistré plus de 80 accidents mortels provoqués par des jeunes conduisant des motos sans aucun respect du code la route. Le nombre des blessés graves enregistre également une augmentation grave.
Réorganiser le secteur de la circulation routière, en pensant à la solution des pistes cyclables, aidera sans doute à baisser drastiquement ce chiffre.
L’autre grand avantage
D’après une étude réalisée par experts des risques routiers publiée récemment, l’aménagement de pistes réservées aux cyclistes à proximité des voies de circulation incite les automobilistes à réduire leur vitesse.
En France, par exemple, l’Observatoire des risques routiers a mené, en 2018, une étude consistant à analyser le comportement de conducteurs volontaires par l’intermédiaire d’une application. Celui-ci a ainsi constaté que les automobilistes circulent au-delà de la vitesse maximale autorisée 11 % de leur temps de trajet. Parallèlement, l’étude met en avant que ce temps est réduit à 5 % si la voie empruntée comprend une piste réservée aux cyclistes. L’Observatoire fait donc un lien entre la présence d’une telle piste et l’abaissement de la vitesse des conducteurs.
Le simple aménagement d’une piste cyclable aux abords des voies conduit les conducteurs à lever le pied. Dans cette étude, 68 % des sondés indiquent, en outre, être plus vigilants à proximité immédiate de chaussées dédiées aux cyclistes. Ils sont également près de 25 % à déclarer ralentir dans cette circonstance.
Il s’agit ainsi d’un redoublement de la vigilance des automobilistes lorsque des pistes cyclables sont aménagées près de la voie de circulation réservée aux véhicules automobiles. Selon lui, les conducteurs se sentent dans une situation inconfortable lorsqu’ils rencontrent des cyclistes sur la route. La présence d’une piste cyclable les renvoie à cette situation et les incite à réduire la vitesse.
Ce n’est d’ailleurs pas qu’en France que ce constat a été réalisé. D’après Olivier Schneider, les premiers effets bénéfiques de l’aménagement des pistes cyclables sur la vitesse des automobilistes ont été relevés aux Pays-Bas. Ce pays est un des pionniers pour le partage de la voirie entre conducteurs automobiles et cyclistes.
Alors, pourquoi ne pas faire le pas en commençant à Tanger ?
A.R.
Qu’est-ce qu’une piste cyclable ?
Le terme piste cyclable est défini comme ceci : « Chaussée exclusivement réservée aux cycles à deux ou trois roues, aux cyclomobiles légers et aux engins de déplacement personnel motorisés ». Séparée de la circulation automobile, on l’identifie avec un panneau bleu avec une icône blanche d’un vélo, pouvant être carré (facultatif) ou rond (obligatoire).
Chaussée à part, la piste cyclable permet de rouler en vélo de façon plus sûre. Elle sépare les cyclistes des autres chaussées, limitant donc la cohabitation directe avec les voitures, scooters, bus et camions. Installer des pistes cyclables réduit donc les risques lors d’un déplacement en vélo. Néanmoins, cela n’est pas une garantie de séparation totale avec le reste de la route.
Qu’est-ce qu’une bande cyclable ?
On utilise souvent le terme piste cyclable de façon générique pour tous les aménagements dédiés aux cyclistes. Or, il existe de nombreux autres types de voies comme la bande cyclable.
Là aussi, la bande cyclable rentre dans le Code de la route, et accueille les mêmes véhicules que la piste cyclable. À une grande différence près : ce n’est pas une chaussée séparée, mais une voie supplémentaire complétant celles des voitures, scooters, motos et poids lourds.
C’est donc une solution facile et peu chère pour les collectivités, ne nécessitant qu’un signalement au sol par une bande blanche et des pictogrammes vélo.