Plus personne à Tanger ne doute de l’existence d’une stratégie visant à effacer la mémoire de la ville. Que cela arrive par hasard ou par une volonté claire, l’histoire de la capitale du Nord du Maroc paraît comme un objectif à éliminer le plus vite possible.
Et quand on dit effacer le passé de Tanger, on parle d’une énorme histoire qui démarre depuis l’ère romaine jusqu’aux années 50/60.
Une présence étrangère constituée de plusieurs nationalités, une culture mixte faite de plusieurs traditions représentant les quatre coins du monde, la cohabitation des trois religions monothéistes et d’autres aussi sans aucun problème, etc…
Outre l’abandon des sites historiques rappelant ce passé glorieux de Tanger, l’un des phénomènes qui accentuent ce désengagement volontaire envers le passé de la ville se trouve dans le choix des noms donnés aux boulevards et ruelles, les anciens surtout.
En effet, personne ne sait quelle est cette logique qui a toujours encouragé les responsables des communes (ou de la mairie, peu importe!) à changer le nom d’une rue qui existe depuis presque un siècle et lui redonner un nouveau nom de quelqu’un que personne ne connaît.
Petit exemple : jusqu’à aujourd’hui tous les Tangérois savent de quelle rue il sagit quand on leur dit la rue Vélasquez ! Pourquoi alors avoir changé le nom de cette rue historique pour la renommer rue khalid Ibn Al Oualid. Même si tous les Marocains et les musulmans connaissent bien la personnalité de Kalid Ibn Walid (compagnon du Prophète et l’un des plus importants généraux de son armée) et le respectent, pourquoi avoir éliminé le nom de Vélasquez d’une ruelle dont tous les bâtiments parlent espagnol et où le Cervantes est à dix pas?
Le nom d’Ibn Al Oualid pouvait bien-être donné à une nouvelle rue et même un nouveau boulevard.
Même cas pour la place d’Espagne renommée place de la Marche verte. Il existe des dizaines voire des centaines d’espaces centriques où le nomination “Place de la Marche verte” allait être parfaite. Mais elinimer ainsi la nomination “Place d’Espagne” c’est effacer une partie de l’histoire de Tanger.
Cette remarque est sur toutes les langues et les Tangérois ne comprennent pas pourquoi les autorités locales insistent à opérer ces changements qui portent atteinte à la mémoire de la ville en effaçant son passé.
A ce rythme la place de France aurait aussi bientôt un autre nom, ainsi que les rues d’Amérique et du Portugal, la Hollande et le Mexique.
Le pire, c’est qu’en changeant les noms historiques, on est aussi forts dans ces communes d’effacer un Vélasquez ou un Shakespeare, mondialement connus et mettre à la place le nom de personnes totalement inconnues (à 99,99%) à Tanger. Au moins !
Il n’existe bien sûr aucune intention de dénigrement dans cet article, mais si vous vous obstinez tellement à modifier même l’ADN de l’histoire de Tanger, au moins faites l’effort de rajouter deux mots pour dire qui sont les heureux personnages élus.
Dernière remarque : les noms de ces 7 plaques dont les personnages sont inconnus des grand public. Pire, même en faisant des recherches sur Google, on tombe souvent sur plusieurs personnes portant les mêmes noms.
Exemple: rue Mohamed Othmani. Ce dernier peut être le sultan ottoman Mohamed 3, ou le père du premier ministre marocain. Les décideurs ignorent même que les gens ne sont pas sensés tout savoir.
Donc merci de faire bien. Au moins que le crime soit parfait !
Abdeslam REDDAM