Dans son édition du 19 avril, un quotidien national a publié un article indiquant « qu’en raison de la multiplication de projets immobiliers, notamment d’hôtels, les grottes d’Hercule sont désormais menacées. Les autorités compétentes sont appelées à intervenir pour protéger ce monument incontournable de la ville de Tanger », dit ce journal. Et d’insister que « cet endroit mythique de la ville du Nord, célèbre pour sa beauté naturelle et sa portée mythologique, est mis en péril par des constructions immobilières. »
La preuve? Pour le journal, il existerait des « vibrations engendrées par les constructions de projets immobiliers qui représentent désormais un grand danger pour ces grottes. S’ajoute à cela la volonté, encore embryonnaire, de construire un parking à proximité de ce monument qui le mettrait davantage en danger. »
Le même quotidien ajoute que « ces constructions pourraient entraîner des effondrements.
Pour le journal, cette situation nécessite la réhabilitation et la protection des risques d’effondrement par les autorités.
A priori, un journal n’affirmera l’existence de ce danger d’effondrement des grottes d’Hercule que si sa rédaction détient des preuves concrètes, notamment le rapport d’une expertise réalisée par un département spécialisé. Ou alors par la publication d’images ou de vidéos montrant, sans aucun doute, le début d’un effondrement des parois ou même l’apparition de grandes fissures, preuves de possibles effondrements.
Or, le journal n’a publié aucune de ces preuves palpables et s’est limité à un article qui n’a aucune signification scientifique.
Dans son récit, le quotidien devait évidemment souligner la source de cette terrible menace. L’auteur du texte parle de projets immobiliers, d’hôtels et d’un parking qui n’est même pas encore construit.
Mais paradoxalement, aucune autorité à Tanger n’a parlé de l’existence de ce danger qui menace quand-même l’un des plus importants sites historiques et le premier symbole du tourisme de la ville. Ni la Commune, ni la Wilaya, ni le département chargé des monuments historiques, ni la délégation du tourisme n’ont parlé de cette menace… Personne!
Au fond, il n’y a eu aucune alerte (à part celle du journal) parcequ’il n’existe aucun danger.
Mais pourquoi cette information est-elle publiée en ce moment, quel est l’intérêt et l’objectif exact à atteindre?

Pour essayer de comprendre, il faut lier ledit article de presse avec un communiqué publié il y a quelques semaines relatant « la bataille » menée par une association travaillant dans la protection de l’environnement, entre autres, contre des promoteurs immobiliers qui veulent « détruire » une partie de la forêt de Rmilat (tout près du parc de Perdicaris) et y bâtir ce que l’association a appelé des « immeubles ». Carrément !
Naturellement, le communiqué attaque les promoteurs et aussi les responsables de toutes les administrations qui leur auraient facilité leur « mainmise » sur ces terrains de plusieurs hectares. Il exige que ces autorisations soient annulées et espère que le Wali prenne personnellement en main ce dossier pour sauver la forêt de Rmilat.
Nonobstant, le faux dans cette nouvelle doléance (ce n’est pas la première fois que ce projet est cité) est de parler d’immeubles, alors que dans la réalité il s’agirait de quelques luxueuses résidences touristiques sur deux étages, respectant totalement le site forestier indiqué et ne présentant aucun danger de déforestation aveugle menaçant l’existence de la forêt de Rmilat.
Quand des voix s’élèvent pour dénoncer des projets immobiliers qui constituent un danger pour les forêts et leur environnement, toutes les populations locales les appuient en organisant même des sit-in dans les zones forestières menacées. C’est exactement ce qui est arrivé quand des jeunes ont récemment découvert un mur construit illégalement dans le coeur même de cette forêt. Tout le monde les a soutenus et les autorités ont immédiatement pris les mesures nécessaires pour démolir le mur et annuler le projet qui aller y être bâti.
Cela n’a jamais été provoqué s’agissant du projet situé sur une zone à côté du Perdicaris qui est aujourd’hui dénoncé par cette association.

Le paradoxe qui intrigue

Les gens ne sont pas dupes. Plusieurs experts et observateurs remarquent comment d’ailleurs ces mêmes voix ont été entièrement absentes quand les constructions anarchiques et les bidonvilles remplaçaient les milliers d’arbres de la forêt de Rahrah, Mediouna et Mesnana. « Bizarrement, on n’en parle que quand il est déjà trop tard, mais jamais en temps réel », remarque un responsable de la ville.
Et d’ajouter qu’il est « préférable d’avoir quelques luxueuses résidences touristiques aux abords des forêts urbaines que des bidonvilles construits illégalement et qui détruisent tout l’environnement. Bâtir quelques villas aux alentours d’une forêt urbaine avec des normes respectant l’environnement et ne représentant aucune menace contre les arbres et la forêt peut même être une manière de protection de la forêt, de sa sauvegarde et de sa mise en valeur sur le plan touristique », ajoute la même source en indiquant que ces projets existent dans toutes les forêts urbaines des grandes villes du monde.
Dans le même souci, La Dépêche a demandé l’avis d’un architecte qui préfère également que les forêts urbaines soient protégées par quelques résidences touristiques de luxe au lieu  qu’elles soient dévorées par des constructions anarchiques. « L’essentiel est que ces projets soient très limités, ne dépassant pas 10 ou 15% de la surface totale d’une forêt et qu’ils soient aménagés à base de matériaux naturels respectant l’environnement local comme la pierre et le bois, surtout pas à base de briques rouges et beaucoup de béton armé », a-t-il déclaré. « Cela se fait sans problème dans les grandes capitales du monde. A Paris, à Milan, à Genève, à Barcelone, à New York, etc. Ces projets sont autorisés et validés par des gens qui protègent et défendent mieux que nous leurs forêts et leur environnement », conclut-il. Qui a raison et qui a tort? C’est là la question !

Abdeslam REDDAM

Il y a 10 ans, le Roi avait inauguré les grottes d’Hercule après leur restauration

Les Grottes d’Hercules ont déjà subi un lifting. Le monument de la capitale du Détroit a été  inauguré par le roi Mohammed VI le 16 octobre après avoir été entièrement réhabilité. Le chantier avait été lancé le 26 mars 2014,  en même temps que  celle du Complexe des arts et des cultures,  et l’aménagement du parc urbain Perdicaris-R’Milat, pour un coût de 130 MDH
Le  projet de réhabilitation des Grottes d’Hercule dont les travaux ont duré 18 mois (Mars – Octobre 2014) et coûté 10 MDH portait sur le renforcement des parois des grottes, l’aménagement des espaces extérieurs, la construction de locaux commerciaux, de cafés et de restaurants, et la modernisation du réseau d’éclairage public.
L’objectif de ce projet consistait à sauvegarder cet important site naturel, classé monument historique en 1950, la reconquête de sa notoriété et le développement de l’écotourisme au niveau de la région.