Peut-être que les responsables de la ville de Larache n’ont aucune idée de la valeur de cette cité dans l’histoire du Maroc. Peut-être aussi qu’ils ignorent tout de son patrimoine matériel et immatériel, de ses sites historiques, ainsi que l’importance de protéger ses monuments en les restaurant et en les remettant en valeur.
Peut-être, enfin, qu’ils ont reçu des ordres de tout “casser” parcequ’il existe de nouveaux projets qui seront lancés sur ces sites et les remplacer.
Sauf que à Larache il existe des monuments qui sont presque sacrés, qui racontent le passé de cette belle ville abandonnée et que sans ce passé on ne pourra jamais construire un avenir prospère.
Parmi ce riche patrimoine, la batterie de Sidi Bouknadel est essentielle. Pour de nombreux observateurs, au lieu de démolir ce qui en reste comme vestiges, l’idéal serait qu’elle soit reconstruite en reprenant les matériaux d’origine et en les combinant avec des matériaux similaires de pierre, de plâtre et de chaux, tout en construisant au même endroit un centre d’explication sur l’histoire de la batterie et de la mémoire du lieu avec toutes ses manifestations patrimoniales, sociales et nautiques.
Rappelant l’essentiel de son histoire, le Dr Driss Chahboun affirme que “durant le XVIIIe et XIXe siècles après JC, la ville de Larache fut soumise à plusieurs raids navals menés par différents pays européens. Il fallait donc renforcer son système de défense. C’est pourquoi, après le bombardement de la ville par la flotte française en 1765, le sultan Mohammed Ben Abdellah construisit un groupe de batteries pour renforcer son front de mer. Six batteries équipées de canons ont été construites, dont la batterie de Sidi Bouknadel, située en bord de mer, juste en contrebas de la falaise qui borde la ville à l’ouest, et à proximité du fort de kbibat.
Cette base d’artillerie protégeait l’entrée du port de plaisance ainsi que les sources d’eau du site.
Ce bâtiment militaire rectangulaire (20 mètres / 6 mètres) possède une porte principale côté nord, des ouvertures destinées aux canons, une grille et un râtelier à canons.”
Le même expert indique qu’en raison de “son importance historique et archéologique, cette batterie doit être préservée via un projet de restauration et une valorisation en l’intégrant au programme d’aménagement qui définira la Terrasse Atlantique, car elle est un symbole du patrimoine de la ville lié à l’activité maritime.”
Pour conclure, ce qui reste incompréhensible dans cette affaire est le fait que cela fait plus d’une année que la société civile larachoise essaie d’interpeller les autorités locales concernant ce problème, mais cette dernière avait toujours refusé de l’écouter en lançant son projet sur ce site, jusqu’à ce que certains responsables hautement placés ont dû intervenir en priant ces mêmes responsables locaux de prendre en considération la valeur historique et patrimoniale de ces batteries de Bouknadel et d’essayer d’en préserver les vestiges.
A.R.