« …Quand je fais un documentaire, j’ai l’impression de montrer des gens face à un miroir, la société face à elle même, sans filtre… »
Jeune et très douée, Mounia El Goumi promet un excellent parcours comme réalisatrice. Ayant déjà réussi une série de films documentaires et courts métrages, la talentueuse réalisatrice, qui porte Tanger dans son cœur et son esprit, puisqu’elle y a grandit, sera très certainement la star du 7e art… Mais son univers à elle est derrière les caméras.
Quel a été le parcours de Mounia El Goumi en matière de formation jusqu’à devenir une réalisatrice qui se forge aujourd’hui une belle carrière professionnelle ?
Après ma formation académique spécialisation image et réalisation, j’ai eu de la chance de rencontrer et travailler avec des techniciens en cinéma de différents horizons. Des
collaborations qui ont enrichies ma carrière, puis j’ai tourné mon premier court métrage à Marrakech, avec une production marocaine et le deuxième court métrage en France avec une production française en 2018. C’en sont suivis deux autres films documentaires, l’un sur l’écrivain Mohamed Choukri, l’autre sur les femmes de Chefchaouen (Hadara). Des films diffusés à la télévision. Actuellement, je suis en tournage pour
mon prochain film documentaire. J’ai également travaillé sur certaines émissions de 2M où j’ai été responsable des contenus et rédactions du quotidiennes. Notamment Master chef Maroc,
Master chef celebrity et junior…et Sanaât Bladi pendant 5ans.
Autant de belles émissions télévisées qui prennent du temps pour la préparation et même la réalisation. Et qui nécessitaient parfois plusieurs voyages à l’intérieur du Maroc et à l’étranger.
Mais elles restent de belles expériences professionnelles qui m’ont beaucoup apprise. Même si cela ne m’a pas laissé certes le temps
de réaliser mes propres projets. Cependant je prenais du temps pour écrire plusieurs projets personnels que j’ai maintenant envie
de réaliser. J’ai aussi réalisé beaucoup d’autres reportages, des films institutionnels en France et des films documentaires pour le compte de certaines chaînes de télévisions internationales.
Vous êtes une réalisatrice qui s’est spécialisée dans les films documentaires consacrés notamment aux secteurs culturel et artistique.
Quelles sont les raisons derrière ce choix et pourquoi ce penchant vers ces deux secteurs?
J’ai choisi le film documentaire parce que c’est proche de ma vision. Et le documentaire est également l’un des genres cinématographiques qui montre la réalité de la vie telle qu’elle est. Le documentaire reflète la réalité de la vie sans mise en scène. Quand je fais un documentaire, j’ai l’impression de montrer des gens face à un miroir, la société face à elle même, sans filtre, face à la caméra.Tandis que la fiction genre cinématographique que j’aime aussi requiert de la mise en scène.
C’est une invention de la réalité qui exige certains aspects techniques comme des raccords dans le mouvements, une direction de la lumière…D’où le fait que j’ai réalisé à peine quelques courts métrages. Mais ça reste un genre cinématographique que je voudrais bien essayer à nouveau. Je suis très passionnée par les genres de films documentaires de Agnes Varda, Win Vinders, Jean Rouche…
Vous êtes originaire de Tanger, ville de lumières et de mythes. Avez-vous des projets qui mettront en valeur les transformations que vit cette belle cité ou pour rappeler qu’elle possède un patrimoine historique qu’il faut protéger?
J’adore cette ville. J’y ai grandi. Tanger signifie lumière. C’est aussi la ville des artistes, des écrivains qui y ont toujours été de passage. Dans mes intentions de faire un film sur Tanger, j’ai
réalisé parmi tant d’autres un film sur Mohamed Choukkri.
Tanger pour moi, c’est mon coup de cœur et la ville côtière dont les sables portent les traces de pas des artistes, des écrivains qui ont foulé son sol. Et depuis toute petite, j’écrivais déjà dans certaines presses écrites régionales évoquant toujours Tanger dans mes écrits. Je suis personnellement très contente qu’il existe de nos jours des espaces comme la villa Harris, lieu d’exposition et de la préservation de notre histoire, de notre mémoire. Notre devoir est aussi de rappeler la valeur culturelle artistique de Tanger aux nouvelles générations du Maroc.
Quel constat faites vous aujourd’hui de l’offre marocaine en matière de documentaires et surtout concernant l’absence de chaînes TV spécialisées ?
L’espace documentaire marocain est assez bien fournit. Et comme il ne faut jamais se contenter du « déjà-fait ». On ne peut souhaiter que plus d’évolution, donc plus de films documentaires, et peut-être même des chaînes de télévisions et
de festivals dédiés aux films documentaires à côté de ce qui existe déjà.
Propos recueillis par Abdeslam REDDAM
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