Née le 10 mars 1948 à Tanger, Farida Benlyazid suit une formation en cinéma et en littérature à l’université Paris-VIII. Puis, elle poursuit à l’École supérieure d’études cinématographiques à Paris dont elle sort en 1976. Elle effectue ensuite quelques stages puis rentre au Maroc.
En 1978, elle participe à la production du premier long-métrage de Jillali Ferhati, Une brèche dans le mur. Jillali Ferhati et elle sont de la même génération, nés tous les deux en 1948. L’année suivante, elle est scénariste pour ce même réalisateur et pour son film Poupées de roseau, consacrée à la condition de la femme dans les sociétés musulmanes contemporaines. Toujours en 1979, elle réalise un premier court-métrage, Identité de femme. Elle est également journaliste et critique de cinéma pour différentes publications, notamment El Mundo, ou des publications de la maison d’édition Autrement.
En 1988, elle réalise son premier long-métrage Bab al-samâ maftooh [Une porte sur le ciel]. Ses films les plus populaires sontBab al-samâ maftooh (1989), Keïd Ensa (1999) et Nia taghled (2000).
Elle dirige, écrit des scénarios et produit plusieurs films et des documentaires. En 1991, elle crée aussi sa propre société de production appelée Tingitania Films. Ses films mettent l’accent sur le rôle de la femme marocaine, de l’indépendance de ce pays en 1956 jusqu’à nos jours.
Comment Farida Benlyazid a-t-elle supporté et vécu la difficile période de la pandémie du COVID-19 ?
Bien sûr c’est une période difficile pour tout le monde. Mais plus que la peur d’attraper le virus, ma foi les maladies ont toujours existé et on meurt toujours de quelque chose, la nouveauté est dans cette angoisse à l’échelle planétaire qui nous affecte psychologiquement.
Avez-vous profité du confinement en 2020 pour travailler sur de nouveaux projets ? Lesquels exactement ?
Le confinement est arrivé alors que j’avais commencé à travailler au sein de la Commission Spéciale pour le Nouveau Modèle de Développement instituée par Sa Majesté. Je dois dire que le travail passionnant que nous avons continué à mener en ligne, avec quelques réunions en présentiel, m’a si bien occupée que le reste est passé au second plan.
Depuis que nous avons terminé fin décembre, je me trouve confrontée à la réalité qui caractérise les métiers artistiques qui sont en suspens. J’ai deux projets de documentaires dont la réalisation a été reportée à je ne sais quelles dates.
Même le tournage du film sur Fatema Mernissi dont j’ai écrit le scénario pour M.A. Tazi n’a pas pu avoir lieu. Et la situation financière ne fait que se dégrader…
Je travaille sur un roman qui se passe au début des protectorats espagnol et français au Maroc.
On se rappelle tous que quelque temps après l’apparition du Coronavirus, Tanger a perdu une grande scénariste, notre grande amie Bahia Abdellah. Quelle a été sa valeur ajoutée pour le secteur du cinéma et des téléfilms au Maroc ?
Oui le décès de Bahia Abdellah m’a causé une grande peine. C’était une artiste accomplie, avec qui j’ai beaucoup travaillé et dont j’appréciais l’humour très particulier. Elle était discrète et ses œuvres sont plus connues que sa personne. Il faudrait absolument lui rendre hommage un jour.
Comment évaluez-vous le rôle des femmes dans le développement du cinéma et du théâtre marocains ? Quelle a été son importance dans les différents métiers du 7e art, comme auteure, actrice, metteur en scène, réalisatrice et aussi technicienne ?
Je trouve que les femmes sont de plus en plus présentes dans ces métiers artistiques et c’est merveilleux (quand on pense qu’au début du théâtre les rôles des femmes étaient joués par des hommes). Les femmes apportent leur savoir-faire dans tous les domaines et cela ne peut qu’enrichir l’expression humaine, dans la création artistique.
Sur le plan local, quel est votre sentiment après la réalisation de plusieurs projets culturels et artistiques à Tanger, dont un palais des arts, des musées et surtout l’excellent Centre artistique de Riad Sultan qui est l’œuvre du dramaturge Zoubeir Benbouchta ?
On ne peut que se réjouir des différents projets culturels, dont la ville avait grand besoin. Cela donne un véritable élan aux nombreuses associations culturelles de la ville. Je suis bien sûr impatiente de les voir fonctionner et particulièrement le projet ambitieux de notre ami Zoubeir Benbouchta qui a toujours été créatif et actif, même dans les moments les plus difficiles. Nous espérons beaucoup des ateliers de formations pour les jeunes qui y sont prévus, entre autres.
Propos recueillis par Abdeslam REDDAM