Incendies à l’origine douteuse, constructions anarchiques et illégales, la forêt Tangéroise est victime d’une menace de disparition devant un silence et l’inefficacité des autorités locales que tout le monde soupçonne de prendre part à l’un des plus graves crimes contre l’environnement.
Alors que le rôle des arbres est central dans la politique urbaine visant à protéger l’environnement et la santé des citoyens, un peu partout dans le monde, chez nous l’arbre dérange.
Dans ses efforts de protéger ce qui reste encore des forêts de Tanger, le Mouvement des Jeunes Verts, une association regroupant des jeunes bénévoles soucieux de redonner à la forêt son importance, ne cesse de lancer des messages SOS avec l’espoir de faire réagir des autorités qui tournent carrément le dos à ce grave problème environnemental.
Récemment, ce mouvement a renouvelé sa désapprobation et son refus face à l’empiètement continu sur les espaces verts de la ville, dont témoignent de nombreuses forêts entourant Tanger. Le cas désastreux de la forêt de Rahrah (voir photos) témoigne de la gravité de la situation.
D’après un membre de ce mouvement, la vallée de Rahrah est considérée comme un point très sensible, qui mérite une attention particulière, car elle constitue un passage séparateur entre l’aire protégée de la forêt de la Grande Montagne et la forêt de Rahrah et représente un passage naturel, corridor écologique, pour certains oiseaux entre les deux espaces.
Malheureusement, la zone est exposée depuis plusieurs années à une construction massive des deux côtés: du côté de Boubana – Rahrah, et du côté de Star Hill. Si les constructions continuent à ce rythme, la forêt de Rahrah sera séparée de la réserve de Jbel Kabir d’ici peu d’années, ce qui facilitera les opérations de construction à l’intérieur de la réserve naturelle et accélérera sa disparition.
Sur place, il est à noter qu’il existe en fait des familles paysannes qui vivent sur leurs propriétés depuis longtemps et se livrent à des activités agricoles, telles que l’élevage de bétail, mais d’un autre côté, il y a un fluage continu de fragments de logements résultat de la construction anarchique non autorisée.
Selon l’ancien schéma de l’aménagement de Tanger, la zone était classée réserve naturelle dans laquelle aucun bâtiment n’est autorisé. Mais dans l’absence totale d’une stratégie protégeant définitivement les forêts de Tanger, des parties de ces forêts sont remplacées par des constructions de plus en plus massives. Le béton remplace chaque jour l’arbre et personne ne réagit pour arrêter ce crime.
Incendies, surexploitation, abus, manque de programmes adéquats de replantation sont autant de problèmes qui nuisent à la forêt aussi bien à Tanger que dans toute sa région. C’est dailleurs aussi le cas partout au Maroc, où la perte, chaque année, est d’environ 30.000 hectares, soit 0,3 % de l’espace forestier national, selon le Haut Commissariat aux Eaux et Forêts.
A Tanger, de grands espaces forestiers sont détruits chaque année.
A coté, la région du Rif est la plus touchée (69 % de l’ensemble de la superficie incendiée au niveau national) et les causes des incendies sont souvent ignorées.
Si les incendies détruisent une grande partie des forêts marocaines, la surexploitation (illégale) n’en est pas moins dangereuse. Au contraire. Et c’est exactement là le vrai problèmes des forêts de Tanger.
A rappeler que le dernier incendie à Tanger avait eu lieu à la forêt diplomatique durant la première semaine du mois d’octobre dernier et avait ravagé plusieurs hectares. Jusqu’à aujourd’hui, les causes n’ont pas été déclarées.
Durant juillet, la même forêt avait été le théâtre de nombreux autres incendies, dont le plus important avait eu lieu tout près de l’hôpital militaire de campagne réservé aux malades du Coronavirus. Le feu avait alors ravagé environ 36 hectares de massifs forestiers. Et là aussi les causes nont pas été signalées.
Mais plus graves que les incendies, restent ces centaines de bâtiments qui, au nom du développement, remplacent des milliers d’arbres sans que personne ne bouge.
A. REDDAM