Prendre un expert-comptable est facultatif. Mais c’est une décision stratégique. Il peut vous apporter beaucoup si vous maîtrisez bien le mode d’emploi de cette relation.
Pour beaucoup de chef d’entreprise, l’expert-comptable est nécessaire. On y recourt parce qu’il faut bien sortir son bilan en fin d’année. Outre qu’elle est expéditive, cette approche souffre de plusieurs défauts. En cantonnant l’expert-comptable à un rôle d’accoucheur de bilans annuels, elle occulte toute la valeur ajoutée que celui-ci peut apporter à l’entreprise. La comptabilité produit une matière très riche, qui, si elle est bien exploitée, peut fournir une aide précieuse pour gérer une société. Et ce n’est pas tout : bon nombre de cabinet ont développé des compétences pointues dans des domaines d’expertise dans lesquels ils sont à même de conseiller les dirigeants. On peut donc demander et obtenir beaucoup d’un expert-comptable. Et cela ne dépend pas seulement, loin de là, du montant des honoraires !
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Vous pouvez tout lui demander !
Toutes sociétés anonymes doivent avoir un commissaire aux comptes, de même que les SARL dépassant un certain seuil. En revanche, contrairement à ce que croient beaucoup de dirigeants, aucune entreprise, quelle qu’elle soit, n’a l’obligation de faire appel à un expert-comptable. Une société commerciale est certes tenue d’avoir une comptabilité en règle. Mais, pour ce faire, elle dispose de trois options. La première : faire traiter toutes les opérations en interne, par des comptables salariés de l’entreprise. La deuxième : confier toute la comptabilité à un prestataire externe, qui, lui, est soit un cabinet d’expert-comptable ou un comptable agréé. L’expert-comptable exerçant en libéral doit obligatoirement être inscrit à l’Ordre des experts-comptables (à défaut, attention, il exercerait en complète illégalité !). La troisième : faire gérer une partie de la comptabilité dans l’entreprise et une partie à l’extérieur. Il appartient donc au dirigeant de l’entreprise, et à lui seul, de dire ce qu’il attend d’un cabinet d’expertise-comptable ! Mais cette décision peut déborder largement le domaine comptable. « Le cœur de métier des experts-comptables se compose de quatre missions : l’enregistrement des opérations au fil de l’eau, la révision comptable, la sortie des bilans et l’établissement des déclarations fiscales ». Mais ils investissent de nombreux autres terrains : le secrétariat juridique, l’assistance en matière sociale, le conseil en gestion, en fiscalité, en financement, le droit des affaires, l’audit, etc.
Sachez définir clairement vos besoins
Si vous êtes sur le point de créer votre entreprise, peut être avez-vous besoin d’aide pour bâtir un business plan « ou plan d’affaires » qui tient la route.
Votre société est lancée, mais il s’agit d’une petite structure ? Il y’a peu de chance que vous ayez les moyens d’embaucher un comptable. Et même si vous aviez un afflux de trésorerie, vous préféreriez (à juste titre) recruter un commercial. Pour tenir vos comptes, recourez à un expert-comptable extérieur. Et voyez s’il ne pourrait pas vous assister utilement dans d’autres domaines : les relations avec les banques, les questions fiscales, les déclarations sociales, etc.
Dernière hypothèse : votre entreprise est de taille suffisante pour que vous disposiez d’un service comptable en interne. Vous pouvez alors avoir intérêt à recourir à un expert-comptable lors d’un surcroît temporaire d’activités, ou quand surgit une question délicate que les comptables ou les cadres comptables de votre entreprise n’ont pas les compétences pour résoudre.
Mettez en place une relation gagnant-gagnant
Il faut considérer l’expert-comptable comme un prestataire de services. Si l’on veut travailler avec lui dans de bonnes conditions, on doit fonctionner comme avec tout sous-traitant : autrement dit, définir à l’avance, de manière très précise, vos besoins. Il est en revanche vivement conseillé de tirer meilleur profit de l’expertise de son prestataire, dans tous les domaines où celle-ci s’exerce. Comment ? En instaurant avec lui les relations les plus confiantes et transparentes possible. A titre d’exemple, à chaque période, par exemple : le mois, le trimestre, le semestre, le dirigeant peut faire le point avec son expert-comptable sur la situation de l’entreprise et recueille son avis sur les décisions qui sont de son ressort (en l’occurrence, celles touchant à la comptabilité, à la gestion, à la fiscalité et au social). Résultat : « Une collaboration harmonieuse et des conseils qui se sont toujours révélés judicieux ». Qui dit mieux ?
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Mohamed LAHYANI
Expert-comptable & Commissaire aux comptes diplômé d’Etat à Paris.
Membre de l’Ordre des Experts-comptables au Maroc et en France.
Fondateur du cabinet Audit & Analyse Tanger www.audit-analyse.com
Président de la commission Etudes Fiscales & Juridiques du Conseil Régional de l’Ordre des Experts-comptables de Tanger Tétouan Al-Hoceima.
Auteur de nombreux ouvrages en : fiscalité, audit, finance, comptabilité, évaluation des sociétés, consolidation, contrôle de gestion…