Propos recueillis par Sali B.O
Depuis le mois de juin 2023, Abdelmajid Semlali est entré dans un cercle étroit : celui des tangérois auteur de roman policier à succès. « Prisonnier de son passé. Réveil de la Terreur à Marrakech » : tel est le titre de son premier roman dans lequel il efface les frontières entre la fiction et la réalité, et trace le sillon d’un voyage passionnant et exaltant dans l’histoire du Maroc, de ses villes, et de ses faits divers marquants.
Rencontré à Tanger, où il a posé ses valises, et s’apprête à aller à la rencontre du public local, cet ingénieur de formation, qui a consacré une part importante de sa vie à l’enseignement et la formation ainsi qu’en ingéniorat et conseil en systèmes d’information en France, a accepté, sans hésitation et le sourire aux lèvres, de répondre à quelques-unes de nos questions.
1-Votre premier roman a été couronné d’un prix du roman policier quelque temps après sa sortie. Qu’avez-vous ressenti à ce moment-là ?
Un mélange de fierté et de soulagement. Avant sa publication en juin 2023, j’avais sur mes épaules un poids immense : j’étais bien conscient que c’était mon premier roman, et jusqu’à la dernière minute, une question obsédante trottait dans ma tête : comment le public et les professionnels allaient accueillir ce roman ?
En octobre de la même année, quand mon modeste travail a été nominé pour le prix du roman policier, et que je l’ai remporté, j’ai été fortement ému ; cette reconnaissance m’a profondément touché. Elle est venue récompenser près de neuf mois d’efforts acharnés et confirmé que mes espoirs en ce projet d’écriture étaient bien fondés.
2-Comment êtes-vous venu à l’écriture de ce premier roman, et pourquoi avoir choisi le genre policier ?
Pourquoi le genre policier, en premier lieu ! Simplement parce que, dès mon plus jeune âge, vers 11 ou 12 ans, j’ai découvert ce type de littérature. J’ai tout de suite été captivé par l’intrigue et le suspense qui caractérisent ces récits. Cette passion m’a accompagné pendant des années, bien que mes lectures se soient diversifiées avec le temps. Il m’a donc quelque part paru naturel d’orienter ma plume vers ce genre que j’affectionne.
Quant à la question de savoir comment j’en suis venu à écrire mon premier roman, c’est une idée qui m’a toujours habité. J’ai souvent commencé des projets d’écriture, mais ils restaient inachevés, par manque de temps ou de discipline. Durant l’été 2022, j’ai trouvé l’opportunité et les conditions idéales : j’ai d’abord découvert une histoire intrigante sur une bagarre entre prisonniers. Cette histoire a constitué le point de départ de mon roman, bien qu’elle ne représente qu’une petite partie de l’intrigue, le reste relevant entièrement de mon imagination. Ensuite, j’ai pu avoir les conditions propices et idoines pour mener à bien ce projet d’écriture : le temps et la tranquillité.
3-Votre roman est construit autour d’un fait divers tragique réel qui s’est déroulé dans une prison marocaine. Quelle part accordez-vous au réel dans votre roman ?
Il faut déjà préciser une chose : la prison de Marrakech, telle que décrite dans mon roman, est fictive. Son nom, sa disposition – par exemple, des cellules de quatre détenus – tout cela relève de mon imagination. La part réelle se limite au squelette de l’histoire : une agression entre prisonniers, basée sur un fait divers qui a attiré mon attention. Il faisait état d’un drame impliquant l’un des protagonistes, marqué par l’assassinat de trois membres de sa famille dans un contexte de sorcellerie. À partir de là, j’ai tissé ma propre intrigue, ajoutant des couches de suspense et développant des personnages fictifs.
4-Selon votre entourage, vous écrivez pour (in)former un large panel de lecteurs. Pourquoi ce choix ?
Je crois fermement qu’un livre, quel qu’il soit, doit enrichir son lecteur. Si l’on n’apprend rien d’un ouvrage, il perd une partie de sa valeur. À travers mes écrits, j’essaie d’élargir les horizons de mes lecteurs, tout en les plongeant dans une intrigue captivante. C’est une des raisons pour lesquelles on retrouve entre les pages du roman les facettes insoupçonnées des histoires des villes marocaines, et diverses informations sur les trésors cachés de notre pays. Cette approche reflète probablement mon expérience dans l’enseignement et la formation, où partager des connaissances a toujours été une priorité pour moi. Écrire un roman tout en y intégrant une dimension informative est, à mes yeux, un défi passionnant.
5-Quelles difficultés avez-vous rencontrées lors de la rédaction ?
La principale difficulté était d’ordre pratique. Écrire n’est pas mon métier principal, et mon emploi du temps est souvent chargé. Il m’arrivait de consacrer chaque jour d’une semaine à l’écriture, puis de devoir m’arrêter pendant plusieurs jours. Reprendre le fil après une interruption était chaque fois un défi, nécessitant souvent de relire mes derniers passages pour me replonger dans l’intrigue. En parallèle l’inspiration n’est pas toujours au rendez-vous. L’imagination ne fonctionne pas sur commande, et il faut parfois persévérer, même dans les moments de doute, pour éviter de perdre le fil.
6-À quand la rencontre avec le public tangérois ?
J’ai hâte de rencontrer le public Tangérois, et plus généralement marocain. J’ai récemment rencontré des acteurs de la scène littéraire tangéroise, et ensemble nous sommes en train de préparer les rencontres qui auront lieu InchaAllah, dès le moins de Janvier 2025. Par ailleurs, pour toucher un public encore plus large, il est envisagé des traductions dans les langues arabe, espagnole et anglaise.