“.. Think Tanger est une plateforme culturelle dédiée à l’exploration des défis urbains survenant dans la ville de Tanger…”

C’est une partie de l’introduction copiée sur le site web décrivant cette association, créé en 2016, qui a la particularité d’être différente de la majorité des associations existant à Tanger, tout azimut.
Lire cet article de présentation de cette association n’est pas suffisant. Il faut sincèrement vivre, en compagnie de 7 jeunes qui la composent, une de leurs nombreuses actions pour comprendre leurs ambitions et être en mesure de définir leur style et leur vision.
A la fin, vous allez avoir la certitude que ces jeunes, si dynamiques et enthousiastes, sont la garantie du futur Maroc et que ce sentiment est tout simplement magnifique.

Amina, Khadija, Lamia, Houda, Hicham, Hassan & Youssef.

Rencontre. Le lundi à l’Atelier de Think Tanger, ancien espace Darna situé dans cette historique ruelle menant du petit socco au marché du poisson. Le lieu respire toujours cette ambiance des premières actions sociales de l’association Darna durant les années 1990.
Trente ans plus tard, la “Baraka” de cet espace continue de pousser ses occupants actuels vers plus de solidarité, de prise en charge, d’action et surtout de projection.
Au fond, rien n’a changé, juste la manière et le style. Sur place, on ne fait plus de Harira durant le Ramadan et on n’accueille plus ces pauvres enfants de la rue.
Dans cet ancien QG de Darna, désormais on Think” Tanger. On imagine de superbes projets et on va les réaliser là où ils font réellement défaut. Là où les actions produiront des effets positifs, des répercussions sûres et évidentes qui vont par la suite marquer efficacement à la fois l’espace et ses habitants.

Qui sont ces jeunes et que font-ils de si spécial?

En me les présentant, Mary-Rahma Homman a parlé de “l’équipe de choc”. La dynamique architecte DPLG, experte en programmation en maîtrise d’ouvrages, qui est l’actuelle présidente de cette association, mesure bien ses mots, car sincèrement ces jeunes sont différents et vous allez très vite comprendre pourquoi.
Amina Mourid (installée actuellement en Guyane) et Hicham Bouzid sont les deux premiers piliers de la plateforme Think Tanger. Ses créateurs en 2016.
Khadija Zanafi, responsable du pôle d’administration (vivant actuellement à Alméria pour ses études doctorales) mais omniprésente via Skype, est le moteur de ce groupe d’amis.
Lamia Lataf est sans doute le dynamo de l’équipe. Elle a tout abandonné à Casablanca pour la rejoindre, convaincue qu’elle est sûrement devant l’une des plus grandes aventures qu’elle ne doit absolument pas rater.
Houda Bouassab est la Miss gestion de l’association. Elle gère à la perfection la partie administration et comptabilité, entre autres missions.
Hassan Yesfati est le responsable sérigraphie et print de l’association. Une autre activité que développe Think Tanger grâce au grand savoir-faire de ce jeune sait-tout-faire.
Et finalement l’artiste producteur et animateur Youssef El Mortaji représente l’autre pilier solide sur lequel repose le succès de ces jeunes aux ambitions sans limites.

Urbain Mind..

Think Tanger a pour objectif de refléter via différentes actions et activités le dynamisme urbain de Tanger. “En fait, l’idée est de mesurer l’impact du développement des infrastructures durant ces 20 dernières années sur la ville et ses habitants. En faire une réflexion en faisant surtout participer les principaux acteurs, à savoir les populations concernées”, déclare Hicham Bouzid.
L’intéressant chez Think Tanger c’est que ces jeunes sont à la fois capables d’inviter des habitants d’un quartier périphérique à participer à une émission radio qu’ils organisent dans la rue et, en même temps, accueillir, lors de grandes conférences, d’éminents experts marocains et étrangers pour parler urbanisme, culture, arts et/ou livres, abordant différents axes en relation avec le thème central de l’urbanisme.
Ce sujet est ainsi abordé, analysé et développé sur une période de deux années consécutives.
Il s’agit d’un cycle de réflexion portant toujours sur un thème central mettant en relief le développement de la ville.
Exemple: tout récemment la plateforme a invité des représentants d’un cabinet d’architectes urbanistes du Caire pour parler du thème de l’informel dans l’urbanisme en comparant le cas de la capitale égyptienne avec celui de Tanger.
“Les Utopies de l’informel” a été le dernier cycle et a permis de voir défiler chez Think Tanger d’éminents experts, artistes, écrivains, sociologues et anthropologiques dans le cadre de rencontres-débats extrêmement riches et importantes. L’une des rencontres qui a le plus intéressé les participants a été animée par la sociologue Yolande Benarrosh (professeure de sociologie à l’Université d’Aix-Marseille, analyse et étudie beaucoup le développement de la ville de Tanger) qui a réalisé une excellente étude sur le thème “Est ce que Bir Chifa est à Tanger?”
Une autre conférence du Dr William Kutz chercheur et géographe urbain qui s’est intéressée à “L’impact de l’investissement espagnol dans l’immobilier Tangérois”,etc.
En plus de ces rencontres, Think Tanger organise de nombreuses résidences artistiques invitant des artistes de différents horizons à s’exprimer sur la même thématique. Plusieurs importantes expositions sont d’ailleurs organisées au sein de l’atelier Think Tanger que ces dynamiques jeunes transforment magistralement selon les circonstances et les événements.
Le prochain cycle que lance la plateforme Think Tanger s’intitule “FictionS socialeS” et permettra de penser la ville durant les prochaines décennies. C’est le journaliste et écrivain Driss Ksikes qui l’inaugurera, le 17 décembre, invité pour une rencontre autour de son dernier livre, “les sentiers de l’indiscipline”.

Quartier Zouitina (Béni Makada)

En parallèle, il y a aussi ces importants laboratoires urbains qui s’intéressent essentiellement à un seul quartier au lieu de toute la ville. L’objectif de cette plateforme est d’aller travailler directement avec des associations de quartiers. Et c’est sans nul doute ce qui a le plus séduit Lamiae jusqu’à être persuadée de quitter Casablanca et ses nombreux bons festivals pour rejoindre Think Tanger.
Ces laboratoires urbains servent à informer le simple citoyen de ce qui se passe dans sa ville et de lui expliquer les raisons.
“Beaucoup de gens ignorent souvent pourquoi tel ou autre projets ont été bâtis et pour qui exactement” explique-t-elle.
Via des ateliers artistiques, cette approche multicommunautaire aide à développer la conscience citoyenne et pousser les populations cibles à agir en tant que bons citoyens.
Ce qui est beau dans cette démarche c’est qu’elle donne une priorité aux besoins exprimés par les populations du quartier qui choisissent les projets à concrétiser.
Atelier radio, vidéo, cinéma, design social, psycho-géographie et ingénierie culturelle sont parmi les projets que les habitants de Zouitina ont choisi avec Lamiaa.
Le quartier a même eu le privilège d’avoir son propre journal mettant en exergue les principales actions de cette action.
Au total, Think Tanger travaille actuellement avec six quartiers différents de la périphérie et chacun d’eux programme ses propres ateliers.

Makan, la revue vitrine de la plateforme…

L’impression est l’autre belle activité de Think Tanger. Un journal de quartier, des cartes de la ville selon la thématique du cycle abordé, une revue proposant des analyses, des articles et des points de vue de grands experts de différents pays sur la thématique du cycle programmé, de la sérigraphie, etc.
Ces énormes efforts méritent amplement que les bailleurs de fonds locaux et nationaux s’approchent de cette association et la soutiennent dans la réalisation de ses différents projets.
L’idéal, en premier lieu, est que les principales autorités et institutions locales et régionales (Wilaya, Commune urbaine, Conseil régional) s’intéressent de plus près à ce que font ces jeunes si extraordinaires et les aident à avoir un espace beaucoup plus grand que l’atelier de Darna. En effet, il existe pas mal de bâtiments fermés à Tanger qui tombent pratiquement en ruines et qui peuvent bien être cédés à cette association pour une meilleure exploitation.
L’exemple du succès du centre culturel Riad Sultan géré avec brillance par Zoubeir Benbouchta mérite d’être répété avec les jeunes qui font Think Tanger.
Très fière du succès réalisé à Riad Sultan, le Wali Mohamed Mhidia serait sûrement enchanté d’accueillir les membres de cette association et de les écouter.