La relance des activités touristiques et sa réussite, durant cette période de l’été 2021, reste le premier souci de Rkia Alaoui. La présidente du CRT-TTA a retroussé ses manches pour gagner ce grand défi à la fois personnel et professionnel.
Dans cette interview Mme Alaoui, également DG du magnifique Marina Smir Hotel & SPA revient sur sa carrière dans ce secteur, la parité et le rôle des femmes, mais surtout sur l’actualité du secteur qui s’annonce pleine d’espoir.
Comment Rkia Alaoui s’est-elle retrouvée dans le secteur touristique ? Comment a été le début de cette belle Aventure ?
Je me suis retrouvée dans ce secteur par le plus beau des hasards. Après avoir fait mes études à l’université d’Aix Marseille, dans la gestion et le management des affaires, rien ne me prédestinait à une carrière en hôtellerie. Ce n’est qu’en rentrant au Maroc, et rejoignant, pour mon premier poste, l’hôtel Hyatt Regency de Rabat, que j’ai découvert en moi cette passion pour le métier. Une passion qui m’accompagnera pendant plus de 30 bonnes années dans mes différents postes occupés.
En tant que femme, est-ce que votre profession comme directrice d’un grand hôtel n’influence-t-elle pas beaucoup votre vie familiale ? Comment faites-vous pour réconcilier entre travail et famille ?
L’émancipation des femmes est en marche dans notre pays, ce qui fait que l’on occupe désormais des postes qui étaient difficilement accessibles à la gente féminine, et réservés aux hommes. Ce changement de paradigmes a fait qu’on s’est rapproché, au fur et à mesure, d’une équité dans la distribution des responsabilité, que ce soit dans un cadre professionnel ou personnel.
Même avec tout ce qui a été gagné, la lutte de la femme ne fait que commencer. L’équité réelle n’est pas encore au rendez-vous et la lutte de la femme dans son espace professionnel et personnel continuera. Mais le changement de mentalités, chez l’homme, comme chez la femme, me rendent optimiste pour l’avenir. Un avenir où la femme sera traitée comme égale à l’homme, dans tous les aspects de la vie.
Vous êtes également présidente du CRT (Tanger-Tétouan-al Hoceima) qui est une grande responsabilité à assumer. Quand vous êtes en visite dans les établissements touristiques de la région, sentez-vous que le problème du genre dans le secteur est bien dépassé ou qu’il reste beaucoup à faire pour que les femmes récupèrent pleinement leurs droits?
Je pense que notre secteur, par rapport à plusieurs autres, est mieux avancé dans la gestion de la problématique du genre. Les femmes occupent différents niveaux de responsabilités, et souvent trouve-t-on que dans plusieurs établissements, les femmes sont plus présentes que les hommes.
Maintenant, est-ce qu’on est arrivés à la situation optimale ? Certainement pas. Il faudra chiffrer la chose, mais il y a certainement moins de femmes que d’hommes qui occupent le poste de directeur d’établissement hôtelier. Et la problématique de l’équité salariale homme-femme reste posée, vu que les hommes continuent à être payés pour un même poste de responsabilité, plus que les femmes. Ceci n’est pas une problématique qui est propre à notre secteur, ou pays, mais bien une problématique mondiale, contre quoi il faudra continuer à lutter.
Sur le plan professionnel, qu’est-ce qui se prépare actuellement dans les établissements touristiques (hôtels, restaurants, espaces de loisirs, etc.) pour que cette saison estivale tant attendue par les Marocains soit réussie? Quels sont vos recommandations aux professionnels dans ce sens?
Nos établissements sont mobilisés depuis plusieurs mois afin de préparer la saison estivale. Dans notre région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, la saisonnalité reste omniprésente, et la saison d’été est naturellement la plus importante pour nous opérateurs.
La bonne nouvelle est que les touristes vont retrouver une région qui renoue avec la normale, petit à petit, mais aussi une région qui a continué à se renouveler, même pendant la pic de la pandémie. De nouveaux lieux d’intérêt touristique ont été créés et revalorisés dans toute la région et plusieurs établissements ont ouvert leurs portes, sinon subis de larges opérations de réaménagement.
Je pense que les professionnels sont bien conscients des challenges de cette saison estivale de 2021, vu que nos visiteurs s’attendent à des vacances de tout repos, surtout après la période très stressante qu’ils ont vécu avec la pandémie. Loin de leur recommander quoi que ce soit, je leur souhaite surtout beaucoup de courage pour réussir leur saison, et commencer à éponger, même partiellement, les pertes cumulées.
Le confinement dû au Coronavirus a été l’occasion de lancer des projets de réaménagement ou de nouvelles constructions aussi bien à Tanger qu’à Tétouan, Alhoceima et les autres villes de la région. Il s’agit de points très positifs qu’il faut savoir utiliser pour séduire les touristes étrangers. Que fait Rkia Alaoui pour bien profiter de cette aubaine ?
Il n’y a effectivement pas de promotion sans offre. Et le fait que l’offre s’agrandisse pour répondre aux différents segments de clientèles, est une aubaine qui ne sera certainement pas ratée dans notre communication. Ceci s’illustre tout d’abord par ce qui a été réalisé jusqu’à maintenant par notre Conseil, que ce soit le nouveau site web lancé, les applications mobiles dédiées à Tanger, Tétouan-Tamuda Bay, Al Hoceima et Chefchaouen, le chatbot régional pour la planification d’itinéraires, ainsi que les systèmes de market intelligence, de collecte de données et de veille.
Lors de ce mois de juin, nous allons dévoiler la déclinaison de notre stratégie 2021, sur laquelle notre Conseil Régional du Tourisme a travaillé d’arrache-pied, afin, entre-autres, de capitaliser sur l’offre existante, pour vendre nos destinations.
Dans ce sens, un large dispositif promotionnel et commercial est prêt au déploiement, et sera
lancé incessamment. Le rôle de ce dispositif est de renouveler et rafraîchir l’image de la région, et d’en vendre les attributs de façon plus claire et plus efficace, que ce soit au Maroc, comme à l’étranger.
Propos recueillis par A.R.