Le Maroc est un pays au climat semi-aride, il est classé parmi les pays à stress hydrique élevé. La preuve cette année nous l’avons tous ressenti au point de remettre en cause nos politiques…
Bien que le Maroc, s’est engagé, depuis des décennies, dans la gestion de ses ressources en eau en construisant de grandes infrastructures hydrauliques pour répondre à ses besoins ménagers, industriels et agricoles (la politique des barrages de feu Hassan 2), nous continuons à dépendre des irrégularités climatiques et notamment des périodes de sécheresse qui mettent à mal nos réserves hydriques, ou alors des crues importantes et pluies torrentielles ( les récentes inondations dans les villes ).
C’est pour dire que la sécurité hydrique du pays présente beaucoup de faiblesses. S’ajoute à cela la dispersion dans les textes réglementaires entre plusieurs départements ministériels (Ministère de tutelle, Ministère de l’Intérieur, Santé) et la pluralité des acteurs. Au total plus de 20 acteurs/dispositifs pour gérer l’eau, mais quelle gouvernance transversale entre eux ? et pourquoi arriver à l’état du stress hydrique ?
Parmi ces mécanismes, On en dénombre plus de 20 :
1. Loi 10-95 (16 août 1995) sur l’eau qui évoque les principes tels que le « le pollueur-payeur » et le « préleveur-payeur ».
2. Loi 36-15 (10 août 2016) qui révise et complète la précédente loi 10.95 relative à l’eau, et fixe les bases d’une gestion intégrée, décentralisée et participative des ressources en eau.
3. Le conseil supérieur de l’eau et du climat (CSEC).
4. Les Agences de Bassin Hydrauliques (ABH), sont au nombre de 9 : Oum Er Rabia – Sebou -Nord-Ouest-Sud Atlas-Moulouya – Tensift – Bouregreg – Souss Massa.
7. Les conseils de bassins hydrauliques
5. L’Office National de l’Electricité et de l’Eau Potable (ONEE),
6. Les commissions préfectorales et provinciales de l’eau,
8. Le Haut-Commissariat Aux Eaux et Forêts et à la Désertification
9. Le Conseil National de l’Environnement,
10. Le Secrétariat d’Etat chargé de l’Eau et de l’Environnement
11. La Commission interministérielle de l’eau.
12. Le Programme National pour l’Approvisionnement en Eau Potable et l’Irrigation 2020- 2027. (PNAEPI) (Irrigation de 22 golfs  existants à partir des eaux usées épurées d’ici 2027).
13. Le Plan national de l’eau (PNE) pour la période 2020-2050,
14. Le plan directeur d’aménagement intégré des ressources en eau » (PDAIRE).
15. L’allocution Royale à la 9ème session du (CESE) Conseil Économique Social et environnemental.
16. – Le Programme National d’Economie d’Eau en Irrigation (PNEEI)
17. Le dessalement de l’eau de mer et la déminéralisation des eaux saumâtres.
18. Le Plan National d’Assainissement Liquide (PNA)
19. Le Programme National des Déchets Solides Ménagers (PNDM).
20. La Coalition Marocaine pour l’Eau (COALMA)
21. Le Programme National d’Assainissement Mutualisé (PNAM) ».
En conclusion, tout un arsenal juridique et institutionnel, et nous sommes toujours selon le rapport publié par la banque mondiale en 2017, un pays classé en dessous du niveau « stress hydrique extrême » défini par les nations unies, et en dessous du « niveau de pauvreté hydrique » avec 645 mètres cubes de litres d’eau par personne et par an. Le seuil de dignité étant de 1000 mètres cubes, car le droit à l’eau est défini par une résolution 64/292 de l’Assemblée générale des Nations Unies du 28 juillet 2010, et par les résolutions subséquentes, intitulées « Les droits de l’homme à l’eau potable et à l’assainissement » adoptées par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, et il est également consacré dans l’article 31 de notre Constitution de 2011.
Plus de 20 acteurs et mécanismes mis en place par l’état et pourtant nous continuons à subir l’état de stress hydrique extrême à l’approche de l’été et le lendemain de la fête d’aïd al Adha.
Le gouvernement devrait prendre les mesures nécessaires pour l’effectivité de cette politique d’un point de vue juridique et surtout du point de vue gouvernance et interconnexions de tous ces dispositifs, car au final il s’agit plus d’une crise de gouvernance que d’une crise de l’eau.

Soukayna BENJELLOUN
Vice-présidente de l’association marocaine des politiques publiques