Icône de la société civile Tangéroise, Asmaa Chérif d’Ouezzane puise son grand savoir-vivre et être de l’une des familles les plus renommées de la région Nord du Maroc, et du berceau de celle-ci, Dar Dmana à Mershan.
D’une photo de souvenir, elle raconte à Dar Mershan son enfance, sa famille et Tanger durant cette belle époque.
Quelle a été l’impulsion vous ayant encouragé à raconter Dar Dmana à travers votre première enfance dans cette grande maison et cette grande famille Tangéroises ?
Tout est parti d’une photo. En rangeant les tiroirs de mon bureau pendant le premier confinement, je suis tombée sur une vieille photo de deux bébés. J’ai d’abord froncé les sourcils avant de me reconnaître auprès de mon jumeau, mon cousin Sidi Morad.
Le comment et le pourquoi de cette photo m’ont poussé à aller prendre des renseignements auprès de feue Lalla Batoul, épouse de Moulay Driss et Maman de mon charmant compagnon. L’histoire est racontée dans mon ouvrage.
Dans votre livre, au fond, vous racontez la vie à Tanger durant une époque essentielle de l’histoire si riche de cette ville. Une vie, où malgré les différences sociales entre les familles, il existait une grande solidarité qui les unissait. Comme d’autres grandes maisons de l’ancienne Médina, Dar Dmana jouait également le rôle de foyer social apportant le soutien aux familles nécessiteuses. Comment ce rôle est-il devenu la «mission» de la famille Chérif d’Ouezzane?
Effectivement le soutien aux familles nécessiteuses se retrouvait dans les grandes maisons, dans toutes les villes et familles marocaines, mais il faut reconnaître qu’à Dar Dmana cette tradition reste un héritage.
Dar Dmana a assumé le rôle de foyer social apportant un soutien moral aux familles nécessiteuses à l’époque où il n’existait pas encore d’associations caritatives.
Mais en sa qualité de Zaouia, garante du culte et des traditions musulmanes, elle applique le précepte de l’Islam dont la charité et la défense des opprimés. Ainsi, cette action, avec le temps, lui a valu ce nom de Dar Dmana. En effet, c’est devenu une mission de la famille Cherif d’Ouezzane. Venir en aide, au secours des nécessiteux.
Exemples: la distribution du pain quotidien et repas; servir d’intermédiaire dans les conflits entre individus; circoncision des enfants; octroi bénévole du vaccin de la variole (début du 20e siècle); mariages des jeunes filles orphelines, etc.
Nos ancêtres reconnus pour certains d’entre-eux comme guérisseurs qui pratiquaient la médecine traditionnelle. L’exemple de la «Azama» qui est encore pratiquée aujourd’hui au Marshan. Les patients sont encore très nombreux.
Personne ne nie non plus l’importance du rôle de Dar Dmana et la famille Chérif d’Ouezzane au niveau politique. Dans votre jeune âge vous avez sûrement vu passer chez vous d’importantes personnalités politiques marocaines et étrangères. Comme qui par exemple ?
Je ne peux me prononcer en ce qui concerne le monde politique dans ma famille. Dans mes souvenirs d’enfance j’étais trop jeune pour comprendre. Quand le plus âgé de mes oncles, Moulay Hassan, Pacha à Ksar el Kebir, recevait des personnalités à Dar Mershan, j’entendais dire à haute voix : «Que les femmes se retirent». Elles devaient laisser le chemin libre au grand Cherif accompagné de ses invités.
Dans le silence des coulisses, quand je posais des questions, on me repondait: «Ce sont des Hommes d’Etat».
Les femmes préparaient les repas dans une cuisine bouillonnante. Dans ma propre famille, mes oncles ainsi que mon père, sont presque tous passés par des postes importants: gouverneur, secrétaire général, parlementaire, maire de la ville, etc. Mais cela me semblait normal.
En lisant le dernier paragraphe de votre premier livre, on a immédiatement envie de passer au second. Comptez vous écrire la suite de votre histoire à Dar Dmana?
Aujourd’hui, je ferme les portes de Dar Dmana, cet écrin de mon enfance. Mon histoire se limite à l’intérieur de cette maison familiale.
A la demande de mes lecteurs, je la réouvrirai en temps voulu.
Je tiens à remercier mes amis et ma famille pour leur aide et leurs encouragements. Je remercie mes amis Lions pour avoir si bien su diffuser le titre de mon ouvrage.