Les habitants de la rue de Hollande ont comme l’impression d’avoir été oubliés par les responsables qui gèrent leur ville. Malgré tous les problèmes dont souffrent les autres quartiers et rues de Tanger, la rue de Hollande occupe sans doute le haut du podium du désespoir, au point que plus personne n’arrive à comprendre cette situation.
Nommée dans le passé Calle Holanda, puisque la majorité écrasante de ses habitants était espagnole, cette artère qui fait intersection avec la rue du Mexique et, plus bas, avec la rue de Fès, se trouve dans un état de détérioration avancée. C’est dans cette rue, pourtant très animée, qu’il existe le plus de carreaux de trottoir cassés. C’est à la Calle Holanda qu’il y a toujours une absence de lumière la nuit à cause de ces poteaux électriques vétustes qui n’ont pas été remplacés depuis les années 80. Et finalement, c’est au cœur de cette rue de Hollande que s’installe avec toutes les commodités du monde l’un des bordels les plus anciens de Tanger.
Un bordel? Oui et il est situé au sous-sol des immeubles jumeaux que tout les Tangérois connaissent très bien.
Hélas l’histoire de ces 2 sous-sols remonte aussi à plusieurs années, mais l’autorité responsable des mœurs n’a jamais fait son travail pour éradiquer entièrement la prostitution de ces 2 immeubles. Malgré les plaintes du voisinage et malgré tous les dangers que représente ce fléau (consommation de drogues dures, alcool et transmission de maladies graves comme le sida), la police n’a jamais ouvert une vraie enquête dans ces sous-sols pour savoir qui y habite, comment et pourquoi…
Selon des voisins témoins, ces femmes font partie d’un réseau bien organisé. Même les caméras de surveillance des deux immeubles ont été volées et le dernier vigile a été tabassé pour quitter l’un des immeubles. Depuis, par peur personne n’accepte de le remplacer. Les habitants ont placé de nouvelles caméras de surveillance, sachant bien que sans une intervention ferme de la police pour mettre fin à ce bordel, ces caméras seront de nouveau volées ou cassées pour permettre au juteux commerce de continuer d’exister sans aucune crainte.
A la préfecture de la police, la réponse classique est la même “nous voulons du flagrant délit pour intervenir”. Une prostitution impossible à prendre en flagrant délit puisqu’elle a lieu dans des chambres individuelles existant dans un sous-sol à l’accès très difficile de jour comme de nuit.
C’est à la brigade des mœurs de trouver le moyen d’agir, ainsi qu’à l’administration territoriale concernée. Le Caïd plus précisément. Car l’idéal serait carrément de vider ces sous-sols et d’interdire au propriétaire des deux immeubles de les louer à des prostituées.
Mais l’idéal d’abord serait que le préfet de police exige une enquête sérieuse relative à cette grave affaire.
Et l’idéal finalement serait que la commune urbaine renouvelle l’éclairage public sur cette rue de Hollande et accepte de soigner ses trottoirs.
Dommage qu’une si belle rue soit si mal gérée!
A.R.