Par Ali Ghoudane
Docteur chercheur en sociologie

Dieu Tout-Puissant a dit : “ Ô vous qui avez cru, il vous a été décrété de jeûner comme il a été décrété à ceux qui vous ont précédés afin que vous deveniez justes * pendant un certain nombre de jours, donc celui d’entre vous qui est malade ou en voyage, alors un certain nombre des autres jours, et ceux qui en sont capables doivent payer une rançon en nourrissant un pauvre. Mais celui qui fait du bien, c’est mieux pour lui, et que vous jeûniez est mieux pour vous si vous le saviez *” (Sourate Al Baqarah, Verset 183-186).

Ramadan, mois du jeûne et de piété, l’un des cinq piliers de la religion islamique et neuvième mois de l’année lunaire pendant lequel les musulmans doivent s’arrêter de manger, de boire, de fumer et de s’abstenir des relations sexuelles entre le lever du soleil (Al-Fajr) et le coucher du soleil (Al-Maghreb). Durant ce mois, les habitudes de la vie quotidienne changent. Les changements observés pendant ce mois sacré concernent essentiellement le sommeil et la vigilance, les repas et les paramètres biologiques. Certes, ces changements influencent généralement les fonctions de l’organisme et du psychisme.
Jeûner, c’est nettoyer son organisme. Dieu Le Tout-Puissant dit : “Et que vous jeûnez serait mieux pour vous, si vous le saviez”. C’est aussi une méthode de lutte contre le vieillissement accéléré et un certain nombre de pathologies. Ainsi, le jeûne permet de diminuer de nombreux facteurs de risque tels le cholestérol, excès de poids, graisse abdominale, maladies cardio-vasculaires, troubles du comportement alimentaire, etc.
Généralement, le Ramadan survient sans transition, c’est à dire que les pratiquants passent du jour au lendemain, d’un style de vie habituel à un autre. Il s’agit donc d’un changement brusque. Cependant, certaines personnes jeûnent quelques jours par semaine durant l’année ou le mois précédent le Ramadan. Mais la majorité des musulmans entament le jeûne sans aucune préparation préalable, mais en aucun cas le jeûne ne doit mettre en danger la santé du jeûneur. En fait, diverses situations et pathologies à risques posent problèmes et ses auteurs sont autorisés à ne pas jeûner par les médecins praticiens spécialistes, de même par la Religion. Ainsi Dieu Tout-Puissant a dit “Et quiconque malade ou en voyage, puis un certain nombre d’autres jours”, confirmation du maintien du jugement sur la concession pour le voyageur et le malade. En plus, le jeûne est contre-indiqué aux personnes en état d’amaigrissement extrême, aux anorexiques, aux femmes enceintes et allaitantes, aux enfants, aux personnes souffrant d’une insuffisance hépatique ou rénale (hémodialyse), aux malades mentaux … À savoir que le jeûne n’est pas sans risques chez les patients diabétiques.

Certes, selon les recommandations de l’association americaine du diabe te (ADA) en 2010 et d’une étude prospective de cohorte menée en 2014 par ladite Association, les patients diabétiques désirent fortement jeûner le mois de Ramadan malgré  la tolérance de la religion et la dispense accordée par le Coran a  toute personne malade ou susceptible d’être fragilisée par le jeûne, d’où  l’intérêt  du suivi et de l’accompagnement de ces patients. D’ou  la nécessité  d’une éducation et d’un ajustement thérapeutique, tout en tenant compte du degré  du risque encouru, le jeûne peut être réalisé  avec un risque minime de complications aiguës ou de déséquilibre de diabète (*).
Finalement, le diabète fait partie des situations pouvant permettre l’exemption du jeûne étant donné les risques associés. Généralement, l’exemption du jeûne est autorisée dans toutes les situations rendant l’accomplissement de ce rite religieux difficile ou impossible : “Dieu désire pour vous la facilité et ne désire pas de difficultés pour vous”. ____________-

(*) Saloua Elamari et al. Prise en charge des patients diabétiques au cours du jeûne du
Ramadan : application des recommandations internationales en pratique clinique. Pan African
Medical Journal. 2020;36(316). 10.11604/pamj.2020.36.316.7201