Natif de Tanger au début deq années 60, il a grandi et passé toute son enfance avec sa famille qui habitait la rue Argentine. Une rue donnant accès à la fois à la rue du Mexique et celle Calle Holanda. Rachid était comme tous les autres enfants de son quartier. Il allait à l’école, jouait et faisait les mêmes bêtises que tous les enfants font durant cet âge. Rien ne semblait venir changer radicalement la vie de ce petit jusqu’à attendre l’âge de l’adolescence.
Dans sa vie, tout va basculer durant cette époque.
Vers la fin des années 70, il perd ses parents. Ses frères et sœurs se sont mariés et ont tous déménagé ailleurs. Rachid s’est retrouvé tout seul chez lui, dans une petite maison jadis pleine de bonheur, de partage et d’affection.
Il vit durant des années grâce à l’aide d’une de ses sœurs et surtout grâce aux voisins qui ne l’ont jamais laissé tomber. Surtout durant le Ramadan et les fêtes religieuses.
Pour gagner sa vie, Rachid s’est mis à vendre des cigarettes de contrebande. Il avait une petite table au bout de la rue d’Argentine où il vendait des bonbons pour les petits, mais surtout des cigarettes pour les jeunes. Un petit commerce qui n’a jamais marché. Rachid se sentait toujours seul et abandonné et pour oublier ses peines il buvait chaque soir. Il buvait tellement jusqu’à devenir alcoolique. Ne pouvant plus payer le loyer de sa petite maison, il s’est retrouvé dans la rue. Un sans-abri. Un SDF.
En perdant tout l’argent qu’il gagnait de son petit commerce, Rachid est devenu un mendiant alcoolique.
Un jour, à l’occasion d’une visite royale à Tanger, les autorités ont effectué des rafles pour « nettoyer » le centre-ville des SDF et des mendiants. Rachid est arrêté et « déporté » à Kénitra où il est relâché près d’une zone périphérique. Il était très malade et n’avait rien mangé depuis plusieurs jours. Un matin, des passants l’ont trouvé mort sous un arbre.
Si la ville avait un refuge spécial pour les SDF, Rachid ne serait pas décédé dans des circonstances aussi inhumaines et dramatiques.