Inauguration en grande pompe de la fresque Leila Alaoui réalisée sur un mur du bâtiment du Technopark de Tanger par l’artiste Mouad Aboulhana.
Instant de gloire. Voilà l’expression qui résume ce moment inoubliable rappelant non seulement une belle âme perdue, victime du terrorisme, mais également une victoire sur l’obscurantisme et l’absurdité d’une petite frange de notre société qui refuse tout ce qui a lien avec la beauté, la liberté et le droit d’expression.
L’action et l’acte de courage du jeune artiste peintre Mouad Aboulhana son splendides. L’idée est même géniale car elle rend éternelle l’âme d’une autre grande artiste qui a été victime de ce même obscurantisme quand il pousse ses limites de haine jusqu’au bout.
La fresque habillant le bâtiment du Technopark, avec ce sourire de Leila Alaoui, signe de liberté et d’espoir, dépasse les limites du simple art pour s’imposer comme un style de vie et une philosophie adoptés par la majorité absolue des Marocains.
Pour toutes ces raisons, nous devons tous remercier, encore et encore, Mouad Aboulhana pour avoir offert ce beau sourire de la défunte Leila Alaoui à Tanger.. Et remercier autant le Wali Mohamed Mhidia pour sa sagesse corrigeant à chaque fois d’innombrables imperfections qui menacent cette ville.
Qui est Leila Alaoui?
Petit rappel pour comprendre l’importance de l’œuvre artistique de Mouad Aboulhana
Leila Alaoui naît le 10 juillet 1982 à Paris d’un couple franco-marocain ; sa mère, Christine, est une photographe française et son père, Abdelaziz Alaoui, un homme d’affaires marocain.
Elle grandit à Marrakech à partir de ses six ans, résidant dans le quartier de la Palmeraie et suivant une scolarité dans des établissements qui relèvent de l’enseignement français au Maroc : l’école Auguste-Renoir puis le lycée Victor-Hugo. Elle part après étudier la photographie et la sociologie à l’université de la Ville de New York, où elle obtient un « Bachelor of Science » en photographie. Elle voyage ensuite en Europe et en Amérique avant de se réinstaller au Maroc à partir de 2008, tout en vivant régulièrement à Beyrouth – où elle a ouvert le centre d’art Station dans une usine désaffectée avec son compagnon Nabil Canaan- et à Paris.
Elle est grièvement blessée par balles à la terrasse du Cappuccino le 15 janvier 2016 lors des attentats de Ouagadougou, au Burkina Faso, où elle réalisait un reportage pour Amnesty International. En raison d’« une défaillance cardiaque due à des complications post-traumatiques, d’après plusieurs témoignages concordants », elle meurt trois jours plus tard, à l’âge de 33 ans. Le 19 janvier, son rapatriement est effectué au Maroc et le 20, elle est inhumée au cimetière Al Imam Souhaili de Marrakech.
Par arrêté du 28 octobre 2016, la mention « Victime du terrorisme » est inscrite sur son acte de décès.
À la suite de son décès, de nombreux hommages lui ont été rendus, au Maroc ou ailleurs : elle a notamment fait la une de magazines marocains comme, en janvier de la même année, l’hebdomadaire Telquel (no 701 ; « Leila Alaoui, 1982-2016 : Nous l’avons tant aimée »), ou en février, les mensuels féminin Femmes du Maroc (no 235 ; « Leila Alaoui : Immortelle ») et masculin VH Magazine (no 146 ; « 1982-2016, Leila Alaoui : Un regard »).
La 6e édition de la Biennale — artistique — de Marrakech, organisée du 24 février au 8 mai 2016, a été dédiée à sa mémoire.
En août 2016, représentée par son frère Soulayman, elle a été décorée officier de l’ordre du Ouissam Al Moukafâa Al Wataniya — ordre du Mérite national— par le roi Mohammed VI.
Sa famille crée en mars 2016 la Fondation Leila Alaoui dans le but de permettre l’archivage, la conservation et la diffusion de son œuvre ainsi que de porter les valeurs et combats qui étaient les siens.
Toujours en 2016, une fresque à son effigie est peinte sur un bâtiment de Grenoble par Snek (Marc-Alexandre Pisicchio).
En avril 2017, Leila Alaoui est promue Commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres à titre posthume par Audrey Azoulay, ministre de la Culture et de la Communication.
En 2018, le musée Yves Saint Laurent de Marrakech consacre une exposition à son œuvre.
A. R.