La récente publication dans La Dépêche du Nord a tiré la sonnette d’alarme dans le secteur touristique marocain : le pays pourrait faire face à une réduction significative de l’afflux de touristes français en raison de l’augmentation des taxes dans les pays émetteurs, comme la France. À cela s’ajoute la décision de Ryanair d’annuler certaines routes clés, comme celle reliant Porto au Maroc. Ces événements ne font pas seulement confirmer les risques signalés dans mon article du 13 juillet 2024, « Opportunités et risques pour le tourisme au Maroc », mais soulignent également la vulnérabilité d’un secteur trop dépendant d’acteurs externes.
Le Coût de la Dépendance
Les récentes décisions des gouvernements et des compagnies aériennes mettent en lumière le fait que l’absence d’une stratégie touristique autonome laisse le Maroc à la merci de tiers. Le cas de la France est éloquent : le pays a adopté un budget pour 2025 avec une forte augmentation des taxes sur l’aviation, dans une tentative de réduire son déficit fiscal. Cependant, cette mesure a suscité une telle controverse que l’exécutif a dû démissionner. Air France, qui avait appliqué une surtaxe pour cet impôt avant son approbation, a été contrainte de rembourser l’argent à ses clients.
Malgré ce revers, le nouveau gouvernement français a réussi à imposer l’écotaxe, ou « taxe de solidarité », qui entre en vigueur le 3 mars. Cette taxe double ses montants actuels : sur les vols nationaux et européens en classe économique, elle passera de 2,63 à 7,40 euros, tandis que sur les vols de moyenne distance, elle augmentera de 15 à 40 euros. Les compagnies aériennes, qui avaient déjà vendu des billets sans inclure cette nouvelle taxe, devront maintenant en assumer le coût ou le répercuter sur les passagers, générant incertitude et mécontentement.
Ryanair et la Menace de Retrait
En parallèle, la compagnie aérienne low-cost Ryanair a averti d’une possible réduction de sa présence en France si la pression fiscale continue d’augmenter. Michael O’Leary, son directeur général, a qualifié la France de « pays à forte fiscalité » et a laissé entendre que la compagnie pourrait réduire sa capacité opérationnelle dans le pays. La menace de Ryanair est un rappel cinglant de l’impact que peuvent avoir les politiques fiscales sur la connectivité aérienne.
Un Appel à l’Action
Le tourisme marocain ne peut plus continuer à dépendre des compagnies aériennes et des décisions gouvernementales étrangères qui échappent à son contrôle. Il est impératif que le Maroc adopte une stratégie d’indépendance touristique, basée sur la diversification des marchés émetteurs, le renforcement de sa connectivité avec des compagnies aériennes nationales et la promotion de son industrie touristique à l’échelle mondiale. Ce n’est qu’ainsi que le pays pourra se protéger contre les fluctuations de la politique internationale et garantir un flux constant de visiteurs, assurant ainsi la stabilité et la croissance du secteur à long terme.
Abderrahim Ouadrassi