“Au moment où les Tangérois et les acteurs concernés attendent toujours les résultats de l’enquête sur les récents incendies de la forêt de Rmilat et que des décisions pour dissuader et punir les responsables des incendies soient prises, sans négliger les étapes procédurales de reboisement de la zone sinistrée et une meilleure valorisation de cet espace, les visiteurs de la forêt de Rmilat ont été surpris ces jours-ci par une opération de déracinement de centaines d’arbres et la destruction d’une grande partie de la végétation dans la région. Il s’agit d’une action contraire aux promesses et engagements des autorités pour protéger ce site.
La taille de l’espace, sa localisation et son importance stratégique confirment sans aucun doute qu’il ne s’agit pas seulement d’un comportement imprudent, ce qui ne peut être accepté.”
Cet SOS a été lancé fin août par Me Abdelaziz Janati, avocat à Tanger et grand défenseur de l’environnement. Et ce n’est par hasard que Maître Janati a réagi. Comme le montrent ces photos qu’il a partagées sur sa page fb, la menace d’un probable projet immobilier existe bel et bien.
La menace existe car ce n’est pas la première fois qu’une zone forestière incendiée s’est transformée en zone villas.
On se rappelle tous de l’incendie qui avait ravagé il y a quelques années une partie de la forêt de Madiouna et de Rahrah aussi où de nouvelles constructions ont été bâties, des villas notamment vendues à plus de 500 millions. Les autorités locales avaient pourtant promis de reboiser ces sites. Une promesse qui n’a jamais été tenue.
Sera-il le cas aujourd’hui dans cette zone de la forêt de Rmilat ? Il n’existe aucune réponse certifiant la protection de cette zone. Ni la Wilaya, ni la Commune ont publié un communiqué rassurant l’opinion publique.
Selon un rapport de la Banque mondiale, les catastrophes naturelles (sécheresse, inondations, etc.) coûtent au Maroc, un des pays de la région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord les plus exposés aux risques géologiques et climatiques, plus de 565  millions d’euros par an.
Selon le ministère de l’Agriculture, plus de 10.000 hectares ont été touchés par les feux de forêts dans plusieurs régions septentrionales du Maroc depuis le début de l’été.
À titre de comparaison, 2.782 hectares de forêt avaient été détruits par 285 incendies de janvier à septembre 2021, en particulier dans la région du Nord.
Cet été, à Tanger, la cible des feux était la forêt de Rmilat.
“La forêt de Rmilat couvre 300 hectares, et le feu s’est déclaré y a touché entre 20 et 25 hectares. Grâce à l’intervention rapide des sapeurs-pompiers le pire a été évité”, explique un membre de l’Observatoire pour la protection de l’environnement.
Les circonstances du déclenchement de l’incendie ne sont pas connues alors que des rapports indiquent que la saison estivale actuelle connaît une vague inhabituelle d’incendies en raison de la hausse sans précédent des températures.
“L’incendie de cette année se trouve sur le versant de la montagne qui fait face à la mer, de sorte que les vents qui soufflent de la mer et de la montagne forment un cercle. Ce feu est dangereux parce qu’il augmente la force du feu, ce qui est le contraire de ce qui s’est passé les années précédentes, lorsque le feu était un peu éloigné de la mer”, affirme la même source.
Depuis le début de l’année 2023, le Royaume a enregistré pas moins de 182 départs de feu, affectant plus de 1000 hectares de formations arborées.