Au moment du rachat à 1 DH symbolique, la dette de la librairie des Colonnes était d’environ 1 MDH. Elle a dépassé aujourd’hui les 2 millions. Les employés réclament aussi leurs salaires impayés depuis des mois.

Quand un libraire refuse de payer un éditeur, qui est son premier fournisseur, il met en danger à la fois la maison d’édition  et sa propre librairie. Paymemotto est un site qui publie des centaines de plaintes et de messages d’éditeurs qui informent le public et les autres clients et fournisseurs du refus de tel libraire de payer ses factures. Ainsi, les autres éditeurs font plus attention et refusent de travailler avec ce libraire « mauvais client ». Pymemotto fait référence à Mottobooks, librairie dont le propriétaire est Alexis Zavialoff, un des 4 propriétaires de la librairie les Colonnes!
A Tanger, la librairie des Colonnes vit actuellement dans cette même situation. Depuis leur arrivée, les nouveaux propriétaires (ils sont 4 actionnaires) n’ont finalement fait aucun effort pour sauver cette librairie, patrimoine historique et culturel de la ville.
Peu de gens sont au courant que Khalid Tamer, qui habite désormais à Tanger, Alexandre Sap, propriétaire de Rupture à Paris, Marseille et Venice, Alexis Zavialoff et Mathias Orhel, avaient racheté la librairie des Colonnes en payant 1 Dirham symbolique mais avec l’obligation de payer toutes les dettes accumulées de la librairie.
Au moment du rachat, la dette de la librairie des Colonnes était d’environ 1 MDH. Elle a dépassé aujourd’hui les 2 millions.
Non seulement les 4 actionnaires n’ont jamais payé les dettes, mais en plus, cela fait maintenant plusieurs mois que les deux libraires qui dirigent les Colonnes, M.B. depuis plus de 30 ans et A.Z. depuis 10 ans, ne perçoivent pas leurs salaires et leur adhésion à la CNSS n’est pas payée non plus.
Quand ils demandent à l’actionnaire marocain K.T. de leur régler leurs salaires, puisqu’il vit à Tanger, il leur répond qu’il a payé le loyer et c’est aux autres (qui vivent en Europe!) de s’occuper des salaires.
Pour l’instant, les actionnaires paient uniquement le loyer du fameux local du boulevard Pasteur évitant ainsi d’en être évacuer.

La librairie les Colonnes se retrouve ainsi  dans un état déplorable et même très grave. Les éditeurs refusent de plus en plus de livrer des livres et seuls quelques auteurs y déposent de temps à autres leurs romans. Les étagères commencent à se vider des nouvelles publications et à peine quelques petites rencontres littéraires qui n’attirent pas grand monde y sont organisées.
Le décor est pratiquement celui du chaos. C’est comme si on cherche à provoquer une déclaration de faillite qui va permettre de passer l’éponge sur toutes les dettes et de repartir de zéro.  Sauf que les actionnaires oublient, ou font semblant d’oublier, que la faillite veut dire aussi la disparition définitive de la librairie des Colonnes à Tanger.
En attendant, plusieurs sources ont informé La Dépêche que l’actionnaire marocain K.T. a créé une association « Founoun Al Boughaz » qui a son siège social à la librairie des Colonnes et qu’il compte organiser la première édition d’un festival littéraire à Tanger en octobre prochain. On assure aussi que l’intéressé cherche actuellement des fonds et des subventions pour financer son éventuel festival.
Tout en négligeant ses 2 employés des Colonnes, K.T., le président de Founoun Al Boughaz, fait actuellement d’énormes efforts pour convaincre le ministère de la culture de soutenir finacièrement son événement. Sachant que l’Institut français du Maroc aurait déjà refusé de « coopérer », l’idée serait d’obtenir la validation du ministère de la culture avant qu’il ne soit trop tard. K.T. compte beaucoup également sur un autre membre fondateur, un français qui serait directeur dans le groupe Renault.
Ainsi, entre l’absence des actionnaires européens et le probable projet événementiel du patron marocain, la librairie des Colonnes se dirige vers un avenir incertain.
Pourvu que quelqu’un réagisse.