Dans une interview qu’il a accordé à la MAP, le conservateur régional du patrimoine, Larbi El Mesbahi, a mis  en relief les projets relatifs à la protection et la mise en valeur du patrimoine archéologique de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima.
« Les différentes formes de patrimoine, dont regorge la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, renforcent l’ancrage historique de la région, puisqu’elles représentent le miroir et le registre de notre ADN culturel », a indiqué le conservateur régional du patrimoine, qui cité tous les sites sauf celui de l’ancienne cité de Cotta. L’a-t-il oublié ou tout simplement ignoré parce Cotta n’existe plus comme patrimoine historique appartenant à la ville de Tanger et ses habitants.
« Ce patrimoine résulte de l’interaction de 4 éléments essentiels, à savoir une situation géographique et géostratégique singulière, une évolution historique millénaire, une culture de gestion et d’exploitation des ressources naturelles du territoire spécifique et un échange culturel, intellectuel et humain permanent avec les autres », a précisé M. El Mesbahi.
 


« Il comprend une trentaine de sites archéologiques majeurs, qui couvrent différentes typologies d’établissements humains, des villes et des villages fossilisés, des installations militaires et industrielles, des routes historiques, des ouvrages de mise en valeur agricole ainsi que des ports d’échange commercial », a-t-il poursuivi, mettant en avant ces vestiges, considérés comme témoins matériels des différentes civilisations qui se sont constituées sur ce territoire depuis les époques préhistoriques jusqu’aux temps modernes. Cotta n’est-elle pas un vestige témoin d’une civilisation qui a fait l’histoire de Tanger ?
Voici la preuve que El Mesbahi a complètement « ignoré » Cotta:
« Parmi ce patrimoine figurent les sites préhistoriques des grottes d’Achakar à Tanger Kahf Taht Al Ghar près de Belyounech, Ghar Lakhal à Tétouan, le monument mégalithique exceptionnel de M’zora à proximité de Larache, les sites archéologiques de l’antiquité punico mauritanienne et romaine comme le site Lixus, le site de Zilil près de la ville d’Assilah, le site de Tamuda à Tétouan et bien d’autres sites qui attendent d’être exhumés et mis à jour »… En effet, en citant la majorité absolue des sites archéologiques protégés par son administration et le ministère de la tutelle (culture) Larbi El Mesbahi n’a pas du tout parlé du site de Cotta, comme si ce vestige a cessé d’exister, ou qu’il ne dépend plus de son département.
En évoquant même les Médinas des villes constituant la région (Tanger, Tétouan, Chefchaouen, Ouazzane, Ksar El Kébir, Larache et Assilah), dont l’évolution historique et urbaine s’étend sur plusieurs siècles depuis l’époque médiévale jusqu’à présent, et les projets visant leur protection,El Mesbahi a également parlé de la gestion de ce patrimoine, précisant que la stratégie nationale en la matière a été déclinée au niveau de la région à travers 4 axes d’intervention, à savoir l’identification et l’inventaire du patrimoine régional, la protection juridique de ce patrimoine, les projets de restauration, de sauvegarde et de réhabilitation du patrimoine, ainsi que sa valorisation socio-économique. Et le site de Cotta n’a-t-il pas droit d’une protection juridique ?
Au fond, c’est la question que tous les responsables sur le plan local, régional et national, évitent, car Cotta semble n’être plus sur la liste du patrimoine archéologique de Tanger.
Et d’ajouter: « Impulsée par une volonté Royale et pilotée par le Wali de la région, cette stratégie a permis la création et l’ouverture de nombreux sites et monuments restés longtemps fermés, à l’instar du musée de la Villa Harris des arts plastiques, le centre d’interprétation d’Ibn Batouta dans le site magnifique de Borj Na’am, ainsi que le centre d’interprétation de la diversité naturelle et biologique de la région au château Perdicaris et son parc naturel splendide », a fait savoir M. El Mesbahi, sans jamais parler de ce qui est programmé pour la récupération de cet important site historique qui existe depuis des siècles, mais qui a « disparu » sur le plan légal et n’est plus intégré dans le processus de développement culturel et touristique de la région.
Le conservateur parle même de l’importance de l’accessibilité au patrimoine régional, consolidant le développement de l’économie de la culture, et la mise en place d’une stratégie de promotion et de marketing liée au patrimoine et à la culture, mais sans jamais inclure cet important site.

Et de conclure: « Il s’agit également de mettre l’accent sur l’amélioration des conditions d’accès et de visite dans les sites et monuments, le développement des programmes de fouilles et d’investigations archéologiques, l’ouverture des sites et monuments à l’investissement privé conditionné et régi par des cahiers de charges particuliers, l’intégration des associations et ONGs dans la gestion du patrimoine, en plus de la mise en place d’une stratégie de conservation et d’entretien permanente de ces ressources ».
Si Cotta est déjà passé au privé, existe-t-il un cahier charges qui réglemente cette privatisation? Et pourquoi ce site reste interdit aux visites?
Larbi El Mesbahi possède-t-il une réponse convaincante ?
A.R.