L’absence de la pluie durant cet hiver relance le débat sur l’efficacité de la gestion de l’eau à Tanger.
Quels sont les besoins d’une ville où la population dépasse un million d’habitants et qui possède des infrastructures industrielles dont la consommation est énorme? Comment gérer l’arrosage des espaces verts, de plus en plus nombreux? Et est-ce que la situation hydraulique actuelle est suffisante pour tout le monde?

Face à cette situation alarmante, le Wali Mohamed Mhidia est appelé à prendre les mesures nécessaires pour éviter le pire. Une circulaire doit impérativement ordonner la réorganisation de la gestion de l’eau pour éviter la grande pénurie durant les prochains mois.
Faut-il indiquer que jusqu’à fin janvier dernier, la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima a enregistré une chute de 63,80% de sa pluviométrie par rapport à la même période de l’année dernière. 
Dans toute la région, il n’y a eu que 152 mm de pluies depuis le début de la campagne agricole, soit un déficit pluviométrique de 61,18%. 
Mais si au niveau agricole, le problème n’est pas encore posé grâce au taux de remplissage des barrages qui est encore au dessus de la moyenne en comparaison avec d’autres régions du sud, Tanger et toute sa région ont besoin de nouveaux projets pour renforcer leurs capacités hydriques. Actuellement, le besoin est de pas moins de 80 millions de mètres cubes d’eau pour satisfaire les besoins domestiques et industriels. La région accuse, en effet,  un déficit d’au moins 20 millions de mètres cubes et qui va s’accentuer dans les semaines à venir avec le manque de pluie. 
C’est la raison pour laquelle les autorités locales devraient rapidement imposer des mesures restrictives pour une utilisation plus rationnelle de l’eau.
Rappelons que le retard pris dans la réalisation du projet de canalisation du Barrage Kharroub vers la station de traitement des eaux de Tanger, va impacter sérieusement les réserves de la ville au cours de la période estivale.
Et en attendant que ce projet soit réalisé, la prise de mesures urgentes pour protéger cette denrée, qui devient rare, s’impose.

Par quoi commencer ?
Arrosage des espaces verts, piscines, lavage de voitures…

On en a tellement aménagé que s’en occuper pose actuellement un problème. En effet, même si l’arrosage des jardins publics et autres zones vertes se fait en partie avec de l’eau recyclée, si la sécheresse perdure, la ville aura besoin de cette eau pour alimenter d’autres secteurs et activités dont les usines industrielles qui en consomment énormément. L’idéal serait de revoir même le nombre de ces espaces verts et penser à les réaménager sous autres formes moins consommatrices d’eau. En 2005, Lyon est la première ville de France à obtenir la Norme ISO 14001 pour récompenser sa gestion durable environnementale. Sa méthode se basait essentiellement sur la gestion de ses espaces verts et jardins publics.
Tanger peut faire pareil et avoir la même expertise.
Mais une bonne gestion de l’eau c’est aussi arrêter de laver moins sa voiture chaque week-end, de remplir sa piscine même sans l’utiliser et de balayer devant sa maison ou sa villa en utilisant un jet d’eau au lieu d’un simple balai.

Conclusion
En ces temps de dérèglement climatique permanent, il serait illusoire de compter sur la périodicité des pluies et des cycles humides. Il faudra sans doute trouver des solutions innovantes, des alternatives pour faire de cette région une zone de développement durable et de croissance économique. Et cela avec la marge d’erreur la plus minime possible.
En ces temps de l’intelligence artificielle (IA), on ne peut plus rester les bras croisés à attendre que le destin nous dicte sa volonté. Il faudra revoir les bases sur lesquelles nous fondons nos programmes, projets et politiques publiques pour les années à venir. C’est même une urgence.
Sans une eau suffisante pour tout le monde, les retombées seraient graves. Il y aura plus d’inégalités spatiales, un accroissent de l’exode rural et une multiplication de phénomène sociaux graves comme la pauvreté, le chômage et la criminalité.