Un an de pluie en une heure !
Des scènes d’apocalypse
Jusqu’à 400 litres d’eau au mètre carré
“Cela ressemblait à la fin du monde“
C’est le résultat direct du changement climatique. Les conséquences de ses méfaits sont très dures. C’est soit la sécheresse la plus insupportable, soit les pluies diluviennes et les crues qui emportent tout.
Les habitants de la ville de Valence et sa région, comme toute l’Espagne, sont sous le chocs. Le monde aussi.
Des pluies torrentielles ont provoqué des inondations dans une grande partie du sud et de l’est du pays, de Malaga à Valence. Plus de cent morts et plusieurs disparus sont officiellement annoncés.
La région de Valence et la côte méditerranéenne espagnole en général subissent régulièrement, en automne, le phénomène météorologique de la gota fria (la « goutte froide »), une dépression isolée en haute altitude qui provoque des pluies soudaines et extrêmement violentes qui durent parfois plusieurs jours. Les scientifiques avertissent que les phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les vagues de chaleur et les tempêtes, sont de plus en plus intenses en raison du changement climatique.
La région de Valence était pratiquement coupée du reste du pays depuis la veille, certains villages étant inaccessibles, ont indiqué les services de secours. Dans la nuit de mardi à mercredi, le président du gouvernement régional de la communauté de Valence, Carlos Monzón, avait indiqué que plusieurs corps avaient été retrouvés. « Nous faisons face à une situation sans précédent, que personne n’a encore jamais vue », avait-il ajouté.
Le gouvernement espagnol a annoncé un deuil national de trois jours, du jeudi 31 octobre jusqu’au samedi 2 novembre.
Le gouvernement central a mis en place une cellule de crise, qui s’est réunie pour la première fois le 29 octobre au soir, et a envoyé dans la région de Valence une unité de l’armée spécialisée dans les opérations de sauvetage.
Mercredi 30 octobre, toutes les écoles de Valence sont restées fermées, de même que les jardins publics. Tous les événements sportifs ont été annulés. Douze vols qui devaient atterrir à l’aéroport de Valence ont été détournés vers d’autres villes du pays en raison de fortes pluies et de vents violents, a indiqué l’opérateur aéroportuaire espagnol Aena. Dix autres vols qui devaient partir ou arriver à l’aéroport ont été annulés. Le transport ferroviaire entre Madrid et Valence est également interrompu.
Qu’en disent les experts
Les experts en météorologie affirment un lien direct avec le changement climatique. «On dispose de beaucoup d’études aujourd’hui pour affirmer que le changement climatique, en réchauffant l’atmosphère, accroît la quantité de vapeur d’eau disponible dans l’atmosphère et finalement induit des épisodes de fortes précipitations qui deviennent plus intenses», détaillent-t-ils.
En Espagne, il s’agit des inondations les plus dramatiques depuis août 1996.
Les grandes inondations à Tanger: une histoire répétitive
Dans la ville du détroit, les caprices à répétition de la météo, associés à un développement urbain anarchique, ont multiplié les risques d’inondation de zones oubliées des élus et des autorités locales.
• Le 23 octobre 2008, les inondations ont fait plusieure victimes, dont un jeune homme de 23 ans emporté par les crues de oued Mghogha au niveau du quartier Houmat Chouk, qui a été repêché du lit boueux de l’oued par les équipes d’intervention de la Protection civile. Dans la zone industrielle de Mghogha et Al-Majd plus de 150 usines ont été submergées par les crues.
Des pertes estimées à plus de 1 milliards MAD enregistrées dans la zone industrielle de Mghogha.
Suite à ces inondations, le Maroc a décidé de mettre en place, à partir de 2009, un fonds spécial de lutte contre les effets des catastrophes naturelles. Destiné à la prise en charge des opérations de secours et d’assistance aux populations sinistrées et au renforcement des moyens d’intervention et de prévention, le fonds est financé, en partie, par un don saoudien de 100 millions USD et des contributions publiques d’un montant de 1,1 milliards MAD.
• Le 22 décembre 2009, de fortes précipitations se sont abattues provoquant des inondations d’une faible ampleur et de légères perturbations du trafic routier dans certains quartiers. Ces perturbations météorologiques ont eu lieu alors que les Tangérois gardaient encore en mémoire les inondations de l’hiver 2008. Des inondations qui avaient provoqué la mort de plusieurs personnes et d’énormes dégâts économiques.
Heureusement, le remake de la catastrophe de ce jeudi noir n’a pas eu lieu et le pire a été évité. Même si les pluies ont atteint plus de 60 mm entre 6h et midi.
• Le 8 février 2021, des inondations à Tanger avaient fait 29 morts dans une usine textile. Des pluies torrentielles avaient envahi plusieurs quartiers de la ville.
• Le vendredi 9 décembre 2022, plusieurs quartiers de Tanger ont été submergés par les eaux, après que les déchets et les boues ont engorgé les canalisations des égouts, empêchant l’évacuation des pluies.
Plusieurs maisons et locaux ont été inondés, alors que des voitures ont été submergées dans les quartiers de Boukhalef, Hay Lkharba, Hay Ouarda, Bouhout, El Aouama et Gzenaya. Les mêmes scènes se sont reproduites dans plusieurs rues de Bni Makada et de Mojamaa El Hassani, où l’eau a bloqué les entrées d’un bon nombre de résidences.
• Le 19 octobre 2023, les pluies diluviennes ont transformé plusieurs quartiers en piscines à ciel ouvert. Les services de la Protection civile ont mis en place plusieurs dispositifs pour faire face à ces inondations.
A Bni Makada et El Aouama, plusieurs rues ont été submergées par les eaux de pluie après que les déchets ont engorgé les canalisations des égouts. De pareilles scènes ont été constatées dans les quartiers Dradeb et Tanja Balia.
Question pertinente
Pourquoi le plan d’urgence contre les inondations à Tanger (2021-2024) n’a-t-il pas été renouvelé pour une nouvelle période?
Abdeslam REDDAM