Trop de parkings tue les parkings
La SOMAGEC a-t-elle fait un mauvais calcul en voudrant multiplier si rapidement ses investissements en parkings?
Le fait est qu’en dehors de la saison estivale, période durant laquelle le nombre des véhicules à Tanger augmente vertigineusement, durant le reste de l’année les 11 parkings sous-sol du boulevard Mohammed VI, restent totalement vides et ceux du centre-ville sont à moitié remplis (souvent même pas!)
Malgré cette réalité, la SOMAGEC donne l’impression d’avoir faim de parkings. Mais plus elle en aménage et ouvre, moins de clients elle y accueille. Une faim si terrible qui provoque d’importants problèmes financiers, même si, en fait, on parle d’un grand groupe d’investissement réalisant des projets d’infrastructures énormes au Maroc.
A Tanger, les Sahyoun ont tout à revoir
Mais qu’est-ce qui fait fuir les automobilistes des parkings de la SOMAGEC? Ce n’est sûrement pas la qualité, et bien sûr pas le fait qu’à Tanger les gens préfèrent garder leurs véhicules dehors, sous les balcons de leurs appartements.
La première erreur monumentale commise par la SOMAGEC est de fixer des tarifs très chers, jugés même exorbitants par la majorité absolue des habitants de Tanger.
Exemple: dans les 2 parkings réaménagés à la Casbah, une heure de stationnement coûte 4 DH.
Mais elle est où l’erreur? Dans le fait que ces deux parkings existaient depuis des décennies et les habitants de ce quartier y gardaient leurs voitures à des tarifs, par heure ou mensuels, beaucoup moins chers que les nouveaux tarifs exigés par la société.
Désormais, ces deux espaces ne font plus le plein comme dans le passé.
L’autre erreur monumentale de la SOMAGEC à Tanger est de mettre la main sur des parkings névralgiques, même sensibles, où elle a appliqué la même politique.
Parmi ces parkings citons ceux de la corniche de Merkala. Un lieu de détente très prisé durant toute l’année par les populations locales qui y trouvaient l’espace idéal pour se détendre devant le vaste océan, ou y stationner leurs voitures pour faire la marche le long de la corniche. Avant, garder sa voiture dans ces deux parkings de Merkala coûtait deux fois moins cher qu’aujourd’hui. Les gens payaient 1 DH pour y rester quelques moments, voire 2 DH pour y passer des heures ou tout l’après-midi. Depuis l’arrivée de la SOMAGEC, les clients paient 4 DH pour chaque heure de stationnement. Un fait jugé naturellement inacceptable par la majorité des automobilistes, notamment durant cette période de crise.
Un autre parking pris par la SOMAGEC et qui a la même importance que ceux de la route de Merkala est celui du cap Spartel. Adossé au café restaurant, ce parking existait évidemment depuis très longtemps et il est un site essentiel pour les nombreuses familles qui se déplacent aux forêts de Rmilat et Achakkar. Avant l’arrivée de la SOMAGEC, ce parking était également à la portée de tout le monde. Il est devenu très cher aussi.
Pour toutes ces raisons les gens ont aujourd’hui tendance à boycotter les parkings gérés par la SOMAGEC, d’où les difficultés financières qu’elle subit de plus en plus.
Reste à signaler que le coup de grâce reçu par cette société était le verdict de la justice contre l’utilisation des sabots dans les nombreuses rues du centre-ville.
Un manque à gagner qui fait terriblement mal à la SOMAGEC.
Au fait, est-il vrai que le sabot sera bientôt légalisé au Maroc?
C’est le thème de notre prochaine histoire.
A. REDDAM