Trottoir de la rue d’Italie



Le trottoir le plus étroit au monde existe à Tanger. Le projet de réhabilitation de l’ancienne Médina de Tanger reste unique également par ses petites imperfections qu’on n’arrivera jamais à comprendre. C’est le cas du trottoir qui est actuellement en cours de réalisation à la rue d’Italie, juste après Bab Fahs. En effet, alors que cette artère est assez large pour permettre l’aménagement d’un trottoir d’une largeur logique et convenable, l’aménageur, pour des raisons encore indéterminées, a préféré construire un trottoir ne dépassant guère le demi mètre, voire moins encore.
Pourquoi faire si petit alors qu’on peut faire plus grand? Seul le maître d’ouvrage connaît le grand secret! Sachant que cette rue d’Italie est une artère 100% commerciale et que tous les magasins situés en face du jardin de la Mendoubia occupent entièrement ce trottoir, l’idéal aurait été de le construire avec une largeur d’au moins 1,5 mètre pour qu’il joue son vrai rôle de passage piéton. Même ne pas du tout l’aménager aurait été mieux que de lui réserver à peine 30 ou 50 centimètres de largeur. Une surface que les commerçants ont déjà occupé même avant la fin des travaux.
Lors de ses visites aux différents chantiers de réhabilitation de l’ancienne Médina, ou durant les rencontres dédiées au suivi de ces projets, le Wali Mohamed Mhidia ne cesse de rappeler l’importance de faire joli et efficace. Or, ce trottoir de la rue d’Italie n’est ni joli, ni efficace et cela veut dire que certaines instructions et remarques du Wali passent inaperçues et qu’il n’est pas mis au courant de tous ces petits détails qui ont pourtant une importance cruciale.
Dans ce journal, nous l’avons signalé depuis le début de cet énorme chantier en rappelant que malgré le résultat global du programme du réaménagement de l’ancienne Médina, quelques imperfections, dues à la mauvaise finition, restent des erreurs impardonnables.

Terrasse de Dar Dbagh

Une autre flagrante mauvaise finition est celle du système de canalisation imaginé par le concepteur qui insiste à les laisser à l’air libre, malgré les nombreuses remarques faites par tout le monde. L’aménageur insiste en effet à ce que ce mur de la terrasse de Dar Dbagh, si propre et si blanc actuellement, redevienne dans un état lamentable dès les premières pluies qui le rendraient affreusement laid et par conséquent tout l’espace réaménagé dans cette zone de la grande mosquée.
A rappeler qu’à quelques mètres de cette belle terrasse, un très beau bâtiment historique, délaissé depuis plusieurs décennies, vient d’être « libéré » et arraché à l’oubli et à l’abandon. Actuellement en cours de réhabilitation, ce bâtiment construit entièrement en pierres, va certainement donner une grande valeur historique et touristique à tout cet espace. Mais sûrement les touristes qui le visiteront seront désolés de voir ce mur de la terrasse de Dar Dbagh affichant une moisissure, qu’on peut très bien éviter en trouvant une meilleure solution à ces canalisations très mal posées aujourd’hui.

Tant qu’on y est encore…

La troisième imperfection n’est pas attribuée aux responsables de cet ambitieux programme qui a pour objectif de rendre « parfaite » cette importante zone de la ville. Là, nous sommes devant un squat purement et simplement opéré par des résidents de maisons et demeures situées dans des ruelles impasses. Il s’agit en général de petites ruelles où habitent quelques voisins qui ont vu normal et logique de les rendre propriétés privées, alors qu’une rue, peu importe sa dimension et même si elle est une impasse, appartient à tout le monde et pas du tout aux seuls familles qui y habitent.
Les photos démontrent qu’il s’agit bel et bien d’un squat opéré par quelques résidents (bizarrement des étrangers), dont notre ami français JP qui adorait bloquer la circulation en stationnant son véhicule à la rue Riad Sultan. Ce dernier, qui voulait à tout prix mettre la main sur le bâtiment de l’ancienne prison de la Casbah pour le transformer en restaurant, a vu normal casser un mur de l’enceinte de la Casbah et y monter une porte en fer interdisant ainsi l’accès aux citoyens. Même situation à Amrah où la rue de la demeure de Barbara Hutton est également squattée depuis des années sans aucune raison, sans aucune autorisation.
Les Tangérois parlent tous de « nouvelles colonisations » qu’il faut absolument stopper. Car, disons le encore une fois, Tanger appartient à tout le monde.

A. REDDAM