L’amélioration des services de santé au Maroc passe par le développement réel des métiers qui le constituent. Qu’en est-il des sages-femmes ? Réponses de Salma Begdouri.

Vous êtes sage-femme à Tanger depuis plusieurs années.
Comment avez-vous eu accès à ce domaine et comment jugez-vous votre expérience personnelle ?

Je suis sage-femme depuis 2007 et lauréate de l’Institut de formation aux carrières de santé de Tétouan, après l’obtention de mon diplôme, j’ai travaillé à la maternité de l’hôpital espagnole de Tétouan pendant 2 ans. Par la suite j’ai été recrutée dans un centre de santé avec module d’accouchement dans le monde rural pendant 7 années. J’ai acquis là-bas une grande expérience, vu que la sage-femme dans une maison d’accouchement assure seule la pratique de l’accouchement et le suivi des grossesses. J’accompagnais les parturientes en ambulance à la maternité la plus proche en cas de  nécessité d’une intervention et prise en charge. Cette expérience, dans le monde rural, était intéressante et très riche pour la suite de mon parcours professionnel.

Je suis également titulaire d’une licence en sciences juridiques et d’un DEUG en littérature espagnole. Et j’ai fait plusieurs formations, telles que la néonatologie, les complications obstétricales, la classe des mères, etc.
Actuellement, je travaille dans un centre de référence de santé reproductive où la sage-femme joue un rôle important dans le suivi des grossesses à risque, à titre d’exemple les utérus cicatriciels, la prèeclampsie (hypertension et grossesse), le diabète gestationel, etc., ainsi que le dépistage des cancers du sein et du col utérin. Ce centre offre des services importants en matière de détection précoce des cancers liés à la femme.

Jusqu’à quel point le rôle d’une sage-femme peut-il être crucial pour les femmes enceintes ?

La sage-femme joue un rôle crucial dans la réduction de la mortalité maternelle et infantile et contribue à la réalisation des objectifs du développement durable (ODD). De ce fait, il est important que l’état investisse dans le développement de ce secteur.
Dans ce contexcte le ministère de la santé, en partenariat avec l’UNFPN, a recruté un consultant national pour appuyer la réalisation de l’analyse du rapport coût /bénéfice, relatif à l’investissement dans la profession de sage-femme.

Quel intérêt peut susciter une telle analyse?

Un grand intérêt qui revêt plusieurs dimensions: le rôle des sages-femmes par rapport au rôle des autres professionnels de la santé impliqués sur le terrain, dans le suivi de la grossesse, l’accouchement post partum, la planification familiale, la prise en charge des femmes victimes de violences, la détection précoce des cancers féminins et le dépistage et traitement du VIH.
Ces investissements accrus dans les sages-femmes pourraient en effet sauver jusqu’à 4,3 millions de vie chaque année.

Est ce que les sages-femmes, au Maroc, bénéficient suffisamment de formations continues ?

Investir dans les sages-femmes signifie également l’accompagnement de celles-ci dans leur foramtion de base, leur formation continue, la réglementation et l’amélioration de l’environnement du travail.
Il est nécessaire aussi d’investir dans les effectifs des sages-femmes afin que toutes les femmes marocaines et les nouveau-nés aient accès aux soins. Renforcer leurs capacités pour offrir un service de qualité dans le respect et la dignité.
Au Maroc, l’annèe 2020 a été désignée comme année internationale des sages-femmes et a été couronnée par l’approbation par le conseil du gouvernement du décret d’application de la loi 44/13 relative à l’exercice de la profession. Cette loi définit les prérogatives, les lieux de pratique et les conditions d’exercice de la profession. Et dans l’attente que l’Ordre des sages-femmes voie le jour.

Propos recueillis par A.R.