“Pourquoi Wall Street et la Silicon Valley incarnent-ils succès et réussite dans les affaires, innovation et performance dans les technologies alors que l’un est à l’origine des crises économiques de plus en difficiles à résorber et l’autre peine à produire des entreprises rentables ?
C’est pourtant le modèle de ces deux entités. Plus ils échouent, plus ils nous promettent qu’ils sont en bonne voie pour réussir… et le pire c’est que nous les croyons. L’échec est devenue une marchandise comme les autres à la différence qu’elle crée de la valeur non par son utilité sociale ou économique, mais en entretenant la foi des emprunteurs ordinaires dans des machines toujours plus prometteuses mais financées par la dette et le crédit.
La recherche de profit effrénée est leur principe, les introductions en bourse leur leitmotiv. Mais l’échec en tant qu’idéologie du succès passe totalement sous silence les nombreuses pannes techniques et la fragilité des infrastructures numériques et autres défaillances qui sont autant de ruptures de fonctionnement que de ruptures épistémologiques puisqu’elles ne nous apprennent pour ainsi dire plus rien sur nos limites à dépasser sinon pour rendre compte de notre impuissance.
A l’obsolescence programmée se juxtapose l’usure des structures sociales elles-mêmes devenues obsolètes pour pallier les désaffiliations en tous genres. Car les fractures numériques et financières “qui divisent le monde, les générations et les classes sont le plus souvent niées” par la promesse de succès qui tardent à venir.”
Cédric Aboushahla