A mon avis, je dois être le seul expert qui soutient cette position, mais être seul ne m’a jamais gêné car plus je vieillis et plus j’assimile la phrase: « Plus je me vois et plus je me désole, mais plus je vois les autres et plus je me console ».
Je m’explique. Pour qu’il y ait croissance dans un pays, il faut que 3 acteurs travaillent de concert ensemble et ces 3 individus sont le rentier, le banquier et l’entrepreneur.
Tout commence avec l’épargne du rentier que dépose à la banque et sur laquelle il est rémunéré à un taux de marché qu’on appellera ™.
Le banquier doit caser cet épargne et va voir son copain avec qui il joue au golf (l’entrepreneur), pour lui prêter cet argent.
L’entrepreneur, toujours dans le besoin, emprunte pour investir dans ses usines et il s’endette à un taux qui sera supérieur au taux de marché mais égal ou inférieur à la rentabilité du capital. On appellera ce taux le taux naturel (tn).
Donc, l’épargnant touche le taux de marché, l’entrepreneur, lui, espère gagner le taux naturel, le banquier touche la différence entre les 2 et tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Tout est pour le mieux certes … à condition que le taux naturel ne passe pas en dessous du taux de marché, parce qu’alors là, c’est la catastrophe.
En effet, une économie ne peut pas croître si le coût du capital est supérieur à la rentabilité du capital, ce qui est MATHÉMATIQUE.
Si le banquier emprunte à 5% et prête à des gens qui ne vont pas gagner 8% comme espéré, mais 3%, sa banque va sauter puisque tous les prêts qu’il a consentis ne pourront être remboursés par les entrepreneurs qui feront faillite avant lui.
Donc, dans un pays, si l’on a tn < tm, l’économie se viande, les entreprises déposent le bilan, chômage et déficits budgétaires explosent tandis que les banques font faillite les unes après les autres. Et c’est exactement ce que va nous arriver si les banques ne maîtrisent pas et ne réfléchissent pas aux prêts octroyés. On peut s’attendre à une marge brute qui va fortement baisser contre un PIB qui lui-même baissera.
En d’autre terme, pour bien des gens, on croit voir dans la création monétaire (crédits) une source intarissable d’où l’on peut faire couler la richesse à volonté sans travail (l’Open Bar). Plus l’écart entre création monétaire et richesse créée sera important, plus on se rapprochera de l’hyper-inflation voir même de la déflation.
Conclusion par un exemple
Imaginons 3 entreprises en concurrence, la première, qui s’appellerait Akwahanouchia s.a, la deuxième Hafidalamia s.a et la dernière Oussamia s.a.
Postulons qu’en 2020, elles pouvaient vendre toutes les 3 leurs produits à 100 Dhs. Et supposons que dans les 2 premières la productivité du travail ne croisse pas, tandis que dans la 3ième elle croit de 3 % par an.
En 2021, Oussamia peut abaisser son prix à 98 Dhs tandis qu’Akwahanouchia ne peut pas le faire. Si Oussamia baisse son prix, Akwahanouchia est obligée de suivre, mais du coup sa marge de profit baisse, et ainsi de suite. Arrivera un moment où une baisse des prix initiée par Oussamia, forcera Akwahanouchia de produire à perte. Et du coup Akwahanouchia se met à perdre des parts de marché et doit licencier. Et les profits ayant disparu, Akwahanouchia ne peut plus investir, ne peut plus rembourser ses dettes et la faillite est inéluctable.
Par contre, Hafidalamia a la chance de voir sa monnaie baisser contre celle de Oussamia et reste du coup compétitif malgré la différence de productivité. La baisse de la valeur de la monnaie compense la différence de productivité. A la fin Akwahanouchia se fait massacrer aussi bien par Oussamia que par Hafidalamia.
Mais Hafidalamia n’aura pas réalisé une création de richesse, elle aura plutôt accouché d’une création monétaire c’est à dire une perte du Pouvoir d’achat.
Seul Oussamia aura produit une création de richesse c’est à dire une augmentation du Pouvoir d’Achat.
Je réitère, la création monétaire induite par la production de crédit ne crée pas de risque bancaire tant qu’elle a pour contrepartie une création de richesse au moins équivalente, c’est à dire que le crédit reste au service de projet des chefs d’entreprise. Alors que l’Etat stratège veut faire croire que la subordination de la création monétaire à la création de richesse est bien généralisable.
Et donc ceux qui disent que les problèmes sont causés par le libre-échange disent une énorme bêtise et parlent de sujets auxquels ils ne comprennent à l’évidence pas grand-chose. Le libre échange ne cause aucun problème.
Quant à moi … et c’est sérieux … j’ai des doutes dans la mesure où ils ne comprennent rien ni à l’économie ni aux affaires.
Le problème vient donc tout simplement du fait que les sur-éduqués, les élites et les élus qui nous gouvernent veulent coller des taux de change fixes entre des économies qui ont des productivités du travail différentes.
Et donc, j’étais, je suis et je resterai souverainiste et contre la dévaluation du Dirham et pour des taux de change déterminés par le marché, pour le libre-échange et contre un État stratège dont chacun a pu mesurer les triomphes en URSS ou en Corée du Nord, au Venezuela et en Argentine … la liste est infinie.
C’est la seule position réfléchie et intelligente, mais comme elle enlève tout pouvoir aux groupes d’influence et aux groupes de décision, c’est sans doute celle qui a les plus faibles chances d’être adoptée.
Mais comme le dit le proverbe : « Celui qui a raison 24 heures avant les autres passe pour un fou pendant 24 heures » Je préfère passer pour un fou que me rendre compte que j’ai été idiot.
Ces élites et ces groupes sont aussi en train d’arracher les racines mêmes de notre civilisation, ce qui risque de nous amener à la fin de ce qu’il est convenu d’appeler l’État de Droit, et ce n’est pas une bonne nouvelle, c’est ce que je vais essayer de développer dans cette 2ème partie.
L’état de Droit n’a rien à voir avec l’Etat, mais tout à voir avec l’état de Nature, où la loi du plus fort règne et où le pouvoir est acquis à celui qui a la plus grosse matraque.
Huntington, dans son livre « le choc des civilisations et la refonte de l’ordre mondial », fractionne le monde en 9 civilisations, dont l’une d’entre elles est fondée sur le Droit, l’outil qui nous protège contre celui qui a le monopole de la brutalité et de la violence légale, c’est-à-dire l’Etat.
Vivre dans un état de Droit, cela veut simplement dire que l’Etat lui-même et son personnel sont soumis au droit et non pas que l’Etat fait le droit exclusivement.
Et c’est la solution que Notre Monarchie a choisie.
Dieu ne sait compter que jusqu’à UN. Il veut avoir avec chacun d’entre nous une relation personnelle. Ce qui implique que nous soyons personnellement responsables de chacune de nos actions devant lui et seulement devant lui. (Être jugé sur notre libre-arbitre)
Cette prédominance de l’individu sur le groupe était LA caractéristique essentielle de notre façon de penser commune. Toutes autres idéologies sont érigées, motivées et établies sur la dominance du groupe sur l’individu et sur l’importance de toujours faire ce qui est nécessaire à la survie du groupe.
Donc, dans notre civilisation, il ne peut y avoir que des individus car la Loi doit être la même pour tous. La responsabilité ne peut donc être qu’individuelle. La Justice ne peut juger que des individus et jamais des groupes car il ne peut pas y avoir de responsabilité collective. Chacun (sauf le dément) est responsable de ses actes.
La perfection n’est pas de ce monde
Si quelque chose ne marche pas dans la Justice, la Police, Santé, Éducation etc … notre devoir de citoyen est de faire pression sur les élus, ou sur ces institutions elles-mêmes, de façon à ce que les choses s’améliorent.
Or à quoi assistons-nous depuis des lustres et qui s’accélère brusquement ?
A une tentative délibérée de rétablir la notion de responsabilité collective, ce qui permettra tous les génocides.
Ce que je veux dire, chers lecteurs, c’est que nous avons du pain sur la planche. Le choix qui se profile pour chacun d’entre nous va être donc ou de se battre pour rester dans un État de Droit, ou de retourner à l’État de Nature où les plus faibles et les esprits libres seront massacrés. Il est grave pour notre pays d’avoir à ces postes des partisans du lynchage.
Mon choix est fait, mais la lutte va être longue et difficile.