“…A l’effet de garantir le bon fonctionnement du service du transport sur l’ensemble du territoire national, les autorités territoriales et les services sécuritaires ont pris toutes les mesures et dispositions nécessaires pour assurer la mobilité des individus et le transport des marchandises, en veillant à traiter, avec fermeté et rigueur, toute tentative de porter atteinte à la sécurité et à l’ordre publics, aux droits des non-grévistes et au fonctionnement de ce service“…[sic], indique un communiqué du ministère de l’Intérieur.
Suite à l’appel à la grève lancé par des syndicats du secteur du transport les 7, 8 et 9 mars 2022, le ministère de l’Intérieur a affirmé que le droit de grève est constitutionnellement garanti, insistant que son exercice ne doit pas toutefois attenter à la liberté de travail et de mobilité.
Or, ce n’était pas le cas à Tanger…
On comprend que les chauffeurs des taxis répondent massivement à l’appel de la grève (80%), mais de là à bloquer la circulation dans les grands ronds-points de la ville, c’est aberrant et inadmissible.
Bloquer la circulation n’augmente en rien la pression sur le gouvernement. Il cause des retards aux citoyens qui sont les clients de ces chauffeurs.
Mais ce n’est pas l’avis partagé au sein de ces professionnels. Interrogés par cette publication, certains estiment que cette action est nécessaire pour forcer les autorités responsables à répondre positivement à leurs doléances. “Quand on bloque la circulation, on bloque aussi d’autres secteurs de production et de services, et c’est seulement à partir de ce moment que nous sommes écoutés” déclarent des chauffeurs à La Dépêche du Nord.
La guerre aux œufs
Si la grève a été massivement suivie à Tanger, une partie des chauffeurs des taxis, les petits spécialement, a préféré continuer d’assurer le service. Ces chauffeurs ont évidemment fâché leurs collègues, en grève, qui leurs ont rendu la monnaie en leur jetant des œufs sur les pare-brise. Un spectacle lamentable, mais qui, fort heureusement, ne s’est pas transformé en accrochages violents.
Les tarifs vont sûrement augmenter
En attendant la réponse du gouvernement, à Tanger et selon plusieurs sources du secteur, les chauffeurs des taxis voudront imposer de nouveaux tarifs leurs permettant de continuer de travailler et de protéger leurs petites marges bénéficiaires.
Ainsi, on indique que les grands taxis qui font le racolage et assurent la liaison entre les différents quartiers de la ville, exigent que le client paie 1 DH de plus, soit 5 DH au lieu de 4 pour les liaisons centriques et 7 DH au lieu de 6 concernant les trajets vers les quartiers périphériques.
Quelle serait la réponse des autorités locales responsables de fixer les tarifs du transport urbain? Et quelle serait la réaction des citoyens si ces augmentations se produisent?
Il ne faut pas écarter non plus la possibilité de voir les autobus de la société Alsa, dont le tarif est fixé à 3,5 DH, affichent à leur tour une nouvelle tarification.
En attendant les réponses des uns et les réactions des autres, rappelons que le seul bénéficiaire de ces trois journées de grève des taxis était le transport clandestin, l’ennemi juré du transport urbain.
Un phénomène très dangereux qui se multiplie à cause de l’absence d’un investissement dans le transport urbain. Tanger a en effet besoin d’un parc d’autobus plus fort, mais aussi de lignes du tramway reliant les zones périphériques notamment avec les zones industrielles.
Qui saura dominer la gestion de l’énergie et de l’eau, saura garder à la ville son bon rythme de développement.
A. REDDAM