Préambule

«Sachent donc ceux qui l’ignorent, sachent les ennemis de Dieu et du genre humain, quelque nom qu’ils prennent, qu’entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit.»  Henri LACORDAIRE, Sermon à la chaire de Notre-Dame (1848)

C’est bientôt la fin de 2023 et c’est le moment d’établir un diagnostique de l’état de notre cher et vieux pays avant que 2024 ne commence.
Commençons avec ce que nous dit un organisme officiel, l’OCDE.
« Tout d’abord, les dépenses publiques liées à la crise sanitaire ont subit une nette augmentation de la dette, qui est passée de 65,1 % du PIB en 2019 à 75,4 % en 2020, 76,3 % en 2021 et 90 % en 2022.
Le déficit budgétaire du Maroc s’est creusé suite à la pandémie et a enregistré en 2020 un score historiquement haut de 7,6 % du PIB, contre seulement 4,1 % en 2019. Le déficit budgétaire était de 6 % du PIB en 2021, et devrait se maintenir entre 5,8 % et 6 % en 2022. Le Maroc compte notamment sur une légère augmentation de son taux général de revenu de 25 % jusqu’à 27 % du PIB en 2026 pour réduire son déficit, consolider son budget et compenser la hausse des dépenses publiques. »

Que dit Wicksell, définition ?
« Quand les taux d’intérêts sur les obligations à 10 ans sont supérieurs aux taux de croissance de l’économie, alors l’économie rentre en récession puisque le coût de l’argent devient supérieur aux taux de croissance des profits. »
Même conclusion donc que celle atteinte en utilisant les indicateurs de l’OCDE. Une récession est probable en 2024 et elle commencera sans doute courant 2ème semestre 2024.
Ce qui nous amène à la question suivante : dans quel état est notre pays avant que cette récession ne frappe ?
Dans un état affreux, dantesque, effarant, effroyable, horrible …
Commençons par les deficits budgétaires, qui explosent toujours à la hausse dans les récessions.
En cas de récession, le déficit budgétaire pourrait donc atteindre très facilement 10 % du PIB, ce qui amènerait notre dette d’État à près de 100 % du PIB sans parler des dettes garanties par l’État (ONEE, ONDA, ONCF, RAM, MARSA, ADM, OCP, etc …) et le service de la dette exploserait immédiatement.
En termes simples, le Maroc rentrerait à toute allure et planterait ses pénates en moyen et long terme dans ce qu’il est convenu d’appeler une « Trappe à dettes ». En cas de récession, nous y entrerons de plain-pied.
Une récession nous y amènerait en effet certainement, sauf si les taux longs venaient à s’écrouler, ce qui d’habitude se produit lors d’une récession. Mais comment serait-il possible que les taux longs s’écroulent si le déficit budgétaire frôle les 10 % du PIB pendant que le déficit extérieur sera entre 3,5 et 5% du même PIB ?
10 % de déficit budgétaire plus 4% de déficit extérieur = 14 % à lever sur les marchés financiers alors même que notre situation fondamentale est désastreuse. Cela ne pourra se faire que si le Maroc emprunte à des taux exorbitants ! Donc, l’entrée dans une trappe à dettes apparaît comme inévitable. Ou alors, crée des MAD ex nihilo pour acheter cette dette.
Mais comme la France, l’Italie, l’Espagne, voire l’Allemagne y seront aussi, cela déclencherait une seconde vague inflationniste, laquelle pousserait les taux d’intérêts encore plus hauts, rendant le service de la dette toujours plus cher …
CONCLUSION
Que va-t-il se passer ?
Je donne ma langue au chat.
Je vois bien comment notre économie va sans doute rentrer dans une récession en 2024, mais …
Je n’ai pas la moindre idée de la façon dont elle pourra être traitée par les autorités de notre pays. Si ce n’est, comme l’avait prédit M. JOUAHRI, peut-être en faisant, encore, appel au FMI.
Ce qui déclencherait sans aucun doute une crise politique majeure.

Oussama OUASSINI
L’homme qui murmure aux oreilles des Hommes d’État