Les derniers jours de janvier verront l’organisation d’une campagne de nettoyage du cimetière Moujahidine, le plus grand cimetière de Tanger. L’opération est organisée par l’association « amis des cimetières » que préside Seyour Ridouan, Tangérois installé en Belgique qui revient dans sa ville natale à chaque fois qu’il a les moyens pour la même cause.
En effet, ce n’est pas la première action du genre menée par ce bon citoyen. Il en a réalisé plusieurs à Tanger et dans d’autres villes du Maroc. Mais dès qu’il repart chez lui, en Belgique, ce cimetière est de nouveau victime d’assauts des délinquants et autres vagabonds qui saccagent les tombes et salissent tout l’espace sans aucun respect ni aux morts, ni à leurs familles.
La souffrance des cimetières de Tanger est très profonde, dans la mesure qu’aucune décision des autorités locales n’a pu l’arrêter définitivement en protégeant ces lieux, pourtant sacrés.
Si l’état du cimetière Moujahidine nécessite l’intervention des membres de cette association pour le nettoyer et ramasser les déchets et ordures couvrant la majeure partie de son territoire, les cimetières abandonnés de Sidi Bouabid et Bouarakia a besoin d’une intervention plus grande pour le débarrasser des nombreux délinquants qui en ont fait leur quartier général.
Comme le montrent les photos d’illustration, publiées récemment par A. Bakkali sur une page fb, l’état de ces cimetières est alarmant et même très dangereux.
Les familles tangéroises habitant l’ancienne médina ont toutes un proche, un parent ou des aïeux dans cet ancien cimetière, ou dans celui de Marchane, fermé depuis quelques années, mais au moins protégé par une enceinte et surveillé.
Malheureusement, le cimetière de Bouarakia est tellement abandonné et délaissé que presque personne n’ose le traverser pendant la journée. Pire encore, il est entouré d’une belle zone verte et d’arbres donnant l’impression qu’à l’intérieur il existe un jardin d’Éden où reposent les défunts. Mais ces images montrent à quel point ces derniers « vivent » dans un enfer.
Le mauvais état de la plupart des cimetières de la ville continue de soulever l’indignation aussi bien des militants associatifs que des simples citoyens tangérois.
On se rappelle qu’en 2015, la commune de Tanger, gérée durant cette période par le PJD, avait annoncé un projet de réaménagement et de réhabilitation au profit de l’ensemble des lieux d’enterrement des musulmans, chrétiens et juifs, qui souffrent d’une dégradation avancée. Pour la réalisation de ce projet, la commune urbaine a débloqué une enveloppe budgétaire de 3 MDH.
Bâti sur une superficie de 6 hectares et déclaré patrimoine historique de la ville, le cimetière catholique de Boubana, victime de profanation à qui deux fois (en 2014 et en 2015), avait bénéficié de ce projet sur deux phases de réfection et d’aménagement.
Actuellement, les cimetières catholique et juif de Tanger sont bien propres et protégés. Mais pas ceux des musulmans !
A. REDDAM

(Photos de Abdelouahid Bakkali)