Le secteur du tourisme, pilier essentiel de l’économie marocaine, est aujourd’hui confronté à une impasse stratégique. Cette semaine, la participation du Maroc à FITUR, la plus grande foire internationale du tourisme, a mis en lumière un paradoxe inquiétant : une façade de modernité masquant une stratégie qui semble dépassée.
En parallèle aux événements principaux de FITUR, des journées consacrées à l’investissement, à la technologie et à la formation ont eu lieu. Pourtant, l’absence notable de l’Afrique, y compris du Maroc, dans ces espaces clés où se dessinent les tendances de demain, est alarmante. Une fois de plus, le Maroc s’est contenté de son rôle habituel : servir du thé, organiser des ateliers de henné et distribuer des cartes de visite souvent périmées. Pendant ce temps, les après-midis étaient davantage consacrés au shopping et aux sorties qu’à la recherche de partenariats solides ou d’opportunités innovantes.
Cette répétition annuelle illustre un manque criant d’évaluation et de responsabilisation. Les dépenses engagées ne font l’objet d’aucun audit transparent, et les résultats concrets des participations à ces foires restent flous. On perpétue ainsi une approche routinière qui, loin de faire avancer le tourisme marocain, contribue à renforcer son image stagnante.
Cette situation fait écho à la « Théorie du cheval mort », une métaphore qui décrit comment certaines organisations s’obstinent dans des stratégies inefficaces, même lorsqu’il est évident qu’elles ne fonctionnent plus. Inspirée d’un proverbe amérindien
– « Quand tu réalises que tu montes un cheval mort, la meilleure stratégie est d’en descendre » –, cette théorie reflète parfaitement l’état actuel de la stratégie touristique marocaine.
Au lieu de reconnaître l’échec et de changer de cap, on s’emploie à multiplier des mesures qui exacerbent l’inefficacité :
1️Acheter un fouet plus solide : Investir dans des campagnes de promotion sans réelle innovation.
2️Changer de cavalier : Remplacer des responsables sans repenser les stratégies de fond.
3️Créer des comités : Former des groupes d’analyse sans prendre de décisions concrètes.
4️ Redéfinir le succès : Présenter des résultats médiocres comme des succès historiques.
5️ Renommer le cheval mort : Réemballer des approches obsolètes sous un nouveau nom.
Le Maroc n’a plus besoin de répéter les mêmes erreurs. Il est impératif de repenser en profondeur sa stratégie touristique, de revisiter ses priorités et de réorienter ses ressources vers des initiatives réellement porteuses de résultats. Ce « changement de paradigme » doit également s’accompagner d’un renouvellement des acteurs chargés de piloter cette transformation.
Le tourisme mondial évolue rapidement, avec des tendances axées sur la technologie, la durabilité et la personnalisation des expériences. Le Maroc possède des atouts indéniables : une richesse culturelle exceptionnelle, des paysages variés et une position géographique stratégique. Toutefois, ces forces ne suffiront pas sans une vision audacieuse et innovante.
Si le Maroc continue de s’accrocher à des stratégies dépassées, il ne récoltera que des échecs supplémentaires. Il est temps de « descendre du cheval mort » et de construire une nouvelle voie, basée sur la transparence, l’efficacité et une véritable ambition pour le secteur touristique. Le Maroc a tout pour briller sur la scène mondiale, à condition de prendre dès maintenant des mesures courageuses et visionnaires.