Il y a des moments où je désire administrer et distribuer des claques
Un de mes professeurs, que Dieu le bénisse, me rapportait qu’il n’y a jamais un seul cafard dans une cuisine. Cela signifie, tout simplement, que les emmerdements, ça vole toujours en escadrille.
Si je vois apparaitre un cafard quelque part dans les statistiques, aussitôt je commence à me faire du souci (me faire du souci pour tout et pour rien est l’essence même de ma profession) et donc je commence à chercher le nid des cafards, en espérant le trouver avant qu’il ne soit trop tard. Et pour ce faire, je suit une méthodologie similaire à celle d’un médecin ou d’un cardiologue.
Je ne suis ni cardiologue ni médecin, mais je sais que leurs processus d’identification des problèmes sont similaires aux miens. Je commence par amasser le maximum de données sur le cœur, ou le foie, ou les poumons du patient et je les mets sous forme graphique que je visualise en m’intéressant d’abord aux mouvements statistiquement anormaux.
J’imagine que si un électrocardiogramme se met à avoir des mouvements désordonnés, saccadés et singulièrement volatiles, alors le docteur va envoyer le patient à l’hôpital pour que des analyses plus poussées et approfondies y soient effectuées.
Le système des prix est similaire au rythme cardiaque qui peut soit accélérer ou décélérer, mais d’habitude en bon ordre.
Si un prix, dans un marché, se met à bouger bizarrement, je vais l’étudier pour essayer de comprendre.
Sachez que peu de prix ont une propagation aussi large et aussi actif que les prix de l’énergie, ce qui est bien compréhensible puisque sans énergie il n’y aurait pas d’économie, ni de vie.
Et ce qui vient de se passer pour les prix du gaz en fait foi.
Les mouvements actuels des prix du gaz ont été pour le moins statistiquement inhabituel et compte tenu du rôle du gaz dans la création d’énergie, cela pourrait entraîner des répercussions économiques assez critiques, fâcheuses et dramatiques sur l’économie si ces prix étaient maintenus sur le long terme.
Essayons de comprendre les raisons de cette tension.
On s’est engagé depuis plus d’une décennie, et cela au niveau mondial, dans un immense mouvement de transition énergétique où aucun investissement n’a été fait depuis plus de 15 ans dans les sources d’énergie polluantes ou “jugées dangereuses”, tels le nucléaire et le pétrole. Du coup, des pénuries commencent à apparaître ici et là, même dans le charbon…
En revanche, des sommes gigantesques ont été englouties dans le solaire ou les éoliennes, ces 2 formes de production d’énergie ont la caractéristique d’être intermittentes. Ce qui veut dire en termes simples que chacune de ces installations doit être doublée par une centrale thermique qui soit facile à mettre en marche s’il n’y a ni vent ni soleil, et qui soit facile à fermer si le Charky (Mistral) se manifeste, pour éviter les effondrements de réseaux s’il n’y a ni vent ni soleil pendant longtemps. Et cette centrale thermique d’appoint ne peut fonctionner qu’au gaz et ou au charbon.
Ce qui veut dire, en passant, que le coût en capital de ces installations est très supérieur à celui d’une centrale classique puisqu’il faut en construire 2 à la place d’une.
Conclusion, l’énergie produite sera automatiquement beaucoup plus chère dans le futur puisqu’il faudra amortir non pas une mais 2 centrales opérant pour un même endroit, ce qui sera directement inflationniste. Et l’énergie plus chère veut dire croissance plus faible. C’est MATHÉMATIQUE.
Mon franc-parler et mon honnêteté intellectuelle (selon mon cercle professionnel et privé), me pousse à produire un exemple.
Sur le vieux continent, s’ils ont une longue période sans vent et sans soleil pendant l’automne et l’hiver et que les stocks de gaz naturel sont au plus bas parce que tout le monde attendait d’énormes livraisons de gaz russe transitant par un nouveau pipe-line et que ce gaz n’a pas été livré, alors le gaz doit être acheté sur le marché au comptant. Cela mène à quadruplé le prix en quelques semaines, ce qui n’a rien d’étonnant. Et aussitôt, les prix de l’électricité montent très fortement, ce qui met en difficultés toutes les industries et opérateurs à fortes consommations énergétiques (cimenteries, aciéries, aluminium, chimie lourde pour les engrais etc…). Cela poussera, sans doute, à fermer pendant quelque temps en attendant que les prix du gaz retrouvent un niveau normal.
Mais si les cimenteries ferment, l’immobilier va avoir du mal et si les aciéries et les usines d’aluminium cessent de produire, cela ne va pas aider l’industrie automobile déjà altérée. Et sans engrais, le prix de la nourriture risque de beaucoup monter et comme le revenu disponible baissera, ceci ne peut avoir que des conséquences catastrophiques pour la croissance.
Il faut que vous compreniez bien que les industries grosses consommatrices d’énergie, dans le vieux continent, viennent de subir une exorbitante hausses des impôts qu’elles doivent supporter, au profit de la Russie et de la Chine, laquelle vient d’ouvrir une série de centrales thermiques qui fonctionnent… même au charbon.
La question essentielle pour le court terme est donc : combien de temps va durer cette hausse du prix du gaz qui risque bien de déclencher une récession de plus dans les industries lourdes.
Et on parle d’industrialiser notre pays !!!
Comme d’habitude, je ne ferai aucune prévision mais je tiens à dire que cela n’a pas l’air de tracasser le nouveau gouvernement et si l’on regarde les projections à long terme faites par Exxon et ou BP sur l’offre et la demande d’énergie pour les 30 ans qui viennent, je ne peux pas m’empêcher de les trouver totalement effrayantes.
Soit je les analyse mal, ce qui est toujours possible, soit je les analyse bien, et si c’est le cas, je dois dire que nous allons tout droit vers une crise économique et sociale monstrueuse.
Quelques explications sont nécessaires.
1- D’après les projections, entre 2025 et 2050, la demande totale d’énergie en Europe devrait baisser de près de 17%, de 60 quadrillions de BTU à 50 quadrillions de BTU, ce qui implique une baisse du niveau de vie moyen. Je n’ai jamais connu une période dans l’histoire ou une baisse de la consommation d’énergie n’a pas entraîné une baisse du niveau de vie de la même magnitude.
2- Pendant la même période, la production d’électricité passerait de 10 quadrillions de BTU à 16,7 quadrillions de BTU, une hausse de 67%.
3- Et comment cette augmentation de la production d’électricité sera-t-elle repartie entre les principales sources d’énergie ?
Facile, le pétrole baisserait de 1/2, le gaz naturel du 1/4, le charbon de 2/3, le nucléaire de 1/2 tandis que les énergies renouvelables fourniraient 10,64 quadrillions de BTU à la place de 5 quadrillions aujourd’hui (ce qui est faux puisque ces énergies sont intermittentes et les problèmes actuels sur le prix du gaz le prouvent).
4- Donc il me semble que prévoir une hausse de la demande d’électricité qui serait couverte uniquement par les sources dites renouvelables relève purement et simplement du mensonge.
Et tout cela nous amène à une baisse de la consommation d’énergie de 17%, ce qui est impossible sans déclencher des mouvements sociaux gigantesques.
En conséquence, la seule solution est de mettre un paquet immense sur le nucléaire et de le faire tout de suite.
Or que voyons-nous ?
L’Allemagne vient de fermer, en décembre 2021, ses dernières centrales nucléaires et fait tourner à la place ses vieilles centrales à charbon. Et quand le vent Nord-Est se montre, l’atmosphère à Paris est polluée par les poussières de charbon allemand. Et du coup, on fait une circulation alternée et on interdit le diesel.
C’est se foutre du monde.
Conclusion:
Dans un monde où, la juxtaposition d’une population mal informée, des technocrates incompétents, des politiciens sans courage et des règlements absurdes, ceci nous conduit à une crise énergétique considérable qui n’aura rien à voir avec la réalité et tout à voir avec des opinions publiques devenues folles.
C’est un suicide qui n’est pas dû à la conséquence de contraintes inéluctables.
Oussama OUASSINI
L’Homme qui murmure aux oreilles des Hommes d’Etat.
N.B:
Aux USA, la région la plus consommatrice de gaz est la zone de Boston et la production la plus importante de gaz est au sud de Philadelphie.
Comme les écologistes locaux refusent la construction d’un pipe-line entre les 2 zones et que le transport par bateau ne peut avoir lieu puisque pour relier 2 ports américains, les bateaux et les équipages doivent être americains (loi de 1920).
Et comme il n’y a pas de bateaux gaziers aux US, et encore moins avec un équipage américain, les americains refusent que le gaz russe soit livré aux allemands, pour pouvoir leur vendre leur gaz au prix fort, ce qui risque de déclencher une récession en Europe…
Et à la suite, vous allez me dire que le capitalisme et le libéralisme ne marchent pas et que nous avons besoin de plus de protectionnisme.
À ce moment là, j’ai un Grand Moment De Solitude (GMDS)