Les réseaux sociaux affichent de plus en plus les photos des aficionados des randonnées à travers les montagnes de Chefchaouen. La ville bleue occupe même la première position comme cité Instagram, mais la réalité de son arrière-pays n’est pas toujours belle à découvrir.

Le cas grave des services de santé

Les habitants des communes rurales proches de Chefchaouen ne pensent plus au développement local, ni aux projets économiques ou de loisirs.
Lors d’un sit-in organisé par des dizaines de citoyens, habitants de la commune de Jebha et de bien d’autres communes, ces derniers ont réclamé une seule chose : qu’ils soient bien pris en charge quand ils en ont besoin. Une pétition a été signée dans ce sens afin d’exiger de vrais centres de soins dotés de services d’urgence, de réanimation, de pédiatrie, et gérés par des médecins et des infirmières en nombre suffisant.
En effet, les centres de soins existant dans ces communes manquent de tout. Aucun équipement ni matériel médical, ni même de professionnels de la santé.
A cause de ce grave problème, les malades et les femmes enceintes sont à chaque fois obligés de ce diriger vers les hôpitaux centraux à Chefchaouen ou à Tétouan, établissements qui manquent eux-mêmes d’équipements et de personnels.
Depuis toujours, les habitants de nombreuses communes de la province de Chefchaouen, en particulier ceux vivant loin de la ville, souffrent de la pénurie constatée de matériel médical à l’intérieur des dispensaires ruraux, sans parler de l’absence totale de cadres médicaux et paramédicaux. A cause de cette dramatique situation, ils sont contraints de transporter leurs patients sur de longues distances pour se faire soigner, mais au final ils ne le sont que très rarement, car ils sont souvent transférés à l’hôpital régional de Chefchaouen, qui à son tour les dirige vers l’hôpital régional de Tétouan.
Négligences, indifferences, reports répétés des rendez-vous, obligation d’attendre son tour à l’extérieur de l’hôpital pendant plusieurs heures sans être reçus par le service des urgences, la série des souffrances est interminable.
Bref, quand un hôpital est dans l’incapacité de bien servir les habitants de la ville où il se trouve, il devient difficile de servir les autres.
Chez eux c’est encore pire. Les centres de soins ruraux, quand ils existent, ne disposent pas de médecins et, en moyenne, un infirmier (ou une infirmière) s’occupe de l’état de santé de plus de 10000 personnes.
Évidemment, ces centres manquent aussi de matériel médical, ce qui a accru la souffrance de centaines de personnes.
Dans cette zone rurale de Chefchaouen, à l’accès très difficile, il n’y a pas d’ambulances. Les citoyens sont souvent contraints de porter les malades sur leurs épaules sur de longues distances à travers des routes cahoteuses pour atteindre le centre de soins. Ils se retrouvent dans des petits bâtiments composés en général d’une ou de deux petites chambres semi-vides, ce qui les oblige à se rendre dans les hôpitaux de la ville où la plupart des services médicaux est à revoir. A l’hôpital Mohamed V, de Chefchaouen, comme à l’hôpital Saniat Ramel de Tétouan.
Quand il neige sur les montagnes de Chefchaouen, la vraie vie ne ressemble absolument pas à l’image transmise par la belle photo Instagram.
A. REDDAM