Aujourd’hui, samedi 23 avril, à 13 heures, Tanger récupère définitivement son château de Perdicaris. Un joyau essentiel du patrimoine historique de la ville, délaissé durant plusieurs décennies et, enfin, restauré.
C’est le lendemain, dimanche 24 avril, que les citoyens et les touristes pourront visiter ce haut lieu et observer de tout près les efforts réalisés par les départements de la tutelle pour son réaménagement.
Ils vont y découvrir des salles d’exposition relative à l’histoire du bâtiment (au rez-de-chaussée) ainsi que d’autres espaces au décor et meubles restituant l’ambiance familiale et la vie quotidienne de Ion Perdicaris lors de la construction de cet important édifice au cœur de la forêt de Rmilat. Le premier étage est réservé à une exposition sur la diversité biologique de la région nord du Maroc.
A rappeler que le projet, qui fait partie du programme Tanger métropole, a nécessité un budget de 20 MDH. Il a été réalisé par le département de la culture en partenariat avec celui des eaux et forêts sous la supervision de la Wilaya de Tanger.

Place of Nightingale (place des rossignols)
C’est le vrai nom du château Perdicaris

Sous un ciel d’azur immaculé, un soleil tendre se surpasse pour cette douce matinée automnale laissant scintiller de réverbérations le bleu éblouissant de la Méditerranée sur les collines du Jbel El Kebir dans la proche banlieue de Tanger. C’est sans doute cette vue imprenable qui avait enchanté, un beau matin des années 60 du XIXe siècle, Ion Perdicaris, un riche industriel américano-grec, qui entreprit aussitôt d’y bâtir une somptueuse demeure qu’il baptisa Place of Nightingale (place des rossignols).
Une fois cette retraite luxueuse de 70 hectares érigée, Perdicaris la remplit de rares espèces de chiens, de singes et de grues, mais aussi de plantes qu’il ramenait de ses voyages aux Etats-Unis et en Europe. Le château ainsi terminé devint, vers 1877, un joyau d’une beauté rare, niché dans un cadre paisible qui faisait pâlir d’envie le gotha diplomatique et bourgeois de Tanger.
C’est une “grandiose villa palatiale en dehors de l’enceinte de la ville, sur les collines du Jbel El Kebir”, écrit Edmund Morris dans sa biographie “Theodore Rex”, retraçant la vie du 26e président américain. La demeure, aussi appelée Villa Aidonia, servira dès 1884 et pendant des années à venir, de point de rencontre des diplomates, politiques et espions des nations représentées à la ville du Détroit.
En effet, comme l’écrit Morris, Ion Perdicaris faisait un point d’honneur à recevoir ses compatriotes de passage au Maroc, et “se réjouissait de jouer le rôle de doyen de la communauté anglophone” de la ville.
Mais le château ne trouve sa vraie raison d’être qu’après 1871, quand Perdicaris tomba sous le charme d’une dulcinée anglaise du nom d’Ellen Varley, qui a abandonné son époux, un éminent ingénieur, pour élire domicile, deux ans après accompagnée de ses deux filles et deux garçons, dans cette belle maison au fond des bois, face à la mer.
En bon époux amoureux et attentionné, Ion Perdicaris disposa son château de nombreux sentiers sinueux pour que sa bien-aimée choyée, mais atteinte de tuberculose, puisse s’y balader tous les jours sans jamais s’ennuyer. Entre les Etats-Unis, où son père lui a légué une fortune colossale, Londres, où il disposait de quelques affaires, et Athènes, ville où il avait vu le jour en 1840 quand Perdicaris père y servait de Consul général des États-Unis, Ion se la coulait douce, menant une vie d’aristocrate à l’américaine.