Dans quel sens ira l’enquête ouverte concernant la mort des dizaines de victimes dans l’atelier de Braness?
C’est la question que se pose tout le Maroc. Ce dramatique accident a même été discuté par les députés parlementaires et le premier ministre Saad Eddine el Othmani a signalé qu’il ne passerait pas inaperçu.
Mais comment et jusqu’à quel niveau?
Qu’il y ait des inondations à chaque fois qu’une pluie forte tombe à Tanger n’est plus une exception. Cela arrive presque chaque année et tout Tanger sait pourquoi. Aujourd’hui Amendis, la société responsable de l’assainissement doit être interrogée et même présenter des dommages et intérêts une fois que sa responsabilité soit déterminée.
Mais le vrai problème à régler désormais c’est cette incroyable absence des autorités de la tutelle à faire respecter la loi concernant ces activités commerciales autorisées n’importe où et n’importe comment.
Les ateliers de confection pullulent dans les sous-sols des maisons et villas à travers la majorité des quartiers de la ville. Ce n’est pas un secret et ils ne sont pas clandestins.
Ces ateliers (qui ne travaillent pas tous dans le noir) ont presque tous pu obtenir leurs autorisations d’une manière ou d’une autre par les responsables qui gèrent ce secteur. L’administration territoriale ferme souvent les yeux parce que ces ateliers absorbent le chômage et offrent de l’emploi à des milliers de personnes.
Mais une fois ces autorisations délivrées, il n’y plus jamais de contrôles ni avant le début de l’activité, ni durant. Plus personne ne vient déranger le patron d’un atelier de textile et l’on sait tous pourquoi.
Si aujourd’hui le drame a eu lieu dans cet atelier situé au quartier Braness, il reste fort probable que d’autres drames similaires ou même plus graves surviennent dans d’autres quartiers et dans d’autres activités commerciales.
Le commerce ambulant crée des zones de bombes à retardement
Les bombes à retardement pullulent un peu partout à Tanger sans aucun contrôle de la part des autorités responsables.
L’activité du commerce ambulant a donnée naissance, à Tanger, à un phénomène très grave qui menace la vie de centaines de citoyens dans de nombreux quartiers de la ville.
L’exemple de la multiplication des « Ferracha » à Rass Msallah (phénomène existant dans de nombreux autres quartiers) est trop grave pour la sécurité des voisinages.
Le problème n’est pas dans la vente ambulante comme activité. Au contraire, ces centaines de jeunes ont besoin d’être soutenus et organisés. Le grave problème réside dans le fait que de plus en plus de rez-de-chaussée des maisons se trouvant dans des ruelles très étroites, avoisinant les espaces occupés par ces commerçants, sont devenus des dépôts de vêtements, jouets, livres et cahiers, cartons et plastiques de différentes tailles. Des tonnes de marchandises sont stockées dans des dizaines de dépôts en rez-de-chaussée à travers de nombreuses ruelles à l’accès difficile, même souvent impossible en cas d’un incendie.
En cas d’un drame similaire à celui de l’atelier de Braness va-t-on accuser les sapeurs-pompiers dans ce cas là? Bien sûr que ce serait stupide et illogique. Les vrais responsables de ces tragédies sont ces responsables qui délivrent à gauche et à droite des autorisations et ferment les yeux devant des phénomènes dangereux qui menacent la vie des populations. Sans jamais réagir !
Pire encore, en parallèle aux dépôts, d’autres rez-de-chaussée de certaines maisons ont été convertis en petits restaurants fast-food sans aucune sécurité contre les incendies. Qui dit restaurants dit automatiquement des bouteilles de gaz qui sont des petites bombes pouvant exploser à n’importe quel moment. Imaginons le chaos en cas d’un incendie.
N’oublions pas, bien sûr ces cages enfermant des fois jusqu’à 20 bouteilles de gaz que les épiciers gardent à l’entrée de ces ruelles. Le scénario est tragique.
Aujourd’hui, après ce dramatique accident de l’atelier de Braness, il est temps de tout revoir de A à Z. Il existe des commissions dont c’est la responsabilité et tout le monde sait avec quelles institutions et administrations leurs membres travaillent.