Chaque année, certaines entreprises disparaissent parce que leurs dirigeants n'ont pas su
organiser leurs successions. Très peu de sociétés sont rachetées par des investisseurs. Si l'on
considère que certains chefs d'entreprise familiale doivent se retirer des affaires dans les
années à venir, les questions de transmission du patrimoine prennent toute leur acuité. Ce qui
n'a rien de surprenant, car beaucoup de dirigeants marocains arrivent logiquement et
largement à l'âge de la retraite. Le problème de la transmission d'entreprises au Maroc est
accentué par cinq éléments spécifiques :
– l'inorganisation totale du marché,
– les problèmes tant juridiques que fiscaux,
– les financements,
– le poids important de l'actionnariat familial dans les PME,
– les aspects psychologiques liés à la personnalité du dirigeant.
LÀ AUSSI, COMME EN BIEN D'AUTRES DOMAINES, LES
MAÎTRES MOTS RESTENT "PRÉVOIR ET ANTICIPER"…
Les conseillers recommandent de plus en plus d'agir trois à cinq ans avant un retrait des
affaires. Il faut trouver les montages adaptés lorsqu'il s'agit d'une transmission à des tiers
(faute d'héritiers). Dans cette hypothèse-là, plus encore peut-être, il faut anticiper
suffisamment sous peine de mettre en danger la pérennité de la société. En ce domaine, il ne
suffit pas d'appliquer la réglementation très stricte définie par la loi pour la répartition des
biens entre les héritiers et ou celle du code général des impôts. L'organisation d'une
succession est un domaine complexe où les paramètres fiscaux, juridiques… se compliquent.
Car les dirigeants de PME sont confrontés à un double problème : devoir trouver un
successeur d'abord, puis le trouver et l'accepter ! Si le chef d'entreprise doit en effet assurer la
pérennité de son entreprise, l'abandon du pouvoir n'est jamais chose aisée, plus encore
lorsqu'il faut laisser "à un autre" l'entreprise qu'on a créée, dirigée et parfois portée à bout de
bras, pendant des décennies ! Une transmission de PME, c'est le plus souvent une vie qui se
dénoue et l'histoire d'un homme qui se retire des affaires. Renoncer à ce qui fut une raison de
vivre est une rupture difficile, ce qui explique aussi certaines difficultés au moment du
passage de relais. C'est un aspect qu'il ne faut pas négliger dans les problèmes de transmission
car le dirigeant de PME ne se résume pas à une définition économique. Ce serait oublier les
logiques entrepreneuriale, politique et familiale…
COMMENT RÉUSSIR UNE TRANSMISSION
Il faut d'abord et avant tout se poser trois grandes questions, simples et banales mais
indispensables :
– quelle est la valeur de l’entreprise et qui peut m’aider à l'établir ? (L'expert-comptable est
généralement le premier recours, accompagné des cabinets spécialisés dans l’évaluation du
patrimoine immobilier, des brevets, … si nécessaire).
– Qu'adviendra-t-il de l’entreprise si je disparais ? Situation peu agréable à envisager mais qui
peut mettre, grâce à une réponse bien préparée, de sauver l'entreprise et les salariés qu'elle fait
vivre.
– Quel sera le montant des impôts ? C'est l'une des questions clés lorsqu’on souhaite laisser
son patrimoine à ses enfants, par exemple.
Mohamed LAHYANI
Expert-comptable & Commissaire aux comptes diplômé d’Etat à Paris.
Membre de l’Ordre des Experts-comptables au Maroc et en France.
Fondateur du cabinet Audit & Analyse Tanger www.audit-analyse.com
Président de la commission Etudes Fiscales & Juridiques du Conseil Régional de l’Ordre des
Experts-comptables de Tanger Tétouan Al-Hoceima.
Auteur de nombreux ouvrages en : fiscalité, audit, finance, comptabilité, évaluation des
sociétés, consolidation, contrôle de gestion…