La finalisation de la première tranche du chantier du téléphérique est prévue pour 2024 et l’ouverture des plis relatifs aux appels d’offres internationaux pour la gestion déléguée de ce projet aura lieu le 16 juin prochain.
Le projet du téléphérique de Tanger porte sur la réalisation de quatre stations au lieu des trois initialement prévues. D’une capacité d’accueil de 2000 voyageurs par heure, la ligne du téléphérique devrait être longue de 2 kilomètres. Le trajet reliera la gare Borj Naâm, à la place Faro dans l’ancienne médina, en passant par le port de Tanger puis la gare Plaisance.
D’un budget de 240 MDH, la première tranche du projet est axée sur la réalisation des deux premiers tronçons d’une longueur de 1,3 kilomètre. Sa finalisation est prévue courant 2024. La deuxième tranche du projet s’étend, quant à elle, sur les 700 mètres restants. Elle devrait prolonger le parcours du téléphérique jusqu’à la Marina.
Bien qu’un téléphérique ajoute toujours un plus-value à une ville, dans le cas de Tanger ce projet pose un grave problème que des experts et la vox populi locale ne cessent de signaler avec l’espoir que leur voix soient écoutée.
En effet, comme l’indiquent tous les communiqués des autorités responsables, le futur téléphérique de Tanger reliera d’abord 3 gares situées dans différentes zones de la ville.
La Marina, la place Faro (Sour Maagazine) et Borj Naâm dans le cœur de l’ancienne Médina.
S’il n’existe aucun problème concernant la zone de la Marina et du port de plaisance, les deux autres emplacements choisis pour y construire une gare posent un grand problème.
Pour certains experts, bâtir une gare du téléphérique à Sour Maagazine, l’un des rares Miradors sur le détroit de Gibraltar existant dans le centre-ville, va certainement défigurer toute cette place et son jardin. A priori, la place Faro (jardin inclu) est protégée comme patrimoine historique de la ville. Donc n’importe quel projet la déformant est supposé être contre les lois régissant la protection des places protégées.
A Borj Naâm le cas est encore plus grave. La place donnant accès au cœur de la Casbah de Tanger via la rue Riad Sultan est assez petite pour abriter une gare d’un téléphérique.
Réellement, entre le nouveau musée dédié à Ibn Battouta, un restaurant, différentes galeries et autres bâtiments, où comptent bien les aménageurs du téléphérique installer la gare?
Et puis la Casbah est d’ailleurs le plus important patrimoine historique de la ville qu’il faut protéger coûte que coûte, et un tel projet apportera sans doute une touche de défiguration qu’il vaut mieux éviter avant qu’il ne soit trop tard.
Finalement, le dernier point qui dérange énormément les populations locales est ce passage « obligé » sur des centaines de terrasses des maisons de la Médina.
Tout le monde voit mal ce trajet offrant une vue ouverte sur des terrasses de maisons traditionnelles où il est habituel et normal que des femmes exercent de nombreuses activités domestiques. « Dans les vieux quartiers de la ville comme celui de l’ancienne Médina et sa Casbah femmes et jeunes filles font une partie de leurs ménages sur les terrasses de leurs maisons. Il sera très mal apprécié que chaque dix minutes un groupe de touristes les observent et les prennent en photo. C’est même ridicule et grave », explique un habitant de la Casbah qui n’a pas tord d’exprimer sa colère. Bien évidemment, en hauteur, les câbles d’un téléphérique ne sont pas très loin de la terre. Le trajet passant de Sour Maagazine à Borj Naâm et celui allant vers la Marina traverseront tous les deux une bonne partie des rues de l’ancienne Médina.
Sauf si dans les plans, il s’agit d’un trajet inverse allant de Borj Naam à la Marina par la falaise de Bouqnadel et puis remontant vers la place Faro du côté de la rue du Portugal et du Teatro Cervantes.
Et ce dernier est à la fois plus long, plus difficile et moins attractif.
Au fond, le bon sens dit que le projet du téléphérique doit être réalisé à Rmilat par exemple, du côté du parc Perdicaris et le Cap Spartel. Entre forêts et mer les vues sont magnifiques et les clients et touristes pourront prendre d’excellents selfies sans déranger personne.
A. Reddam