Il y a un an, j’avais alerté sur l’ampleur de la crise qui va briser le tissu économique local, les petits commerçants en général et ceux liés directement ou indirectement au secteur touristique en sont aujourd’hui les plus touchés. L’année dernière, j’avais appelé à l’importance de la solidarité entre les citoyens et qu’il est devenu primordial qu’ils réagissent dans le cadre de réseaux pour soutenir ces commerces. Les bazars de l’ancienne Médina, les petits cafés et restaurants, les guides touristiques, les vendeurs des fleurs, du Jben et des petites légumes bio, les librairies… Bref, toutes les activités qui souffrent actuellement d’une agonie et sont tout près de la faillite. La fermeture des frontières et la crise qui a balayé tous les foyers, est finalement venue à bout de ces activités. Certains commerçants ont vendu leurs maisons pour continuer à survivre, d’autres auraient décidé de mettre fin à leurs activités, voire à leur vie (le cas récent du suicide d’un homme d’affaires travaillant dans le secteur touristique à Tanger la semaine dernière a été terrible). Sur les réseaux sociaux, les vidéos des commerçants qui se plaignent des conséquences néfastes de cette crise sont de plus en plus nombreuses, extrêmement graves et annoncent la fin d’un cycle et le début d’un autre, certainement plus désastreux et plus catastrophique dans l’absence d’une réaction intelligente et surtout rapide de la part des autorités du pays. En parallèle, les « aides » octroyées par le gouvernement au secteur entrepreneurial et commercial n’ont pas aidé à surmonter les effets de la crise. Même si l’État annonce avoir tout fait pour en minimiser les effets, les bénéficiaires assurent que les crédits « facilités » se sont convertis en un grave problème de recouvrement et de dettes impayées. Et puis il y a aussi cette réalité dure dans le fait que pas tout le monde a pu bénéficier des aides de la sécurité sociale. Que reste-t-il à faire alors pour sauver les citoyens ? Repenser la question de la fermeture des frontières et programmer de nouvelles subventions, tout en invitant les banques à ne pas obliger les entreprises à rembourser leurs crédits, jusqu’à la fin de la crise. En attendant, à Tanger, c’est à chacun de nous, de manière individuelle ou en groupes, de soutenir les petits commerces de l’ancienne Médina et ailleurs. C’est l’heure de la solidarité totale pour pouvoir survivre à cette crise.
A. REDDAM