La récente inauguration de la quatrième base de Ryanair au Maroc, précisément à Tanger, représente une nouvelle importante pour le tourisme intérieur et extérieur du pays. Avec un investissement de 200 millions de dollars et l’inclusion de 25 routes, dont 13 nouvelles reliant Tanger à plusieurs villes européennes et destinations marocaines, la compagnie aérienne low-cost promet un élan économique et touristique significatif pour la région.

L’impact positif initial est évident. Ryanair estime que sa nouvelle base générera plus de 600 nouveaux emplois locaux, y compris 60 postes hautement rémunérés pour les pilotes et le personnel de cabine. De plus, la capacité de Tanger augmentera de 70 % pendant l’été, soulignant l’importance stratégique de cette base dans la programmation record de la compagnie dans les 12 aéroports marocains, atteignant plus de 5 millions de passagers annuels.

Cependant, l’histoire récente de Ryanair dans d’autres destinations européennes suscite un scepticisme inévitable. La compagnie irlandaise a démontré un comportement qui, bien que séduisant initialement, peut devenir problématique à moyen et long terme. Des exemples clairs sont les cas de Reus en Catalogne et de Vienne, où Ryanair a établi des opérations, créé des emplois, et ensuite, face à l’incapacité de satisfaire ses exigences économiques ou syndicales, a fermé ses bases de manière abrupte, laissant un impact négatif sur les économies locales.

À Reus, la compagnie s’est retirée après ne pas avoir atteint un accord avec la Generalitat de Catalogne, générant 88 licenciements directs et laissant un vide considérable dans le trafic aérien local. Ce schéma s’est répété à Vienne, où la filiale Laudamotion a fermé sa base en raison de désaccords avec les syndicats sur la réduction des salaires, entraînant la perte de plus de 300 emplois.

Ces expériences passées mettent en garde contre les risques inhérents à une dépendance significative envers Ryanair pour le développement touristique et économique. La stratégie de la compagnie peut être interprétée comme une forme de chantage économique : elle entre dans des marchés avec des conditions favorables, exige des changements et, si ses demandes ne sont pas satisfaites, se retire en laissant derrière elle des emplois perdus et des économies locales endommagées.

Pour le Maroc, l’arrivée de Ryanair à Tanger offre une opportunité de croissance et de développement touristique sans précédent. Cependant, les autorités et les communautés locales doivent se préparer à la possibilité que Ryanair change de cap à l’avenir. Il est crucial d’établir des accords contractuels clairs et de diversifier les stratégies de développement touristique pour éviter une dépendance excessive à une seule compagnie aérienne.

En conclusion, alors que Ryanair commence ses opérations avec de grandes promesses à Tanger, le Maroc doit tirer des leçons des expériences d’autres destinations européennes et adopter une position prudente. L’investissement et la croissance projetés sont encourageants, mais l’histoire a montré que la compagnie n’entre pas gratuitement et que sa sortie peut ne pas être bon marché. Une vigilance étroite et une planification stratégique seront essentielles pour maximiser les avantages et atténuer les risques associés à cette nouvelle base aérienne.

Abderrahim Ouadrassi