A l’instar de tous les opérateurs économiques marocains, la vice-présidente de la CGEM-Nord se préoccupe des dangers du réchauffement climatique. Voici ce qu’elle en pense.
Vous êtes PDG d’une importante unité industrielle à Tanger et en même temps la vice-présidente générale de la CGEM Nord. Quelle est votre opinion concernant la problématique de la gestion de l’eau durant cette période qui devient alarmante ?
Le manque d’eau fait peser une lourde menace sur l’économie. Le stress hydrique augmente les coûts de production mais les investisseurs sous-estiment ces risques!
Le réchauffement climatique, dont les manifestations sont multiples, représente aujourd’hui non seulement l’une des menaces les plus importantes pour l’environnement et la biodiversité, mais entraîne également de lourdes conséquences sur le plan social et économique. On sait en effet avec de plus en plus de certitudes qu’il a été causé principalement, du moins pour les 50 dernières années, par les activités humaines, notamment les activités industrielles entraînant des émissions de gaz à effet de serre et de CO2 dans l’atmosphère.
L’agriculture est le secteur le plus touché par le réchauffement climatique, en particulier dans les pays où elle occupe une place importante dans l’économie nationale. Comme notre pays qui même s’il s’efforce de diversifier son économie, son PIB reste lié à ce secteur tributaire des caprices du climat et la croissance varie chaque année selon les pluies.
Est ce que le problème de la sécheresse est un sujet qui commence à s’imposer dans vos réunions au sein de la CGEM-Nord et à votre avis quelles sont les solutions qu’il faudrait adopter pour éviter au secteur industriel des problèmes liés au manque de l’eau ?
L’atténuation du changement climatique, la réduction des émissions de gaz à effet de serre est au cœur des axes stratégiques de la CGEM-TTA.
Confronté à ce fléau qui, par la destruction des moyens de subsistance de larges couches de la population, réduit à néant tout effort de développement économique du pays, la CGEM TTA est de plus en plus consciente de la nécessité de prendre des mesures conséquentes pour adapter la gestion d’eau au changement climatique.
Des activités de sensibilisation, de communication et de formation sont donc organisées pour toutes les activités économiques (industrielles, touristiques, agricole), afin de faire de la transition vers une économie verte et de la décarbonation des leviers de performance à moyen terme.
Je pense que les solutions à mettre en place devraient se coordonner à un niveau mondial pour partager les meilleures pratiques, notamment, les techniques innovantes pour atténuer les dommages causés par les inondations et les sécheresses, mais aussi pour ajouter de la valeur à l’environnement et à la qualité de vie de la population. Je cite, par exemple, la construction de toits verts, couverts de végétation, et la création de parcs plus verts, des techniques qui peuvent être utilisées pour capter l’eau des inondations et assurer un refroidissement ainsi qu’une isolation thermique. L’agroforestière de gestion de l’utilisation du territoire, qui a recours aux arbres et aux buissons ainsi qu’à la diversification des cultures pour améliorer la productivité de la terre et sa capacité à résister aux conditions de sécheresse. L’irrigation goutte à goutte pour réduire la consommation de l’eau et la mise en pâture de races animales locales sur des terres forestières pastorales sont également exploitées.
Et bien sûr les industriels doivent s’adapter aux restrictions d’eau et aux températures élevées. L’agriculture n’est pas épargnée non plus. A. REDDAM