Tanger devient la Mecque pour des milliers de mendiants durant le Ramadan. Exactement comme durant la période estivale.
De nombreux mendiants envahissent les rues, effrayant quelques passants ou clients des cafés situés au centre-ville. Ils occupent également les trottoirs de la ville, surtout dans ses quartiers animés. Leur cible ? Ce sont ces citoyens, qui se voient contraints de leur donner quelques dirhams pour éviter d’être suivis et harcelés, surtout le soir ou la nuit. Les personnes âgées et les mineurs qui sont loués par des femmes s’adonnent à cette pratique tant décriée. Une autre catégorie verra le jour. Il s’agit de jeunes, qui demandent à leur tour « l’aumône », pour survivre à la pauvreté et à la faim, provoquées par le chômage qui « ronge » la société.
D’après l’étude sur la thématique : « Pour une société cohésive, exempte de mendicité » présentée mercredi par Ahmed Réda Chami, président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), le Maroc compte 200 000 mendiants. En 2003, 42,9 % des enfants mendiants interrogés dans le cadre d’une étude sur « les enfants et la mendicité » ont déclaré chercher à soutenir matériellement leurs familles démunies. 27,3 % de ces enfants ont affirmé avoir recours à la mendicité pour subvenir à leur nourriture, tandis que 11,3 % disent s’investir dans la mendicité à cause de problèmes familiaux.
En plus de ce grave phénomène social, l’autre problème qui envahit les rues de Tanger durant cette période est le commerce ambulant. Des centaines de jeunes venus des quatre coins du pays font des trottoirs du centre-ville et des grands quartiers un énorme mall couvrant le sol sur une grande superficie. Dans le centre-ville, la rue du Mexique notamment, les gens n’arrivent plus à garer leurs voitures parceque les vendeurs ont également pris d’assaut les chaussées. A la rue du Mexique, les trottoirs sont pris et les commerçants conquièrent les chaussées. Et comme l’autorité est absente et ne réagit plus, à force la rue deviendrait piétonne.
Imaginez des quartiers où se mêlent mendiants, commerçants anarchiques et bien sûr voleurs et petits délinquants.
A Casabarata, les commerçants qui avaient obtenu des magasins dans le nouveau marché de proximité sont tous revenus reconquérir les trottoirs et la chaussée juste devant le marché. Si l’autorité n’intervient pas, ce sont alors des millions de dirhams partis en fumée, mais il s’agirait surtout d’une bonne expérience qui serait ratée juste parceque les autorités responsables n’interviennent pas pour faire respecter l’ordre.
L’incroyable est cette présence des véhicules des forces auxiliaires tout près de ces marchés ambulants, anarchiques et illégaux. Ces éléments qui travaillent sous les ordres des Caids, sont là pour tuer le temps, faire partie du décor et donner l’impression qu’ils travaillent. Bizarrement, ils ne font jamais leur travail dont la première mission est de dégager les chaussées et les trottoirs de tout ce qui peut être nuisible et pose un problème de bien-être et de sécurité aux citoyens.
Ces forces auxiliaires ainsi que les Caïds savent très bien que cette présence et cet énorme désordre sont devenus un danger public. En effet aucune ambulance ne peut traverser cette foule gigantesque, ni un taxi transportant une personne handicapée ou juste une vieille personne.
Entre les milliers de mendiants, de commerçants anarchiques, la prolifération de petite délinquance et des vols, les populations locales s’inquiètent et exigent que les activités commerciales soient réorganisées et bien contrôlées. Le commerce informel existe dans tout le monde, mais il ne faut pas qu’il devienne la règle mais plutôt l’exception.
Tout le monde croit que la réorganisation du commerce anarchique diminuera les tentatives de vol et des agressions dans certains quartiers, surtout quand les Caïds donneront enfin leurs ordres aux éléments des forces auxiliaires de travailler pour protéger les citoyens et non pas les commerçants ambulants comme c’est plutôt le cas aujourd’hui.
Peut-être que le Wali aurait son mot à dire concernant ce grave sujet devenu tabou.
A.R.