« Servir tout seul c’est bien, servir ensemble c’est encore mieux ! »

Source d’un dynamisme exceptionnel et d’une volonté sans limites, Bouchra Louafi Sbai raconte sa magnifique expérience au sein du Lions Club. Une leçon de la vie. Une école.

Vous êtes Docteur d’état en chirurgie dentaire, para-implantologie et chirurgie buccale et également spécialiste en Prana, Reiki, hypnose et programmation cérébrale et en prise en charge holistique. Et l’action sociale est votre autre vie en parallèle. Comment est né cet amour et cette passion?

Je vous félicite pour l’attention particulière de projeter la lumière sur les femmes de la région du nord du Maroc. Une action que je trouve personnellement inédite et qui va dans le sens du grand chantier réformateur initié par Sa Majesté le Roi Mohamed VI que Dieu l’assiste. Et ce à travers l’édition d’un magazine spécial femmes, publié régulièrement avec un contenu très riche.
Quand on commence à parler de soi, on parle d’abord de sa famille, d’où on vient. Moi je viens d’une fratrie de 8 enfants. Donc c’est ma première communauté où j’ai appris à servir, à apprendre et à évoluer. Mon père était au Croissant Rouge Marocain et participait aux actions humanitaires. IL nous encourageait à avoir notre carte de secouriste dès l’âge de 14 ans. Après une expérience dans l’associatif à Rabat, j’ai été cooptée en arrivant à Tanger par le Lions Club Tanger Montagne. Ma petite famille m’a toujours encouragée, depuis le début de cette aventure, à vivre cette passion qui est le travail associatif au sein du Lions Club. Parrainée par Si Mourad Charif d’Ouazzane, guidée et formée par les membres du Club, dont feu Anouar Bennani, Hamza kroft, le Dr Yemlahi Ouazzani, Saifeddine, le Dr Sihmed Bennouna et le Dr Abdelmalek Bennani, jai assuré la présidence du Club pendant deux ans et celle de la Zone du Nord pendant un an.
Le Lions Club Tanger Montagne dirige le foyer des jeunes diabétiques qui accueille des jeunes et des enfants. Ils viennent prendre leur dotation d’insuline. Le foyer est financé par des donateurs et des mécènes. Nous avons aussi l’appui et le soutien de la délégation de santé et des autorités locales. Le Lions Club Tanger Doyen dirige le centre des malvoyants. Et le Lions Club Tanger 2000 la crèche des enfants à Bni Makada. Ayant promis de travailler ensemble, les clubs de Tanger ont pu réaliser des actions interclubs.
Dans la vision de s’organiser en professions et de rajeunir les Clubs, pour mieux servir notre communauté, j’ai pu recruter une vingtaine de Chirurgiens-Dentistes pour créer le Lions Club Tanger Sourire qui est le premier Club Classique Spécialisé des Chirurgiens-Dentistes au Maroc, parrainé par le Lions Club Tanger Montagne, ayant comme Lions Guides Si Mourad Charif d’Ouazzane qui est un Past Gouverneur du District et Si Tarik Moudni notre gouverneur élu, qui accompagnent le nouveau Club pendant deux années. Ce Club est très actif, et étant la marraine, je suis très fière de les accompagner. Le Président Fondateur, le Docteur Lotfi Lazrak, avec le bureau et les membres du club, sont très engagés. Ils ont pu mettre une stratégie de travail qui est celle de parrainer le village de Hjer Nhal, pour une durée de six mois. Des actions ponctuelles, qui font notre bonheur et celui des enfants de la région et de leurs familles, ont été réalisées. Des activités sont toujours inclues dans les visites, ce qui crée un lien très fort avec les habitants.

Vous êtes membre de plusieurs associations et surtout du Lions Club Tanger Montagne dont vous êtes actuellement Past-Présidente. Le Lions Club fonctionne à partir de valeurs humaines et sociales et ses actions sont à la fois énormes et nombreuses. Mais quelle est cette plus-value que ce club vous a ajouté dans votre propre vie et parcours?

Quand on rejoint le Lionisme, on adhère à une communauté de philanthropes qui servent ensemble. Le Lionisme fête cette année son 105ème anniversaire, d’où sa crédibilité à travers le monde. Cette crédibilité est due à l’exemple qu’il donne à travers les services rendus aux communautés et à travers la façon dont il est organisé: c’est une institution qui nous aide à apprendre et à enseigner, et où on acquiert la capacité de former, d’où la notion de parrainage. On y développe des compétences: comment servir, comment s’organiser en Clubs bien structurés, comment consulter pour prendre une décision ensemble. On y apprend à respecter ses guides et parrains et aussi comment prendre soin de ses filleuls et leur enseigner les valeurs universelles du Lionisme. Être Lion, c’est diriger par l’exemple, créer du lien et améliorer le monde avec générosité en servant sa communauté. Plusieurs chantiers sont assurés par nos Clubs: la Lutte contre la cécité, le diabète, la faim, le cancer infantile et la protection de l’Environnement. Cette année, nous avons procédé à l’équipement de huit Hôpitaux dans la Région de l’Oriental, pour le traitement de la rétinopathie diabétique, dont le budget global est de six millions de dirhams. Nous avons un objectif pour atteindre 5000 poches pour le don de sang, et nous sommes maintenant à 2000 poches, malgré les conditions de la pandémie. Pour l’équipement des classes préscolaires, nous avons un objectif de 54 classes. Nous sommes déjà à 36 classes. Et pour l’Environnement, nous avions l’objectif de planter 5000 arbres. Nous avons dépassé l’objectif et nous comptons le doubler. A chaque fois, le défi est plus significatif. On s’occupe aussi de la Sensibilisation Bucco-Dentaire, l’organisation de caravanes médicales, la direction de centres de solidarité, la création de clubs universitaires ainsi que des clubs de jeunes lycéens. On organise des concours comme le concours de l’éloquence. On y apprend le leadership. On assure à chaque fois que c’est possible des formations. Ainsi, de nouveaux formateurs émergent de cette communauté. Des actions ponctuelles sont aussi assurées pendant les fêtes traditionnelles, Ramadan, Achoura, Aids , Rentrées scolaires, etc.

Vous organisez très souvent des opérations de soutien et d’aide aux communautés les plus vulnérables que ce soit dans le périmètre urbain ou dans le monde rural. Quelles sont aujourd’hui les difficultés auxquelles vous faites face pour la réalisation de vos actions, spécialement depuis le début de la pandémie jusqu’à aujourd’hui?

Vous savez, à chaque fois qu’on peut aider, on le fait, cela veut dire que quand on a les moyens financiers et humains, tout est possible. Lhamdoullah, les Marocains ont montré leur capacité à s’entraider pendant cette crise sanitaire, surtout pendant le confinement où il était impossible de sortir de chez soi. Mais il y a eu sûrement des endroits où il était difficile d’y arriver. Quand les associations arrivent à avoir un financement et un capital humain formé pour servir et concrétiser tel ou tel projet, le travail réalisé est énorme. Et donc, personnellement, je pense que ce travail d’apprentissage commence dans la famille puis dans le quartier, d’où la responsabilité des maisons des jeunes. Et nous avons travaillé avec la maison des jeunes du quartier Mesnana, à Tanger, à l’époque de Madame Wafae Benhlima pendant quelques années, et avons découvert la possibilité de faire des merveilles. Les jeunes adorent apprendre et transmettre leur savoir et savoir-faire. Il y en a qui ont pu trouver un travail et assurer ainsi leur avenir. Je me rappelle de l’organisation du salon de Ramadan que les jeunes du quartier avaient assuré avec excellence. Il ont pu inviter des responsables des autorités, comme ils ont pu inviter des écrivains et des artistes. Nos jeunes sont capables d’apprendre et d’enseigner. Les maisons des jeunes sont créées dans ce sens.

En plus des projets visant à améliorer la vie des personnes pauvres et nécessiteuses (distribution de vêtements, matériels et fournitures scolaires, etc.), qu’est ce qui empêche les Lions Clubs à investir dans des projets de création de petits emplois durables dans le temps? Est-ce uniquement à cause de l’absence de bailleurs de fonds acceptant de financer ce type de projets ou le problème dépasse ce stade?

Nous faisons ce que nous pouvons. Plusieurs œuvres maîtresses au Maroc sont des projets qui permettent l’insertion au monde de l’emploi. Des projets dans ce sens sont menés par nos Clubs. Un atelier de couture par exemple a été créé pour former des couturières qui ont pu trouver un travail dans ce domaine et subvenir aux besoins de leur famille. Des centres de solidarité forment des cuisiniers et des pâtissiers qui arrivent à trouver un travail, comme c’est le cas du centre Mansour Dahbi à Marrakech, ou encore le centre Malaika pour les enfants et jeunes trisomiques à Marrakech aussi et qui forme des cuisiniers et des pâtissiers et aide à leur recrutement. Chaque Club essaie d’avoir une œuvre maîtresse ou un chantier qui assure le service dans les domaines assurés par le Lions Club et qui s’inscrivent dans le programme du Gouverneur du District dont le mandat dure une année. Notre Gouverneur actuel, M Afailal Mohamed, a un programme très riche qui s’inscrit dans la continuité des programmes précédents. Prenant au sérieux la formation des membres Lions, nous allons avoir pour la première fois un institut de formation pour les Lions Guides. Notre objectif est d’augmenter l’effectif en quantité et en qualité. Tous les Clubs essaient d’honorer leur engagement. C’est un travail d’équipe à l’échelle nationale. Donc pour assurer la pérennité de ces projets dans le temps, et créer d’autres projets dans ce sens, il faut d’abord et avant tout enseigner à nos enfants comment servir: le Lions Club crée des Léo Clubs Alpha et des Léo Clubs Oméga dans les collèges et lycées, ainsi que des Clubs Universitaires, pour que la génération à venir sache comment travailler, comment monter des dossiers, comment trouver des fonds, etc.

Quel est le message que vous aimeriez passer à tous vos amis et partenaires du Lions Club et d’ailleurs en ce début de l’année 2022?

C’est avec émotion que je les remercie de m’avoir accueillie dans cette belle communauté, d’abord Tangéroise, puis nationale et mondiale puisque les Lions c’est 1,4 millions de femmes et d’hommes qui servent dans plus de 200 pays dans le monde. Je suis fière d’appartenir à cette communauté et fière de servir à côté de nos parrains, de nos guides, de nos filleuls et de tous les membres Lions des clubs du Royaume. C’est une chance et une opportunité d’appliquer les enseignements sur le terrain. «Servir tout seul c’est bien, servir ensemble c’est encore mieux !» Et que l’Aventure Continue !