Si les autorités gouvernementales comptent présenter Tanger comme une belle vitrine du Royaume pour accueillir la coupe du monde de 2030, avec l’offre touristique de Tétouan-Mdiq-Chaouen (et sûrement Assilah aussi), mais en négligeant la zone de Larache et Ksar Kebir, deux cités des plus historiques de la région du nord du Maroc, alors toute la stratégie de développement, actuellement en cours d’étude, serait marquée par un échec difficile à rattraper plus tard.
L’organisation du Mondial marocain de 2030 représente cette possibilité de repositionner ces deux villes, aujourd’hui abandonnées, dans l’endroit où elles ont toujours méritées d’être.
Il n’est plus un secret que cet événement sportif, suivi par des milliards de téléspectateurs dans le monde entier, dont des milliers qui feront le déplacement dans les villes marocaines qui vont l’accueillir, est une occasion en or pour présenter le Maroc, culturel, touristique, terre des investissements, etc., dans sa meilleure forme.
Certes il existe des centaines de projets qui sont déjà annoncés et certains sont en cours de réalisation. Le TGV qui va relier le nord et le sud, les trains rapides reliant les régions, les autoroutes, la multiplication des liaisons aériennes nationales et internationales, le renouvellement des moyens des transports publics (taxis, bus, tramway, navettes…) la construction de nouveaux hôtels, le réaménagement des villes et du patrimoine historique, plus de musées, plus de galeries d’art, plus de restaurants, plus de jardins et espaces verts…
Sauf que dans tout ce programme, dans la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, deux villes si importantes dans son histoire et son développement économique, ne sont jamais citées.
Si Ksar Kebir c’est l’histoire de la gloire du Maroc, avec la bataille des trois rois, qui mérite qu’on en fasse une ville musée, Larache c’est toute l’histoire et l’avenir de cette région.
Larache est aussi la ferme du Nord qui lui fournit ses besoins en produits agricoles, notamment aux sociétés exportatrices vers l’Europe et le monde entier.
Larache est surtout ce réservoir qui assure de l’eau potable à des centaines de milliers de citoyens et sans lequel aucun développement n’allait être possible à 100% dans cette région.
Cette ville oubliée est aussi une belle histoire du Nord du Maroc qui risque d’être effacée pour toujours si les autorités ne réagissent pas très rapidement.
Son patrimoine qui est totalement abandonné atteste de cette belle histoire. Ses bâtiments historiques, ses ruelles, ses places rappelant le style architectural espagnol ont besoin d’être reconsidérés et restaurés à l’occasion de ce mondial.
Mouna Hachim, dit dans son article paru dans le site le360:
“L’information a fait, cette semaine (début février 2024), les titres de plusieurs médias nationaux et internationaux: il s’agit de la découverte sur une plage de Larache, par une équipe d’archéologues, d’empreintes humaines orientées vers l’océan, appartenant à un groupe multigénérationnel d’Homo sapiens ayant vécu il y a quelques 100.000 ans.
Considérées comme les plus anciennes empreintes humaines jamais enregistrées en Afrique du Nord et dans le sud de la Méditerranée, elles donnent envie de partir sur les traces d’une histoire lointaine mêlée à de fabuleuses légendes.
N’est-ce pas dans ces rivages bordant l’Atlantique, arrosés par le Loukkos (le Lixus flumen des Anciens), que les récits placent le jardin des Hespérides, nymphes du Couchant, gardiennes d’un domaine réunissant toutes les richesses de la nature, que Pline l’Ancien situe dans l’estuaire du fleuve!…” Résumé de l’histoire de Larache.
Aujourd’hui, les habitants de Larache se posent une seule question: pourquoi on ne s’intéresse pas à nous comme on fait pour Tanger et Tétouan?
Une question qui mérite que le Wali de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima se dit “mais on fait quoi pour Larache?”
Abdeslam REDDAM