A part le Grand Café de France et quelques autres cafés et restaurants, tout est fermé à Tanger durant les jours du Ramadan. Normal, dira-t-on, c’est le mois du jeûne et toutes les consommations sont reportées jusqu’après le coucher du soleil.
N’entrons pas dans ces débats évoquant ces Marocains musulmans qui ne jeûnent pas et qui sont privés d’espaces publics et privés pour manger et boire, librement, durant le mois sacré. Non, ce n’est pas notre sujet, même s’il faut faire beaucoup de bruit concernant cette interdiction que dieu n’a jamais validé dans les textes sacrés du Coran.
Ne pas jeûner dans une société comme la nôtre est un péché grave. Les gens ne vous feront jamais une remarque quand vous ne faites pas les 5 prières, ou quand vous ne donnez pas l’aumône, mais gare à vous s’ils découvrent que vous ne faites pas le Ramadan. Le paradoxe est flagrant.
C’est pour cette raison que la majorité écrasante des cafés et des restaurants est fermée pendant le jour du mois sacré. Sauf quelques rares établissements.
Dans une ville comme Tanger, qui se veut ouverte aux citoyens du monde entier, capitale touristique et zone d’investissements étrangers, la situation doit être pourtant plus raisonnable. En effet, accueillant des centaines de familles étrangères, européennes, notamment, qui y vivent toute l’année et destination touristique d’autres centaines d’étrangers, Tanger doit avoir une offre en établissements ouverts durant les journées du Ramadan, beaucoup plus importante que l’actuelle.
De sources proches des autorités locales, il existe un plan de reconversion de certains commerces au sein de l’ancienne Médina, spécialement, en petits resto-bars pour servir les touristes étrangers. L’idée est de faciliter l’octroi des brevets de vente de l’alcool dans certains établissements permettant aux touristes d’en consommer sur place. Mais ce projet se heurte aux freins sociaux de la société locale qui va automatiquement refuser, au nom de la religion et des traditions, ce genre d’initiatives. Peut-être que ce n’est pas encore le moment pour atteindre ce niveau de services offerts aux touristes qui visitent la ville. Tanger n’est pas non plus Tokyo où le visiteur musulman trouve dans sa chambre d’hôtel un petit tapis pour faire sa prière et une boussole pour se diriger correctement vers la Mecque. Les Japonais ont pensé à ce détail même s’ils sont majoritairement des athées.
A Tanger, durant les journées du Ramadan, la culture est aussi interdite. Aucune activité n’est programmée le jour et certains espaces culturels préfèrent même fermer. C’est le cas cette année de la médiathèque du Rif qui a annulé sa programmation durant ce mois sacré pour des raisons encore indéterminées.
Heureusement que les mosquées restent ouvertes toute la journée durant le mois sacré et ne ferment pas à la fin de chaque prière. Au Ramadan, au moins cette liberté existe.