Taoub, en 2004, est jouée plus de 500 fois à travers le monde
Sanae El Kamouni est a l’origine de la création de ce groupe
Pionnier du cirque contemporain au Maroc, le cirque acrobatique de Tanger sillonne le monde entier, de Broadway à Avignon, depuis plus de vingt ans pour faire rayonner une acrobatie issue d’une histoire ancestrale tout en la modernisant.
Entre portés, sauts et pyramides humaines, les 13 acrobates s’entraînent et répètent leurs chorégraphies. Ka-IN, le cinquième spectacle du collectif est créé au Cirque Théâtre d’Elbeuf, en Normandie, dans le cadre du festival Spring.
Depuis le 15eme siècle, ces gestes, issus des traditions berbères marocaines, se transmettent sur la plage de Tanger, où Hamza Naceri en a appris les agréments. « Je suis tombé amoureux de ces traditions et je n’ai plus jamais arrêté ». En plein air, des dizaines de compagnies d’acrobates se rassemblent et s’entraînent. « On imite les gestes des autres, c’est comme ça qu’on apprend » explique le jeune homme. « On s’entrainait parfois jusqu’à 8 heures par jour, peu importe la météo. Parfois il pouvait faire jusqu’à 37° ». A 20 ans il signe son premier contrat et intègre le Groupe acrobatique de Tanger en 2016.
La compagnie s’ouvre aussi aux danses urbaines, la spécialité de Zhor El Amine Demnati, qui mixe le hip-hop au Gnaoua, un rituel traditionnel composé de danse et de musique. « C’est une musique qui m’est chère, mon père organisait parfois des soirées de Gnaoua. L’idée c’est de pouvoir moderniser ces traditions marocaines ».
« J’ai appris ces acrobaties sur la plage de Tanger »
Pour faire évoluer ces traditions vers le cirque contemporain, le groupe s’est bâti entre la France et le Maroc. « C’est une tradition qui se transmet encore aujourd’hui en plein air, observe Sanae El Kamouni, la directrice du groupe, car nous n’avons pas les structures et les lieux au Maroc pour accueillir ces acrobates traditionnels marocains ». Elle tente alors d’apporter les outils de la création contemporaine à ces artistes et fonde la compagnie. Leur première création, Taoub en 2004 est jouée plus de 500 fois à travers le monde, de Broadway à Avignon. Ainsi, depuis vingt ans, le collectif fait appel à un artiste français différent pour les accompagner dans chacune de leur création. Cette année c’est la chorégraphe et metteuse en scène Raphaëlle Boitel qui apporte son univers sensible aux acrobates, et s’inspire de leur vécu. « L’objectif n’est pas de faire une carte postale du Maroc tel qu’on peut le connaître comme touriste européen, souligne la directrice de la compagnie l’Oublié, car la réalité des artistes circassiens marocains peut être difficile. » Les lumières ciselées de Tristan Baudouin et la musique originale composée par Arthur Bison apportent une nouvelle esthétique au Groupe acrobatique de Tanger pour une création intime tout en émotion.
(Source: france inter)