« Le rythme des événements artistiques à Tanger reflète parfaitement l’âme unique de cette ville… »

Assia Mejdoub a su s’imposer, depuis quelques années, comme l’une des grandes artistes peintres marocaines, grâce à l’énorme talent qu’elle a développé au file des expositions et les longues heures passées dans son atelier.
Native de Tanger où elle a vécu une partie de sa vie, l’artiste vit à Casablanca.

Vous êtes une artiste peintre et décoratrice d’intérieur d’origine Tangéroise et vous habitez Casablanca. Vous avez déménagé d’une ville calme et difficile à quitter vers une ville très effervescente sur le plan artistique et culturel? Expliquez-nous les raisons de ce changement de cap et comment une Tangéroise vit Casablanca ?

En tant qu’artiste peintre et décoratrice d’intérieur Tangéroise, j’ai toujours puisé mon inspiration dans la magie de ma ville. Tanger, avec sa lumière unique et son atmosphère poétique, reste une éternelle ville où l’art semble respirer à chaque coin de la rue. En fait, ma vie a pris un tournant quand j’ai rencontré mon époux, un Casablancais de coeur. Cette ville, immense et vibrante, m’a d’abord semblé agitée, ses contrastes frappants, son rythme effréné et son effervescence m’ont éloignées de la sérénité méditerranéenne, à laquelle j’étais habituée. Mais peu a peu, j’ai appris à apprivoiser cette métropole, j’ai découvert un autre visage de Casablanca, un niveau intellectuel riche et stimulant, des cercles artistiques dynamiques et des rencontres imminentes. J’ai su trouver mon équilibre, une manière de s’intégrer tout en restant fidèle à mes racines tangéroises.
Entre ces deux villes, différentes et pourtant complémentaires, j’ai trouvé la sérénité méditerranéenne, ajoutée au tumulte créatif de Casablanca.

Vos expositions et vos travaux sont très appréciés. Vous avez un bon public qui aime ce que vous faites. Comment avez-vous nourri cette passion de peintre jusqu’à devenir une grande artiste actuellement ? Racontez-nous vos débuts dans ce secteur.

Après une licence en littérature française obtenue en 1996, j’ai d’abord travaillé dans des écoles privées et des centres français à Casablanca. Bien que cette expérience ait enrichi mes compétences pédagogiques, je sentais que ma véritable passion restait encore à découvrir, l’art. J’ai décidé de me reconvertir en suivant une formation riche en design et décoration d’interieur et cette étape m’a permis de travailler dans l’aménagement des espaces de vie, une expérience qui a nourri mon amour pour l’art sous toutes ses formes. Encore une fois, ma quête de réalisation personnelle, m’a amené à approfondir ma passion pour le dessin et l’art de la peinture… et ensuite créer des œuvres artistiques originales qui reflètent ma vision du monde et mes émotions. J’ai commencé alors à exposer dans des galeries d’art et des centres culturels à Casablanca. Au fil du temps, mon travail a attiré l’attention d’un public enthousiaste et fidèle.

Comment jugez-vous le rythme des événements artistiques organisés à Tanger ? Faudra-t-il doubler les efforts pour atteindre la cadence casablancaise, ou croyez-vous que ce qui se fait actuellement à Tanger est suffisant et de bonne qualité ?

Tanger a une identité artistique qui lui est propre. Inspiré par le comportement apaisant et chaleureux de ses habitants, le rythme des événements artistiques à Tanger reflète parfaitement l’âme unique de cette ville.
Elle ne cherche pas à rivaliser avec Casablanca et ce qui se fait actuellement à Tanger est à mon sens suffisant, car cela respecte l’essence même de cette ville, un lieu où l’art s’épanouit dans la tranquillité, loin de la frénésie et la concurrence. A mon avis, il faut célébrer cette particularité. Les événements artistiques de Tanger doivent simplement embrasser l’authenticité unique qui fait d’elle une ville aussi inspirante pour les artistes et le public.

Votre dernière exposition à Tanger remonte à quand exactement et prévoyez-vous une nouvelle rencontre avec le public local prochainement ?

Exposer à Tanger a toujours été un de mes rêves. J’aimerais y faire découvrir mon univers artistique et toucher un nouveau public. En fait, j’ai déjà reçu des propositions, mais je n’ai pas eu l’occasion de concrétiser ces projets. Cela dit, dans quelques mois, ma nouvelle collection d’œuvres artistiques sera prête et j’envisage aussi d’animer des ateliers créatifs sur place. Ces ateliers, comme l’art thérapie et d’autres activités, conçues pour des groupes de jeunes ou de femmes en plus d’autres projets en cours de préparation, et ça sera pour moi une première à Tanger.

Propos recueillis par Abdeslam Reddam