Calle Vélasquez, Holanda, Méjico, Venezuela…Avenida de España, place de France, rue de Belgique, rue Lafayette, rue du Portugal, rue d’Amérique…
Ces noms des rues, boulevards et avenues de Tanger n’ont pas été choisis par hasard. Ils avaient bien un but et il était géopolitique.
A priori, il n’est pas évident de changer un nom à une rue existante. D’abord par un principe moral (pourquoi un personnage plutôt qu’un autre). Mais malheureusement cela a eu lieu à Tanger, quelques années après l’indépendance, quand plusieurs avenues et rues ont vu leurs anciennes nominations remplacées par de nouvelles. Vélasquez par Khalid Ibn Al Walid, est l’exemple le plus connu dans le centre-ville Tangérois, en plus bien sûr de l’avenue d’Espagne devenue avenue Mohammed VI.

Les odonymes ont bien sûr une fonction : il s’agit avant tout de faciliter le repérage dans l’espace, mais ils sont aussi utilisés pour le marquer symboliquement. Et c’est cet aspect là qui pose un problème quand les autorités  décident de changer le nom d’une rue symbole d’un personnage qui a sa référence locale, nationale ou mondiale par un autre de quelqu’un que personne ne connaît dans la ville et souvent même pas sur le plan national.
Ce problème pousse les gens à s’interroger sur les responsables chargés de cette mission au sein des communes ou de la mairie?
Normalement, et c’est comme un peu partout dans le monde, c’est une commission composée de personnes de différentes categories: des élus bien sûr mais aussi des experts de l’histoire de la ville et des membres d’associations locales. Des fois même des écrivains sont invités à proposer des noms ou à donner leurs avis sur d’autres. Une fois que les propositions sont faites et les raisons des choix sont expliquées, la commune ou la mairie tranche en choisissant les noms qui lui paraissent les plus adéquats.
A Tanger, il est clair que cette commission, si elle existe, n’a aucun poids, ni avis, ni  considération. Car même si on comprend que par une décision politique après l’indépendance, des noms de personnages étrangers ont été remplacés par des noms de personnages marocains et arabes, ce qui est difficile à comprendre durant les dernières décennies ce sont ces noms de rues rappelant des gens que personne ne connaît dans la ville. Le pire c’est qu’il n’existe même pas une phrase expliquant qui est ce personnage et quelle est sa valeur grâce à laquelle il mérite qu’une rue porte son nom.
Les exemples sont comptés par centaines et dans tous les quartiers de la ville. Paradoxalement, des noms d’écrivains, de peintres, d’historiens et de nombreux personnages, qui ont marqué Tanger et le Maroc au point d’en devenir des symboles, sont ignorés.
Pire encore, à Tanger, on remarque aussi que peu de femmes ont donné leur nom à une rue ou une place.
A. REDDAM