Genre ou compétence ?
Le débat sur le genre est-il toujours d’actualité ?
#journée nationale de la Femme marocaine #HCP
#Gouvernement #quota féminin au parlement #Ministère des compétences
Le contexte actuel lié à la formation du gouvernement Akhannouch, et à la nomination de 7 femmes ministres puis le limogeage ou la démission de l’une d’entre elles (tout dépend de la version !) ; a fait renaître un certain débat sur le genre souvent revendiqué par les mouvements féministes et les sociétés occidentales où l’émancipation de la femme est le mot d’ordre.
La journée nationale de la femme proclamée par SM le Roi Mohammed VI et célébrée le 10 octobre de chaque année, constitue une occasion de placer la question de l’égalité, de nouveau, à l’ordre du jour en mettant le point sur les progrès réalisés en la matière.
Sur le fond de cette problématique, le fait d’institutionnaliser les principes d’équité, d’égalité et d’intégration de l’approche genre n’améliore-t-il pas l’image de la femme dans sa lutte contre toutes les formes de discrimination et de violence, et ne favorise-t-il pas l’élaboration de lois sur la prise en charge des femmes et enfants victimes de la violence ?
Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) a publié, le vendredi 15 octobre 2021, une nouvelle version de son rapport annuel sur la condition féminine au Maroc intitulé «La femme Marocaine en chiffres : 20 ans de progrès ». Ces statistiques offrent bien entendu aux décideurs, aux utilisateurs et aux acteurs de la société civile les informations pertinentes pour une meilleure prise de décision dans les choix des politiques publiques. Nous avons un ministère de tutelle pour cela que nous espérons le voir bouger sur le fond et non pas sur la forme…
Toujours est-il ce débat ne devrait-il pas s’arrêter sur une simple question de représentativité que ce soit dans le cas du gouvernement où le fait de recenser 6 ou 7 femmes fait mouche ! Est-il question de compétence ou de genre ? La présence d’une femme dans une équipe gouvernementale est-elle un gage de bonne gouvernance ?
Homme ou femme là n’est pas la question !
Souvent pour épouser ces beaux discours sur la femme ou encore sur la jeunesse, nous colmatons et complétons les équipes par des profils certes féminins ou jeunes mais sans plus-value… Est-ce vraiment le dessein de ce débat sur le genre ?
Le fait d’avoir inclus la liste féminine dans les listes électorales constitue de ce fait une sorte de discrimination pour les hommes ! Les analystes la qualifient de discrimination positive en corrélation avec l’amendement de la loi organique relative à la chambre des représentants. Ce quota a donc permis de faire représenter 96 femmes au parlement sur 395 sièges durant cette législature 2021-2026, contre 6 femmes seulement si cette discrimination ou ce dispositif de quota n’avait pas eu lieu. Ce dispositif visant à renforcer la représentation féminine au sein du parlement soulève d’abord la question de l’architecture interne des partis politiques qui est composée d’hommes majoritairement. Pour garantir une place à la femme, il va falloir revoir la loi organique des partis politiques. Mais encore une fois, à quel prix ? S’agit-il d’une représentation des sexes ou des compétences ? Ces profils féminins sont-ils sélectionnés sur la base de leurs parcours ou uniquement sur la base de leur fidélité partisane ?
Les statistiques montrent malheureusement que l’affiliation se fait uniquement pour remplir un vide juridique appelant à la participation féminine. Selon les chiffres officiels de 2017, et sur la base d’une étude menée par l’observatoire marocain de la participation politique : « 69 % des femmes parlementaires ayant participé à cette étude ne connaissent pas la nature des relations entre le parlement et le gouvernement. La moitié n’arrive pas à déterminer le lien entre le parlement et les institutions constitutionnelles de gouvernance, tandis que 40% d’entre elles ne connaissent pas la nature des spécialisations financières du parlement. » et ce n’est pas tout ! « 22% ne maitrisent pas les techniques de rédaction des questions écrites et 83% d’entre elles ne savent pas comment rédiger les questions orales ». Ces chiffres alarmants nuisent à l’image de la femme, et nous poussent à nous pencher sur un autre débat qui est en rapport avec l’efficacité et la compétence des élus…
L’analyse des controverses sur le « genre » permet de montrer que même dans la langue, cela devient le terrain privilégié d’une guerre des sexes non déclarée. L’obsession de vouloir rechercher l’adéquation entre genre grammatical et sexe du référent pour nommer les femmes dans la sphère professionnelle, est aujourd’hui considéré comme inutile. L’exemple de Docteur, ou Docteure avec « e », ou même doctoresse illustre ce cas, bien évidemment et d’autres exemples pullulent, mais au fond le débat reste vide si ce n’est une question d’égo et d’appartenance !
Pour revenir à la compétence, elle ne s’accorde ni au féminin et encore moins au masculin, il faut une réelle prise de conscience qu’il va falloir mettre en valeur.
Le nouvel intitulé du ministère du travail comprend le mot compétence : “Ministère de l’inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences”. Ce qui laisse présager qu’un travail de fond serait fait pour recenser ce capital humain, pour le localiser au niveau du territoire dans un premier temps, et enfin évaluer son évolution. Une compétence dans une administration mal placée est un espoir tué à petit feu…
Il est vraiment grand temps de faire le ménage afin de remettre les pendules à l’heure dans les administrations pour hiérarchiser ces compétences. Combien de responsables sont sous diplômés par rapport à leurs subalternes ? Combien de directeurs de grandes écoles publiques ne sont pas docteurs dans leurs spécialités ? Ce sont autant de questions à lesquelles devraient s’atteler le nouveau Ministre du travail s’il veut amorcer une nouvelle ère du changement inclusif.
La bonne gouvernance passe par cela, et c’est d’abord fédérer les compétences, privilégier la Méritocratie au détriment de la culture de la médiocratie, de l’ancienneté et de la représentativité des sexes ou des tranches d’âge.